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Actualités - OPINIONS

opinion - Dieu n’est pas le coupable -

En pensant que l’absence d’Autorité unique dans l’islam est la cause principale et directe des dérives actuelles, l’Occident se trompe encore une fois. D’ailleurs, l’islam n’est pas d’hier. C’est une religion qui existe depuis des centaines d’années et qui a toujours fonctionné sans autorité pastorale. Alors comment expliquer la naissance et l’entrée en action de mouvements fanatiques actuels se référant à l’islam, profitant de cette possibilité de concevoir des interprétations floues du Coran et des Paroles du Prophète ? La réponse n’est pas religieuse comme semble l’induire la question. elle est plutôt sociopolitique. Car ce n’est ni l’argent du bandit milliardaire ni celui des promesses de paradis qui sont les raisons profondes réelles qui créent des kamikazes prêts à entrer en action en se donnant la mort. L’argent et le paradis ne sont intéressants que dans le sens où ils aident à mobiliser la masse et à acquérir une dimension sociale ou politique. Ainsi l’argent et le paradis ne sont que les causes superficielles du fanatisme islamique, c’est-à-dire ils sont de la pure propagande. Lutter contre ces alibis est nécessaire mais loin d’être suffisant. Pour remonter aux raisons réelles de ces dérives fanatiques, il est impératif de distinguer aujourd’hui au moins trois types d’islamisme – qui sont des acteurs sur la scène mondiale –, tout en s’efforçant de ne pas les mélanger afin de mieux les combattre : – L’islamisme organisé sous forme de projet politique et social clair et défini visant à prendre le contrôle de la société afin d’accéder au pouvoir. Cela est le cas des taliban. En général, cette forme d’islamisme a des limites définies géographiquement et ses acteurs sont identifiables et repérables. Cet islamisme peut être qualifié d’islamisme politique. – L’islamisme organisé sous forme de réseaux internationaux, difficilement identifiables et géographiquement flous. Ce type de fanatisme a généralement comme but de semer la terreur. Il n’a pas nécessairement un projet politique ou social, mais existe plutôt en termes de réaction à une réalité mal vécue. C’est le cas des réseaux terroristes de Ben Laden. Cet islamisme peut être qualifié d’islamisme de sectes. – L’islamisme en tant que résistance contre l’occupation comme c’est le cas de certains mouvements palestiniens qui luttent pour la libération de leurs territoires. Ce dernier type d’islamisme, qui est au cœur du problème du Proche-Orient sans pour autant en être la cause, est une forme de résistance contre une occupation matérielle, effective et palpable. Cet islamisme peut être qualifié d’islamisme de résistance. L’islamisme des taliban a été créé par les Américains, aidés par leurs alliés européens et pakistanais. Vers le début des années 80, les décideurs américains ont jugé «bon» d’encourager ce type de projet politique afin de contrer la vague communiste dans le cadre de la guerre froide. C’est la politique américaine qui a donc fourni tous les moyens nécessaires à l’établissement et à la consolidation de ce fanatisme politique. Après la chute de l’empire soviétique, la «bête» a été lâchée à elle-même, mais toujours soutenue indirectement, et un jour la créature s’est proclamée indépendante, voire concurrentielle vis-à-vis de son maître, après avoir goûté aux délices du pouvoir. Pour lutter contre les taliban, il faut renverser leur pouvoir, chose que les Américains savent très bien faire quand ils le souhaitent. Mais cela nécessite que les Américains prennent conscience de leur responsabilité, s’engageant ainsi à être les libérateurs du peuple afghan et assumant le poids d’une guerre qui a déjà commencé il y a deux décennies. L’islamisme de sectes se nourrit de l’islamisme politique, mais peut tout à fait survivre malgré l’éviction de ce dernier. Car, dans l’histoire, ce type d’attitude a toujours existé sous des formes différentes que celle des réseaux d’el-Qaëda affiliés à Ben Laden. Cependant en l’absence des taliban, les réseaux de Ben Laden sont beaucoup plus vulnérables face à une coalition internationale. Toutefois, cette coalition ne doit pas se résumer en une suite d’arrestations et d’embargos financiers mais nécessite une relecture moins occidentale de notre histoire proche. Quand il y a une maladie dans une plantation, ce n’est pas en jetant la récolte que le problème est résolu, mais c’est en traitant la terre que la maladie est éradiquée avec certitude. Et la terre, c’est la politique américaine. D’ailleurs, ce type de terrorisme ne vise pas dans l’essence la démocratie et l’évolution, comme certains ne cessent de le répéter, mais plutôt une série historique d’interventions concrètes économiques et politiques que les gouvernements américains successifs ont infligés aux pays du tiers-monde avec arrogance. L’islamisme de résistance est résolu quand le vainqueur, c’est-à-dire Israël, comprendra que c’est lui qui fixe les règles du jeu. Chacun des points ci-dessus nécessite un ouvrage. Mais un premier diagnostic peut être effectué pour agir : Dieu n’est pas le vrai débat, l’islam non plus. Il s’agit d’un problème politique et la résolution devrait être politique : éviction du pouvoir de Kaboul et relecture de l’histoire mondiale proche. Une autre alternative est aussi possible : celle du retour, après le sursis de la guerre froide, à un régime d’empire. Un empire puissant qui contrôle l’axe le plus stratégique au monde, l’axe Golfe arabe-mer Caspienne riche en pétrole et en ressources naturelles. Un empire technologique redoutable grâce aux avancées en termes de moyens de communication et d’armements. Et dans ce cas, le vrai danger serait les États-Unis eux-mêmes.
En pensant que l’absence d’Autorité unique dans l’islam est la cause principale et directe des dérives actuelles, l’Occident se trompe encore une fois. D’ailleurs, l’islam n’est pas d’hier. C’est une religion qui existe depuis des centaines d’années et qui a toujours fonctionné sans autorité pastorale. Alors comment expliquer la naissance et l’entrée en...