Rassemblement annulé devant Dar al-Fatwa, à Beyrouth - Pour la Jamaa islamiya, la campagne de solidarité avec l’Afghanistan a commencé

Malgré les appels lancés par certains groupements jeudi soir en vue d’un grand rassemblement devant Dar al-Fatwa à Beyrouth pour protester contre les frappes américaines en Afghanistan, l’atmosphère était calme hier à midi à la sortie des mosquées de la capitale. Le rassemblement et la marche jusqu’à Dar al-Fatwa, qui devaient se tenir à l’initiative de la Jamaa islamiya après la prière, ont été annulés. «Dar al-Fatwa n’a pas encouragé l’action», et d’ailleurs avait démenti avoir pris une telle initiative, a-t-on expliqué à la mosquée Khaled Ibn al-Walid, lieu de prière de la Jamaa islamiya à Beyrouth. Le groupement s’est contenté de publier un communiqué appelant «les musulmans à verser des fonds pour venir en aide au peuple afghan». Pour lui, la campagne de solidarité avec l’Afghanistan a commencé. Rien n’a perturbé hier la prière du vendredi à Beyrouth. Dans les moquées beyrouthines, même celles qui sont réputées pour abriter les rassemblements les plus durs de l’islam sunnite, notamment à Basta el-Fawka (Ahbachs), les cheikhs et les ulémas se sont contentés de prêches purement religieux, évitant toute polémique politique. Pourtant, le matin, avant le début des prières, des policiers se sont déployés autour d’al-Azhar (Dar al-Fatwa) pour parvenir à contrôler la situation en cas d’éventuels débordements. Dans le périmètre de la mosquée des Ahbachs, comme chaque vendredi, la police montait la garde et la rue menant au lieu de culte était bloquée par des voitures en stationnement et des blocs de béton. Les étrangers n’étaient pas les bienvenus. Par contre, devant la mosquée des Nakchbandites de Basta el-Tahta et le lieu de culte de la Jamaa islaimya (la mosquée Khaled ibn al-Walid à Sakiet el-Janzir), les langues se déliaient facilement pour condamner les frappes américaines contre les taliban, et pour soutenir Ben Laden, «un innocent accusé à tort. Un héros qu’il faut prendre en exemple», affirmait-on. Oussama, sortant de la mosquée où se rassemble la Jamaa islamiya, est fier de porter le même prénom que Ben Laden. «Nous souhaitons qu’Allah frappe plus fort les États-Unis», a-t-il dit. Les croyants – surtout les jeunes – ont quitté la mosquée de Khaled Ibn al-Walid, un peu déçus. «Nous nous plions aux ordres de Dar al-Fatwa», ont-ils indiqué, en distribuant néanmoins un communiqué de l’organisation condamnant les frappes américaines contre l’Afghanistan «pays victime du terrorisme des États-Unis». La Jamaa islamiya souligne que «quelles que soient les raisons des attentats contre les États-Unis, l’événement est en lui-même une punition divine qui venge les actes terroristes perpétrés par les Américains à commencer par le massacre des Peaux Rouges». L’organisation a sommé les États-Unis d’arrêter leurs «flagrantes agressions contre le peuple afghan» et a invité la communauté internationale «à considérer ces actes comme des crimes contre l’humanité». La Jamaa islamiya a désapprouvé également «les aides et les facilités accordées par certains pays arabes et musulmans à l’ennemi américain». Et le communiqué d’appeler «tous les Libanais, musulmans et chrétiens, à prendre position contre le terrorisme qui touche les innocents, et à prier pour le peuple afghan et pour la destruction de la machine militaire américaine». Pour la Jamaa islamiya au Liban, la campagne de solidarité avec l’Afghanistan a commencé. D’ailleurs, le mouvement déclare qu’il «reçoit les dons et les aides financières dans toutes les branches de l’organisation». Les fonds peuvent également être directement déposés dans une banque de Beyrouth. Le communiqué précise – probablement pour les donateurs discrets – le numéro du compte disponible afin de rassembler des fonds pour l’Afghanistan.