Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

EXPOSITION - Le dialogue des cultures et des médias à L’Espace SD

L’Espace SD (immeuble S. Dagher, avenue Charles Hélou) présente jusqu’au 27 octobre les œuvres réalisées par une vingtaine d’artistes (professionnels et amateurs) à l’occasion d’un concours lancé par la galerie, en mai dernier. Les participants devaient exprimer, au moyen de différents médias, leur vision personnelle et artistique du «dialogue des cultures». Une première sélection (faite par les responsables de l’Espace SD) a conduit à cet accrochage. La seconde sélection, qui décidera des premiers prix dans chaque catégorie (peinture, sculpture, graphisme, installation, infographie et audiovisuel), aura lieu, à l’issue de cette exposition, en partie sur base des bulletins de vote mis à la disposition des visiteurs. Il faut signaler tout d’abord que le thème choisi est parfois traité à contrario. Dans le sens où certaines œuvres mettent plus l’accent sur le non-dialogue, le dialogue tabou ou encore le monologue collectif. À l’instar de la petite salle vitrée, dans laquelle Rayane Tabet a entassé divers objets, pour la plupart anciens (machine à coudre ancienne, revues aux pages jaunies, vieux poste de télévision, chaussures, dactylo, téléphone d’époque, etc.), et qui symbolise «le dialogue des gens avec leurs objets fétiches». Ces derniers remplacent, dans un monde de plus en plus universel, impersonnel, et par conséquent privé du caractère unique de chaque culture, le dialogue entre les êtres. Ou encore l’installation «picturale et missive» de Rita Awn qui évoque la prohibition du dialogue avec certaines cultures. Celle, ironique et ludique de Rami Khoueiry et Joseph Mounzer, qui se présente sous la forme d’un chevalet sur lequel les deux compères ont trouvé ingénieux de poser un miroir jouxtant une moitié de visage asiatique. Le spectateur en se regardant composera ainsi l’autre moitié de la face puzzle. Une façon parmi d’autres de faire dialoguer des civilisations différentes. Graphisme Dans un registre plus sérieux, l’installation de graphisme de Nathalie Fallaha est doublée d’un très intéressant rapport sociologique. Par des tableaux typographiques conçus sur des interviews de divers intervenants de la vie culturelle locale (Ghassan Tuéni, Sélim Abou, Elias Khoury…), l’artiste donne à «lire» au moyen de paramètres typographiques, compositionnels et de codes couleurs des informations sur le «dialogue des langues» entre Libanais. Il y a aussi une installation sonore réalisée par François Yammine (une cabine qui diffuse de la musique en continu) ; une autre de vidéo sur les différences entre culture masculine et féminine intitulée Les poussières de Christiane Chahine ; ou encore un assemblage, signé Anita Toutikian, de reproductions de toiles occidentale et orientale, collées au recto et au verso d’un fauteuil de style, habillé d’ailes d’anges et posés les pieds dans des bols de mezzé en terre cuite, sur une table-miroir. Toiles Côté peinture, les choses sont plus nettes. Du moins dans la toile Descente de cultures (mixed-médias) de Joe Kesrouani qui dénonce, en l’immortalisant, la descente de police faite en mai dernier au BO18, «le lieu de tous les mélanges, donc d’un dialogue des cultures», indique l’artiste. Qui a encadré sa toile, de part et d’autre, de panneaux énonçant un terme et son contraire. Ou encore dans le portrait d’une femme en robe légère, foulard sur la tête, attablée devant un plateau de fromages français et un narguilé. Ce tableau signé Mona Trad évoque plus que le dialogue, la fusion des cultures. Il y a aussi la place de l’étoile de Magali Katra, «qui fait se rencontrer le côté oriental de l’architecture ancienne et celui moderne, donc occidental, des aménagements». Le panneau aux couleurs et écritures françaises de Marie-Antoinette Chbeir. La toile mixée d’extraits d’écrits d’auteurs libanais de langue française, réalisée par Rima Nakhel… Moins évidents à déchiffrer, les panneaux de Jean-Marc Nahas (diptyque) et de Paul Zgheib traitent d’identité culturelle à décrypter, ou à déconstruire pour recomposer (un des panneaux est formé de 9 petites toiles disposées en puzzle) pour le premier ; et de culture intrinsèque, d’origine, ou de dialogue interne, pour le second. Le thème n’a semble-t-il pas inspiré les sculpteurs, à part Nadine Abou-Zaki, qui, a travers deux éléments géométriques en pierre blanche, met l’accent sur «la dualité dans le dialogue et le face à face qu’il suppose». Enfin, il reste à signaler l’installation réalisée autour du Jargonet de Nahla Kotob. Bien que n’ayant pas été réalisé expressément pour cette exposition (il a d’ailleurs déjà été présenté dans ces mêmes colonnes), ce «glossaire des termes hybrides libanais» mélanges de français, arabe et anglais, illustre à merveille le thème du dialogue des cultures. Une exposition intéressante à plus d’un niveau. À voir.
L’Espace SD (immeuble S. Dagher, avenue Charles Hélou) présente jusqu’au 27 octobre les œuvres réalisées par une vingtaine d’artistes (professionnels et amateurs) à l’occasion d’un concours lancé par la galerie, en mai dernier. Les participants devaient exprimer, au moyen de différents médias, leur vision personnelle et artistique du «dialogue des cultures». Une...