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Actualités - ANALYSES

Priorité au dossier économique - La vie politique locale reste en suspens

Les attentats du 11 septembre ont pratiquement paralysé la vie politique locale. Le débat sur les revendications de base comme le dialogue qui commençait à s’amorcer entre le pouvoir et l’opposition se trouvent reportés sine die. En même temps, à l’exception de rares figures publiques ou religieuses, le discours politique s’assourdit sensiblement. C’est que, par la force des choses, le pays se retrouve dans l’expectative. Et peut-être sur une inquiétante liste d’attente… Mais il serait vain d’extrapoler sur ce point. Qui vivra verra. Pour le moment, certains se demandent si le pouvoir ne ferait pas bien de profiter du temps mort, c’est le mot, pour faire passer en douce des projets qui lui tiennent à cœur. En prenant le risque de réveiller le chat qui dort. Et la fureur, la furie des anti-ci ou des anti-ça qui ont, jusqu’à présent, bloqué lesdits projets. En tout cas, des loyalistes de poids insistent dans les salons politiques pour que le pouvoir mette à profit la trêve ambiante afin de passer à l’action. Sous prétexte que l’attention nécessairement portée aux développements extérieurs ne doit pas le détourner du traitement des problèmes intérieurs. En usant a contrario, pour faire toute opposition éventuelle, de l’argument qui veut que dans une situation aussi grave les Libanais ne devraient se permettre aucune polémique affaiblissante. Mais pour nombre de contestataires, ou de crypto-opposants appartenant au gouvernement, il y aurait dans une telle démarche autoritariste sinon de l’abus de pouvoir du moins tromperie sur la marchandise et manque de fair-play. Ces personnalités affirment en effet que la pause forcée actuelle sous-tend un gentleman’s agreement. Aux termes duquel ni l’opposition ne ferait entendre sa voix pour le moment, ni le pouvoir ne tenterait d’imposer un quelconque fait accompli dans tel ou tel domaine. Cependant, cette optique de vacances prolongées ne tient pas bien la route, en regard de l’urgence économique. En dépit des assurances de certains responsables, qui affirment que des capitaux arabes vont inonder bientôt le marché local, la classe politique et les organismes économiques craignent que la crise sociale, déjà dure, ne s’aggrave encore par suite des retombées des attentats du 11 septembre et de la guerre d’Afghanistan. Si la récession menace le monde entier, il serait miraculeux que ce pays, déjà en sérieuse difficulté financière, y échappe. D’autant qu’il a fallu ajourner d’un an ce sommet de la francophonie dont Beyrouth attendait aussi bien des rentrées que des recettes puisées auprès de dirigeants étrangers dont les propres pays ont traversé avec succès des passes économiques difficiles. Le report de la conférence laisse sur leur faim, et sur leur manque à gagner voire sur leur déficit, les hôteliers qui ont engagé des dépenses pour être à la hauteur. Mais le plus grave, c’est que la probabilité d’un renvoi ou même d’une annulation de Paris II se précise de jour en jour. Sans cette planche de salut, qui devait lui permettre d’obtenir un moratoire pour sa dette publique ainsi qu’un certain paquet de gros sous, le Liban risque sinon de couler du moins de connaître une pesante année 2002 fiscale et comptable. Il faut parer au plus pressé et agir avec les moyens du bord. En ne comptant, finalement que sur soi. Ce qui implique, reconnaissent les loyalistes qui poussent à la roue, qu’il faut entreprendre de réformer l’Administration sans tarder. Pour permettre l’éradication du gaspillage et disposer d’un instrument de travail efficace. Seulement, on retombe toujours devant le même casse-tête chinois : comment réformer l’Administration sans épurer d’abord les mœurs politiques ? Quoi qu’il en soit, le projet de budget 2002 a été approuvé en Conseil des ministres sans discussion. Car tout le monde au sein du pouvoir convient que ce document traduit bien la volonté de l’État d’assainir ses finances dans la mesure du possible, en allégeant le service de la dette et le déficit du Trésor. Le texte va être voté à la Chambre, probablement sans objections majeures. Mais, dans le fond, il risque d’être dépassé dans ses prévisions, à cause de l’évolution globale de la situation. À ce propos, le ministre des Finances, M. Fouad Siniora, reconnaît l’impact des attentats du 11 septembre et de la guerre d’Afghanistan. Il souligne dans ses déclarations que le monde arabe traverse actuellement une phase de marasme. Et que le Liban peut se ressentir, comme bien d’autres pays, des effets de l’actualité internationale. Mais M. Siniora se hâte d’ajouter que les changements en gestation sont un défi que le Liban peut relever avec succès, s’il sait y faire. Qu’entend-il par là ? Que les pays occidentaux vont s’efforcer de brider le risque de récession par divers moyens techniques dont la réduction des taux d’intérêts, le soutien à des secteurs économiques et l’arrosage des marchés en liquidités. À partir de cette tendance, indique le ministre, l’État et le secteur privé libanais peuvent avec de bonnes chances de réussite tenter d’attirer les placements financiers et les capitaux d’investissement arabes. Sous-entendu en leur offrant des taux d’intérêt et des marges de bénéfices alléchants. Ainsi que des services de qualité, mis à jour par rapport aux percées technologiques de l’ère présente.
Les attentats du 11 septembre ont pratiquement paralysé la vie politique locale. Le débat sur les revendications de base comme le dialogue qui commençait à s’amorcer entre le pouvoir et l’opposition se trouvent reportés sine die. En même temps, à l’exception de rares figures publiques ou religieuses, le discours politique s’assourdit sensiblement. C’est que, par la...