Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Les actions du processus de paix en hausse, - estiment à Beyrouth des diplomates arabes

À quelque chose malheur est bon. Ou, encore, le malheur des uns fait le bonheur des autres : la guerre d’Afghanistan offre l’avantage de remettre sur les rails le processus de Madrid. C’est du moins ce qu’estiment, ou plutôt ce qu’espèrent, des diplomates arabes accrédités à Beyrouth. Pour qui une évidence saute aux yeux : Washington a fortement besoin d’amadouer le camp arabe. Il devrait donc être tout disposé à s’activer au maximum pour relancer les négociations de paix dans la région. En commençant par le point central, le conflit israélo-palestinien. Selon ces diplomates, le président Bush, promu chef de guerre, jouit d’un blanc-seing total aux États-Unis, toute la population se rangeant sous sa bannière étoilée. Ce qui signifie qu’il est imperméable aux exigences d’Israël ou aux pressions du lobby sioniste américain. Il a donc les coudées franches. Et il devrait en profiter pour amorcer la réalisation d’une paix véritable au Moyen-Orient, dans l’optique même de la lutte contre le terrorisme. Certes, poursuivent ces sources, il a déjà fait un pas dans la bonne direction en promettant la création d’un État palestinien. Mais il devrait se hâter de traduire en actes ses engagements. Que les développements ultérieurs risqueraient de rendre caducs, en rendant la main en quelque sorte à l’influence sioniste sur les USA. C’est une mésaventure, rappellent ces diplomates, que le père du président a connue. Il avait contraint Shamir à participer à la conférence de Madrid en menaçant de lui couper une ligne de crédits militaires de l’ordre de dix milliards de dollars. Mais Israël avait su par la suite gagner du temps et désamorcer l’ensemble du processus de base par des accords séparés avec les Palestiniens. Accords que l’État hébreu s’est empressé au fil des jours de contourner et de tronquer. Shamir a révélé, après son départ du pouvoir, qu’il était dès le début résolu à faire traîner les choses en longueur pendant dix ans au moins. Et la suite lui a donné amplement raison. Dès lors, soulignent ces diplomates, les Palestiniens et les Arabes ne doivent plus se laisser berner. Ni se contenter des promesses américaines. Il leur faut battre le fer tant qu’il est chaud. Et exiger qu’on reparte du bon pied immédiatement, sans attendre la fin des opérations militaires en Afghanistan. Ces personnalités rappellent que Saddam Hussein avait essayé, il y a dix ans, de se servir de la question palestinienne comme d’un levier. En posant comme condition de son repli du Koweït un retrait israélien des territoires palestiniens occupés. Ben Laden, relèvent ces diplomates, suit ce même exemple aujourd’hui en affirmant que l’Amérique ne connaîtra pas de sécurité tant que le peuple palestinien n’en jouira pas. Mais le président Bush peut-il faire passer la solution par un traitement accéléré du dossier palestinien ? Souhaite-t-il profiter du soutien unanime actuel de son peuple pour se gagner l’approbation du monde arabe et islamique qui est loin de lui être acquise présentement ? Veut-il dégager le conflit du cercle de la confrontation entre deux civilisations, ou même de la guerre de religions, dans lequel les extrémistes de tout bord tentent de l’enferrer ? On peut raisonnablement en douter, reconnaissent les diplomates arabes cités. Car les Américains sont certes à cent pour cent avec leur président dans son combat contre le terrorisme. Mais leur feu vert pourrait ne pas s’étendre à un règlement de la question palestinienne qui n’aurait pas l’aval de l’État hébreu et du lobby sioniste. On se souvient que Bush le père, acclamé par le peuple américain lors de la guerre du Golfe, a quand même perdu la présidentielle un an plus tard, défait par Clinton. L’une des causes de cette déroute, aux côtés de considérations purement intérieures, reste sans doute que Bush senior a été combattu, et battu, par le lobby sioniste à cause de ce Madrid dont Israël ne voulait pas. D’autre part, un constat regrettable s’impose : les Arabes et les Palestiniens ne semblent pas assez unis pour agir efficacement en faveur d’une reprise des négociations de paix. Ils se contentent donc de la promesse de Washington concernant la création d’un État palestinien. Et se croisent pratiquement les bras en attendant la fin de la guerre d’Afghanistan qui peut beaucoup durer. Ou qui peut déboucher sur de nouveaux brasiers, mettant le feu au document de Madrid. Les diplomates arabes cités soulignent ainsi la nécessité d’une unification, d’une consolidation rapide des rangs arabes. Un regroupement qui devrait se faire, selon eux, autour d’un soutien considérablement renforcé à l’intifada pour lui permettre de rebondir en Cisjordanie et à Gaza. Et d’ajouter – les conseilleurs ne sont pas les payeurs – que la Résistance libanaise devrait reprendre ses actions dans l’enclave de Chebaa, tandis que le front du Golan commencerait enfin à s’agiter. Tout cela, pour faire pression sur les États-Unis. En leur faisant comprendre qu’il n’est pas question de classer le Hamas, le Jihad islamique et encore moins le Hezbollah parmi les organisations terroristes. Et qu’il est temps que le parrain numéro un de Madrid cesse d’assister en simple spectateur au bras de fer israléo-palestinien. Car, concluent ces diplomates arabes, c’est cette attitude laxiste qui est à l’origine des secousses actuelles. Et des risques qu’encourent les intérêts mêmes des Américains dans l’ensemble du monde islamique comme dans la région.
À quelque chose malheur est bon. Ou, encore, le malheur des uns fait le bonheur des autres : la guerre d’Afghanistan offre l’avantage de remettre sur les rails le processus de Madrid. C’est du moins ce qu’estiment, ou plutôt ce qu’espèrent, des diplomates arabes accrédités à Beyrouth. Pour qui une évidence saute aux yeux : Washington a fortement besoin d’amadouer le...