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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - « Le français, langue médiatrice entre l’arabe du Machreq et l’arabe du Maghreb » par Nader Srage

Dans le cadre du colloque international organisé, il y a quelques jours, par l’AULUF (Association des universitaires libanais diplômés des universités françaises) et intitulé «France, Afrique et Moyen-Orient : un triangle pour la francophonie», nous reproduisons dans nos colonnes quelques extraits de la conférence donnée par Nader Srage, professeur à l’Université libanaise et ayant pour thème «Le français, langue médiatrice entre l’arabe du Machreq et l’arabe du Maghreb» : «La présente étude se propose de traiter une des facettes du bilinguisme arabe-français, vu ou plutôt vécu par un linguiste libanais, bilingue, qui s’est rendu dans un pays arabe africain, le Maroc. La complexité de la situation du bilinguisme dans ce pays constitue un état de fait intéressant qui mérite d’être observé et étudié (…). Mon objectif est d’essayer de savoir comment les locuteurs ayant une entrée double aux systèmes linguistiques – à l’oral et à l’écrit – reconnaissent-ils les sens exacts d’un mot déterminé ? (…) Le bilinguisme est très bien respecté au niveau de l’écrit (…). Cela facilite beaucoup la tâche aux deux sortes de locuteurs : les francophones qui ne sont pas arabisés et les arabophones qui s’abstiennent de demander de l’aide à l’autrui. Mais un certain malentendu ou une certaine ambiguïté se présente à un arabophone qui se trouve en face de quelques mots arabes répandus au Maroc et étranges à son vocabulaire quotidien. Dans quelques situations de communication, il ne se trouve pas tout à fait familier avec certaines terminologies arabes adoptées dans cette communauté linguistique maghrébine (…). En tombant sur une signification arabe qui n’était pas certaine pour moi, qui peut s’interpréter de diverses manières, ou bien qui était plus ou moins difficile à expliquer, j’ai dû faire une comparaison entre le sens du mot arabe et sa traduction française. J’ai remarqué que le recours à la traduction française m’a permis de surmonter une certaine incertitude ou bien une compréhension hésitante et de déterminer le sens avec exactitude qui ne laisse aucune place au doute (…). Il est à noter finalement qu’un Marocain moyen – de culture bilingue – ne fait pas toujours attention à ce phénomène décelé par un autre arabophone bilingue. Le Marocain, qui a l’habitude de s’exprimer et de lire en français, lit tout simplement le mot en français et saisit le sens. Il ne fait jamais attention à cette ambiguïté entre les deux langues. La traduction arabe (construction et contenu) n’attire pas son attention. En revanche, le même Marocain habitant dans un autre pays arabe (Liban, Syrie, Égypte) et qui aura l’occasion de vivre cette problématique pourra facilement revoir ce phénomène de “mixage”, d’abus de traduction textuelle. Ses réactions sociolinguistiques ne seront pas les mêmes et sa conduite pourra avoir un aspect différent (…). La comparaison entre “arabophonie” et “francophonie”, que ce soit du point de vue de l’évolution des systèmes ou de la situation sociolinguistique des pays concernés, a des limites évidentes. Il semble qu’elle prend toute son ampleur dans des pays où deux sphères linguistiques se rencontrent et s’enchevêtrent comme au Liban, au Maroc ou aussi, il faut bien le reconnaître, en France. Cette dernière, ainsi que l’Afrique et le Moyen-Orient constituent les trois volets du triangle de la francophonie susceptible de résister, comme nous le souhaitons, à l’expansion de la francophonie et de la mondialisation».
Dans le cadre du colloque international organisé, il y a quelques jours, par l’AULUF (Association des universitaires libanais diplômés des universités françaises) et intitulé «France, Afrique et Moyen-Orient : un triangle pour la francophonie», nous reproduisons dans nos colonnes quelques extraits de la conférence donnée par Nader Srage, professeur à l’Université...