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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

« La francophonie aux défis de l’économie et du droit aujourd’hui » - Un marché potentiel de cinq cents millions d’habitants à prospecter

L’engagement en faveur de la francophonie a progressivement évolué du domaine purement linguistique et culturel vers les domaines économique puis géopolitique. À travers la francophonie, la France se pose aujourd’hui en défenseur des intérêts des pays du Sud en proposant de nouvelles aides au développement. À la deuxième journée du colloque organisé au campus des lettres et sciences humaines de l’Université Saint–Joseph sur le thème «La francophonie aux défis de l’économie et du droit aujourd’hui», Michel Roussin, vice- président du groupe Bollosé, France et président du Medef Afrique a repris les propos de l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf en déclarant que «la francophonie est une nouvelle forme de mondialisation qui ne rejette pas le marché mais n’en est pas l’esclave». «En termes économiques, l’espace économique francophone est une composante de l’économie mondiale et en affiche toutes les caractéristiques. Il possède à la fois les qualités et les défauts de l’univers économique mondial et surtout il n’est pas cette zone de non richesse dont les pessimistes ont parfois parlé. Il peut être un excellent laboratoire économique servant à l’amélioration de l’échelle mondiale des rapports entre le Nord et le Sud et au développement du tiers-monde». Et de poursuivre : «La francophonie est un vecteur de développement pour l’Afrique pour laquelle la mondialisation est déjà aujourd’hui une réalité. Une réalité culturelle et économique». Abordant le thème de l’influence de la francophonie sur les échanges mondiaux, Patrick Guillamont, professeur à l’université Jean Moulin Lyon III, a mis l’accent sur la nécessité de développer une analyse économique de la francophonie. Une analyse plus approfondie des déterminants et des conséquences. «L’appartenance à un espace francophone devrait favoriser les échanges entre les pays membres. L’entendement est meilleur, la confiance est plus grande et le risque qui est important dans la détermination des échanges devrait s’en trouver atténué. Il est évident que la France développe les échanges à l’intérieur du monde francophone. Ce qui est moins évident c’est l’influence de l’appartenance au monde francophone sur les échanges avec l’extérieur», dit-il. Le commerce francophone n’est pas en soi une fin. Il est lié à un facteur de mondialisation différencié et culturellement plus acceptable. «Pour que la francophonie serve à une mondialisation de ce type, il est bon qu’elle cherche à soutenir les institutions et les accords internationaux qui sont des vecteurs de la francophonie», souligne M. Guillamond. Selon lui, il est important d’accroître et de défendre la place du français dans les institutions internationales de développement multilingues. De même qu’il est nécessaire de renforcer la formation en français des cadres des pays en développement. «Il n’est pas demandé de substituer le français à l’anglais dont nos partenaires dans le monde ont besoin mais de faire valoir ce que le français ajoute en plus pour l’ouverture et la spécificité culturelle», dit-il. Une banque francophone du développement Michel Guillou, directeur de l’Institut d’études de la francophonie et de la mondialisation à l’université Jean Moulin Lyon III, pose des questions qui incitent les francophones à faire un bilan clair. La francophonie a-t-elle une utilité, un intérêt dans la mondialisation ? Est ce un concept d’hier ou un concept d’avenir ? «Si la réponse est négative, il faudra arrêter ce phénomène. Et si la réponse est positive, il faudra sans tarder construire sérieusement cette communauté économique. Car sans économie il ne peut y avoir de dialogue serein et constructif au sein de ce rassemblement de pays», dit-il. Selon M. Guillou, pour être durable, la culture ne peut ignorer le volet économique. «C’est pour cette raison que la coopération économique en francophonie ne peut plus rester en jachère plus longtemps. Or depuis 1990 rien n’a été fait de significatif ni au niveau macroéconomique, où les enjeux et les contraintes doivent être cernés sans complaisance et sans langue de bois, ni au niveau microéconomique, la francophonie n’a été en mesure de prendre des initiatives». Il faut donner, dira-t-il, des préférences économiques en tant que francophonie même si ces préférences sont limitées. «Les pays francophones doivent peser au sein des grands organismes pour faire admettre la diversité et encourager des coopérations capitalistiques ou d’autres. La prise en cause de la valorisation de la dimension économique du français et de ses langues partenaires est un objectif prioritaire à atteindre». Il ne faut pas oublier, enchaîne M. Guillou, qu’en francophonie, il y a un marché potentiel de 500 millions d’habitants qu’il faut prospecter. Il s’agit de prendre conscience que la diversité et le bilinguisme peuvent être des facteurs de profit. «Le temps des vœux pieux est dépassé. Il faut donner à présent à la francophonie sa troisième dimension. Sa dimension économique». Le directeur de l’Institut d’études de la francophonie et de la mondialisation à l’université Jean Moulin de Lyon III conclut en proposant la création d’une banque francophone de développement.
L’engagement en faveur de la francophonie a progressivement évolué du domaine purement linguistique et culturel vers les domaines économique puis géopolitique. À travers la francophonie, la France se pose aujourd’hui en défenseur des intérêts des pays du Sud en proposant de nouvelles aides au développement. À la deuxième journée du colloque organisé au campus des...