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Actualités - CHRONOLOGIES

Dossier régional - Un responsable américain à Beyrouth pour relancer le processus de paix - Darell Issa : « Le terrorisme semble prendre - de l’ampleur au Liban comme ailleurs »

«Lorsqu’une personne arrive ici après le 11 septembre, la première chose qui lui vient à l’esprit – et à l’esprit de tous d’ailleurs – c’est la catastrophe qui a eu lieu à cette date». Le ton avait été donné. Le sénateur américain d’origine libanaise, Darell Issa, l’avait annoncé dès le départ : sa visite au Liban, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée dans la région, vise à faire le point avec les responsables libanais sur la question fondamentale du terrorisme. D’ailleurs, à la conférence de presse tenue par le congressman hier dans les locaux de l’ambassade américaine à Awkar, le sénateur américain devait transmettre un «message» à ce sujet, à savoir que «la lutte contre le terrorisme est un objectif légitime». Les thèmes s’imposaient d’eux-mêmes : définition du terrorisme au regard de la situation du Hezbollah, la question palestinienne et son corrolaire le processus de paix. Sur ces sujets, le sénateur élaborera longuement. Sa mission, officielle – puisqu’il dira à plusieurs reprises qu’il est porteur d’un message du président George Bush et du Congrès américain –, s’inscrit également dans le cadre d’une relance du processus de paix, explique Darell Issa. Évitant d’associer entre le terrorisme et la crise israélo-palestinienne, le sénateur américain soulignera toutefois «qu’aucun pays, y compris le mien (les États-Unis), n’a souffert autant que le Liban des conséquences de l’absence d’une paix juste et durable dans la région». À la question sempiternelle de savoir si distinction il y a entre terrorisme et résistance pour un Arabe américain, une énigme que l’Administration américaine n’a jamais véritablement «résolue», le sénateur apporte une réponse subtile mais fuyante, cependant on ne peut plus claire quant à la position américaine sur cette question. «Seul Dieu peut séparer entre ceux qui agissent conformément à leurs convictions dans le cadre de la résistance et ceux dont le cœur est animé par le diable. Alors que les peuples de la terre tentent de trouver une solution à ce problème, moi je travaille avec les gouvernements», a-t-il souligné. Le sénateur a en outre indiqué qu’il a demandé à chaque pays visité, dont le Liban, de déterminer par eux-mêmes ce qu’ils considèrent comme «terrorisme, ce qu’ils appellent justice ou comportement légitime». Par conséquent, dit-il, il est du ressort du gouvernement libanais, qui a d’ailleurs vivement stigmatisé les attentats contre les États-Unis, rappelle-t-il, de définir le terrorisme et «de distinguer entre ce qui est permis, toléré et ce qui ne l’est pas». Pour la première fois depuis les attentats, un officiel américain s’exprime ouvertement sur ce sujet. «Si l’on prend en considération les actions passées du Hezbollah, on ne peut qu’évoquer certains actes commis par ce mouvement que tout le monde considère comme relevant du terrorisme», affirme M. Issa. Il souligne par ailleurs la sympathie qu’il éprouve personnellement pour ce mouvement qui n’a pas que des activités «néfastes». «Il n’y a pas d’organisation bonne ou mauvaise à 100%». «C’est ce que j’ai souvent répété à mes collègues devant le Congrès américain». Rappelant une fois de plus que le qualificatif de terroriste s’applique indiscutablement au passé du parti intégriste, par conséquent, une réforme urgente s’impose «au sein du mouvement, notamment, la définition d’une charte claire et précise sur ses intentions», a-t-il précisé. La balle est maintenant dans leur camp, a laissé entendre le reponsable américain en signifiant qu’il revient à eux et à ceux qui les soutiennent d’opérer ce revirement. Comparant la situation du Hezbollah, «actuellement en transition», à celle de l’IRA ou de l’OLP, le sénateur a ajouté : «Personne ne peut nier que l’OLP n’était pas une organisation terroriste. Aujourd’hui, elle est au gouvernement (…) et bientôt, elle représentera le gouvernement légitime du peuple palestinien». «D’ailleurs, dit-il, même le gouvernement israélien, avant qu’il ne soit constitué en gouvernement légitime, a commis des actes que l’on peut qualifier de terroristes». L’opportunité de la réforme est là. Elle doit être saisie par le Hezbollah, s’il veut être reconnu comme un mouvement de résistance légitime, a-t-il indiqué. Après l’Afghanistan, qui sera le prochain ? interroge un journaliste qui rappelle que les États-Unis ont remis à l’Onu une liste des pays ciblés. «Le président Bush l’a clairement signifié en disant qu’aucun pays ou groupe ne sera ciblé que s’il commet des actes terroristes à partir d’aujourd’hui ( le 11 septembre)», a affirmé le sénateur en signifiant clairement que cette menace n’a pas d’effet rétroactif. Interrogé sur la teneur du «message» qu’il apporte au gouvernement libanais, le sénateur américain précise qu’il s’agit tout d’abord de faire part aux responsables libanais de l’appréciation des Américains «pour le support et la sympathie profonde exprimée par le peuple et le gouvernement libanais à la suite de la tragédie du 11 septembre». Quant au second message, et celui-ci est officiel, dit-il, il consiste à rappeler que «notre cible, qui est le terrorisme, est une cible légitime» , un phénomène auquel toute police dans n’importe quel pays voudrait s’attaquer, ajoute-t-il. «Après la date du 11 septembre, les États-Unis se sont rendu compte de l’ampleur de ce problème. Ils travailleront très prudemment avec les gouvernements (concernés) tels que le gouvernement libanais afin d’éradiquer ce mal qui semble prendre de l’ampleur, au Liban comme ailleurs», a fait remarquer le congressman. Et d’ajouter que le terrorisme a fait plus de victimes dans les pays arabes qu’aux États-Unis. Prié de commenter les menaces proférées par Oussama Ben Laden à l’encontre des États-Unis, concernant notamment l’obligation qu’ont ces derniers à résoudre le problème israélo-palestinien, le sénateur affirme que l’intégriste séoudien exploite la cause palestinienne à des fins terroristes. «Je doute fort qu’Oussama Ben Laden s’intéresse au peuple palestinien». «Sinon, il n’aurait pas demandé aux chrétiens de quitter l’Arabie séoudite. Quelle est la relation de cette revendication avec la cause palestinienne ?» s’interroge Darell Issa. «Certains Palestiniens sont d’ailleurs chrétiens et non seulement musulmans», rappelle le responsable américain en évoquant la dernière déclaration faite pas le président Bush concernant la création d’un État palestinien. L’intérêt que le gouvernement américain porte à la question palestinienne «n’est pas uniquement motivé par les derniers événements» , mais il a été exprimé préalablement au 11 septembre, a-t-il indiqué. «Il n’y a pas lieu de lier entre les deux (entre l’attentat terroriste et le conflit israélo-palestinien)», a ajouté M. Issa. «Aucun peuple n’a souffert des conséquences (de la tragédie) du 11 septembre que le peuple palestinien. Car la chance d’obtenir ce pour quoi il a lutté pendant longtemps s’est trouvée réduite, pour ne pas dire complètement disparue. Si ce n’était l’engagement des États-Unis en faveur de la question palestinienne, ce peuple aurait été la victime par excellence de ces attaques». Commentant sa mission relative à la relance du processus de paix, le congressman affirme : «Je réclame entre autres à voir une carte géographique (définissant les contours du processus de paix). Aucune carte, ni aux États-Unis ni ici (dans la région) ne reflète réellement la volonté de chacune des parties et leurs attentes d’une paix régionale. Tout le monde parle d’investisseurs (potentiels), mais personne ne fait rien».
«Lorsqu’une personne arrive ici après le 11 septembre, la première chose qui lui vient à l’esprit – et à l’esprit de tous d’ailleurs – c’est la catastrophe qui a eu lieu à cette date». Le ton avait été donné. Le sénateur américain d’origine libanaise, Darell Issa, l’avait annoncé dès le départ : sa visite au Liban, qui s’inscrit dans le cadre d’une...