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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Communautés - Les ulémas condamnent toute coopération militaire avec Washington - Kabbani : « Nous ferons des pays arabes un tombeau pour les soldats US »

Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a affirmé hier au cours d’une cérémonie religieuse organisée par Dar el-Fatwa en présence du vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, et du cheikh Akl druze, Bahjat Ghaïth, qu’il «n’acceptera pas que le peuple musulman innocent soit massacré par les États-Unis en Afghanistan au vu et au su du monde entier, sous prétexte d’en finir avec le terrorisme». Dans le cadre de l’inauguration d’une mosquée à Rouha, dans la Békaa-Ouest, cheikh Kabbani a par ailleurs déclaré : «Si les États-Unis tentent de débarquer leurs troupes au Liban et en Syrie, nous ferons des pays arabes un tombeau pour leurs soldats». «L’Amérique terrifie le monde, mais, demain, Allah la terrifiera à son tour», a-t-il indiqué. Enfin, le rassemblement des ulémas a appelé hier les pays arabo-musulmans à rejeter toute offre de collaboration avec les États-Unis. «Cette obstination des États-Unis à déclarer la guerre entraînera le monde entier dans une spirale incontrôlable de violence, ce qui aura raison de la stabilité et de la sécurité dans plusieurs pays», a poursuivi cheikh Kabbani, à Dar el-Fatwa, en présence du ministre des Affaires sociales Assaad Diab, représentant le président de la République le général Émile Lahoud, du député Adnane Arajki, représentant le président de la Chambre Nabih Berry, du ministre des Finances Fouad Siniora, représentant le chef du gouvernement Rafic Hariri, et de Mgr Khalil Abi Nader, représentant le patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Il a également estimé que ce qui se produit en Afghanistan provient d’une «frénésie» de la part des États-Unis «de se venger et de retrouver leur fierté». «Comment le monde entier peut-il être convaincu que les États-Unis et leurs alliés œuvrent vraiment pour en finir avec le terrorisme dans le monde, lorsqu’il se rend compte que ces mêmes États-Unis ferment les yeux sur ce qui se passe tous les jours en Palestine arabe occupée contre le peuple et les enfants palestiniens», s’est-il demandé. Le mufti de la République a, par ailleurs, insisté sur le fait que «les Libanais se sont unis, chrétiens et musulmans, contre le terrorisme», et a appelé les Libanais «à faire preuve d’éveil et de vigilance et à couper court à toute tentative de saper leur unité ou de semer la discorde entre eux». Il a mis l’accent sur le fait que «la Palestine était la terre des Arabes depuis des milliers d’années et qu’elle n’avait jamais été la terre des juifs, (…) ni celle des Britanniques», ni celle de l’Onu, en évoquant les massacres commis par Israël contre le peuple palestinien, notamment à Deir Yassine. «Tout cela n’est-il pas du terrorisme ?», s’est-il interrogé, affirmant que les attentats du 11 septembre contre New York et Washington le sont également. «Nous sommes contre le terrorisme, et nous réitérons notre condamnation des attentats contre les États-Unis qui ont fait des milliers de victimes innocentes», a-t-il précisé. «Mais ce qui se passe en Afghanistan n’est pas différent de ce qui s’est produit aux États-Unis. Peut-être est-ce encore plus terrible. Le fait de tuer des enfants, des femmes et des hommes avec des missiles, des avions, des tanks américains, de frapper l’infrastructure, les villes, les maisons, voilà le terrorisme. Le fait de prendre le peuple afghan démuni en otage dans ce conflit est un acte de terrorisme», a-t-il souligné. «On ne lutte pas contre le terrorisme par la violence, parce que cela jette les base d’un monde de haine et de violence et renforce le terrorisme», a-t-il dit, évoquant «les mosquées qui ont été démolies en Grande-Bretagne, en Australie, en Hollande et en Belgique». «Les Libanais, chrétiens et musulmans, ont choisi le dialogue civilisé et la coexistence religieuse comme un exemple à donner au monde entier. Le message libanais a toujours été celui du dialogue et de la coexistence (…) et c’est pour cela qu’il s’agit d’un exemple vivant de vie civilisée dans le monde», a-t-il conclu, appelant «à un front du peuple libanais avec l’État et la Syrie». Kabalan : « L’islam, un message de dialogue » De son côté, cheikh Kabalan a dénoncé le «terrorisme israélien en Palestine, dans le Golan