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Actualités - REPORTAGES

Une mission à assumer, coûte que coûte… -

La crise économique touche cette année presque tous les parents d’élèves, hormis quelques rares privilégiés. Se répercutant sur le bon fonctionnement des collèges, les scolarités impayées et les bourses scolaires grèvent fortement les budgets. Plutôt que de mettre un enfant à la porte, les directeurs d’établissements sont nombreux à choisir de différer travaux d’entretien ou achat d’équipements pédagogiques. Ils cherchent par tous les moyens à mieux gérer leurs établissements. Au collège Notre-Dame de Jamhour, les scolarités impayées de l’an passé s’élèvent à quelque 450 millions de livres libanaises, alors que 750 millions de LL ont été destinées aux bourses et aides scolaires, et 350 millions aux bourses et réductions consacrées au corps enseignant et aux employés. Malgré ce déficit budgétaire, les travaux d’entretien se poursuivent. «Il était grand temps de restaurer le secrétariat général, dont la réorganisation était nécessaire après 48 ans de service», explique le père Sélim Daccache, recteur du collège. Évidemment, ajoute-t-il, «nous faisons tout juste les travaux nécessaires, car nous ne pouvons consacrer plus de 20 % du budget annuel de l’établissement à l’entretien et aux travaux de restauration des bâtiments». Quant aux traitements des enseignants, ils nécessitent à eux seuls 80 % du budget. «Les temps sont durs, souligne le recteur, c’est la raison pour laquelle nous sommes soucieux de professionnaliser la gérance du collège». Une gérance basée sur un budget bien étudié, élaboré conformément à la législation dans un souci de transparence. Une gérance qui investit dans un personnel qualifié et professionnel. Parallèlement, reprend-il, «nous avons fait appel, depuis quelques années déjà, à une assistante sociale pour la prise en charge du système d’aides et de bourses scolaires en faveur des élèves défavorisés. Mais le problème des scolarités impayées n’est pas facile à régler, car certains parents ne répondent pas à nos sollicitations. Nous devons parfois nous résoudre à tourner la page, mais en aucun cas nous ne renvoyons un élève dont les parents n’ont pas payé l’écolage». Car, conclut le père Daccache, l’école catholique a de l’avenir dans la mesure où elle assume sa mission et répand autant ses valeurs humaines que son éducation. La classe moyenne en dérive Dans un autre établissement privé du Metn qui accueille 3 000 élèves et dont le directeur requiert l’anonymat, le montant des scolarités impayées a atteint l’année passée un chiffre record : un milliard de livres libanaises. «Le chiffre a carrément doublé par rapport à l’année précédente, déplore le directeur. Désormais, 25 % des familles sont touchées, principalement celles de la classe moyenne. Des hommes et des femmes débarquent chez moi en larmes, après avoir été mis au chômage, me suppliant de les embaucher gratuitement, juste pour que leurs enfants puissent continuer leurs études». Quant aux bourses et aides scolaires, elles se sont élevées à 800 millions de livres, soit 10 % de plus que l’année précédente. Tout en regrettant de ne pouvoir prendre en charge tous les élèves dont les parents sont touchés par la crise économique, il explique qu’il est obligé de refuser des propositions de troc car, dit-il, «je dois payer mes enseignants et ne peux les payer en meubles ou en matériel». Et de constater que de nombreux profiteurs tentent encore de bénéficier de réductions ou de bourses, mais que l’assistante sociale sait faire la différence entre une personne qui a réellement besoin d’aide et une autre qui prétend être dans le besoin, ajoutant que les frais d’un seul appareil cellulaire peuvent payer la scolarité annuelle d’un enfant. Malgré ces problèmes financiers qu’il tente de régler en réactivant l’esprit de solidarité des anciens élèves, le directeur de l’établissement ne lésine pas sur l’achat du matériel pédagogique, qu’il détermine en fonction des priorités. «J’ai, par ailleurs, réduit les effectifs dans les classes. Aujourd’hui, une classe regroupe un maximum de 35 élèves alors que les années précédentes, elles étaient composées de 40, voire 44 élèves». Tout en insistant sur le fait que les problèmes financiers des parents ne doivent pas se répercuter sur l’enfant, le directeur souhaiterait que l’État se penche sur les problèmes des élèves du secteur privé et qu’il leur apporte assistance et soutien, car, conclut-il, «à l’heure où l’élève du secteur public coûte à l’État deux fois plus cher que dans le privé, il est important d’accorder la priorité à l’éducation de tous les enfants, sans exception».
La crise économique touche cette année presque tous les parents d’élèves, hormis quelques rares privilégiés. Se répercutant sur le bon fonctionnement des collèges, les scolarités impayées et les bourses scolaires grèvent fortement les budgets. Plutôt que de mettre un enfant à la porte, les directeurs d’établissements sont nombreux à choisir de différer travaux...