et au Liban, terrorisme qui jouit de l’appui illimité de l’Administration américaine, qui se plaint aujourd’hui à son tour du terrorisme contre lequel elle a mobilisé la planète entière militairement, financièrement et politiquement». «L’islam est un message d’amour, de dialogue et de pardon qui condamne le terrorisme dans tous ses aspects, ce que les instances spirituelles arabo-islamiques ont déjà dit lorsqu’elles ont condamné l’acte criminel qui a pris le peuple américain pour cible. Nous condamnons cet acte, non par crainte, mais parce que notre religion nous intime de le faire», a-t-il indiqué. «Nous refusons de nous incliner devant la justice et la fatalité américaines, à être entraînés dans les méandres des politiques ténébreuses. Les leaderships arabo-islamiques doivent être à la hauteur des échéances dangereuses et prendre les mesures et les positions adéquates pour préserver les droits et recouvrer la dignité», a-t-il conclu. Pour sa part, cheikh Ghaïth s’est déchaîné contre «toutes les forces qui bombardent, détruisent et tuent en Palestine, en Afghanistan, en Irak et en Tchétchénie et menacent les pays et les peuples du monde sous le slogan de la lutte contre le terrorisme». «Par le biais d’un autre genre de terrorisme plus atroce encore, ils veulent étendre leur suprématie et mettre les peuples à genoux. Ils oublient que ce monde a un Créateur (…) et que c’est lui qui décide, pas les Américains et leurs alliés», a-t-il indiqué. Le communiqué des ulémas Le rassemblement des ulémas a par ailleurs condamné hier toute coopération militaire d’un pays musulman avec les États-Unis. Dans un communiqué, le rassemblement, qui regroupe des ulémas sunnites et chiites, notamment le vice-président du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a accusé les États-Unis de mener «une lâche agression contre le peuple musulman afghan». «La tentative américaine de faire passer cette guerre contre le peuple afghan opprimé comme une croisade visant à gagner la sympathie de l’opinion publique chrétienne est nulle et n’aboutira à aucun résultat. L’Amérique, en tant qu’État laïque, ne représente pas les chrétiens, et d’ailleurs, il n’y a aucun problème entre les deux religions», a indiqué le communiqué, estimant qu’il ne s’agissait pas non plus d’un choc de civilisations. «Les indices de développement ne constituent pas la civilisation, qui est un ensemble de valeurs morales, sociales et philosophiques, lesquelles font défaut aux États-Unis et à bien d’autres pays occidentaux», a-t-il ajouté. «Nous refusons que les États-Unis définissent le terrorisme et qu’ils en fassent quand ils veulent une épée de Damoclès au-dessus des peuples. Il convient de définir le terrorisme par un accord international loin de l’hégémonie américaine. À ce moment-là, ils constateront que les USA sont le berceau du terrorisme», a noté le communiqué, qui a exprimé «sa peine pour le meurtre d’innocents américains» le 11 septembre. «Le but est de mettre la main sur les richesses de l’Asie et de positionner les troupes US près de l’Iran, de la Russie, de la Chine et des pays d’Asie centrale». Il a appelé «les pays musulmans à ne pas ouvrir leur espace aérien et à ne pas mettre leur territoire à la disposition des États-Unis et de leurs alliés, qui se livrent à une lâche agression contre le peuple musulman d’Afghanistan». Les ulémas ont ajouté que «les États-Unis visent l’islam dans son ensemble, c’est pourquoi les musulmans sunnites et chiites doivent être solidaires». Ils ont en outre souligné que «le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique ne sont pas des organisations terroristes, mais des mouvements de libération». Le communiqué a en outre rendu hommage «au gouvernement libanais, à la Syrie et à la majorité des gouvernements arabes qui refusent que ces mouvements soient traités comme des organisations terroristes». Les théologiens ont enfin appelé «les masses musulmanes à faire pression sur leurs gouvernements, en organisant des réunions et des manifestations pacifiques dans le but de dénoncer toute coopération militaire avec les États-Unis».
Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a affirmé hier au cours d’une cérémonie religieuse organisée par Dar el-Fatwa en présence du vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, et du cheikh Akl druze, Bahjat Ghaïth, qu’il «n’acceptera pas que le peuple musulman innocent soit massacré par les États-Unis en Afghanistan au vu...