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Actualités - CHRONOLOGIES

Seule chez les taliban, al-Jazira - s’impose au monde

Al-Jazira, la CNN arabe, fait des ravages : ses images télévisées sur les premières frappes américaines en Afghanistan et l’apparition de l’islamiste Oussama Ben Laden sont relayées de par le monde, malgré des protestations à Washington sur sa couverture jugée «déséquilibrée». «Nous ne changerons jamais notre stratégie dans la couverture de l’actualité où qu’elle soit, et les téléspectateurs sont notre seul juge», déclare le président du Conseil d’administration de la première chaîne satellitaire arabe d’informations en continu, cheikh Hamad Ben Thamer al-Thani. Depuis ses bureaux exigus dans un petit immeuble à Doha, al-Jazira tient le monde entier au courant de l’évolution de la situation dans les territoires afghans sous contrôle des taliban où elle est la seule chaîne de télévision présente en exclusivité. Les premières frappes aériennes sur Kaboul dimanche ont été retransmises en direct. Dans la foulée, Oussama Ben Laden, l’homme le plus recherché au monde, a réussi une opération de communication fracassante avec un enregistrement diffusé en exclusivité par al-Jazira peu après le début des frappes. «Nous sommes accusés de faire passer le point de vue des taliban ou de Ben Laden. Ce qui n’est pas vrai», note le président d’al-Jazira, avant de demander : «Pourquoi fait-on un tollé (...) autour d’al-Jazira qui, contrairement aux autres médias internationaux, a choisi d’ouvrir depuis deux ans un bureau à Kaboul». Et d’expliquer : «Nous, nous cherchons l’événement. Et aujourd’hui, nous avons eu la chance d’être présents en Afghanistan» avec deux journalistes à Kaboul et Kandahar. L’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa al-Thani, avait reconnu la semaine dernière lors du passage dans son pays du secrétaire d’État américain Colin Powell que les États-Unis avaient demandé à son gouvernement d’intervenir auprès d’al-Jazira pour que sa couverture soit plus favorable aux États-Unis. Mais sur le risque de manipulation, le président de la chaîne est formel : «Nous ne nous laissons utiliser par personne». «Durant la guerre du Golfe en 1991, la CNN était la seule chaîne satellitaire à avoir retransmis au monde les discours des dirigeants irakiens, sans qu’elle soit accusée de se transformer en porte-voix de Saddam Hussein», dit-il. «Alors pourquoi nous en vouloir pour cette marge de liberté, dont bénéficient les médias occidentaux ?», s’interroge-t-il, tout en se disant «satisfait de la couverture par al-Jazira de la crise actuelle, au cours de laquelle nous donnons la parole à toutes les parties impliquées». «Il se peut qu’il y ait certaines erreurs dans notre couverture», concède cheikh Hamad, sans plus de précision. Mais il réaffirme qu’al-Jazira ne va pas s’arrêter en si bon chemin : «Notre principe, c’est la diversité des points de vue et la couverture en temps réel de l’actualité. Et cela va continuer». Membre de la famille régnante des al-Thani au Qatar, cheikh Hamad est ferme mais serein : «Nous avons toujours été la cible d’accusations. On nous a traités d’être proirakiens, pro-israéliens et aujourd’hui pro-taliban», dit-il. Cheikh Hamad Ben Thamer al-Thani, qui effectue une escale à Paris après une visite à Washington où il accompagnait l’émir du Qatar, était interrogé sur les critiques formulées aux États-Unis contre la couverture par sa chaîne des événements dans les territoires afghans sous contrôle des taliban. Al-Jazira, contestée depuis sa création en 1996 par certains régimes arabes pour ses émissions abordant des sujets jugés jusqu’alors tabous dans le monde arabe, est désormais courtisée par des médias américains, selon lui. «CNN négocie un accord pour obtenir la priorité des images exclusives d’al-Jazira, avec laquelle la chaîne ABC veut aussi établir une relation stratégique», explique encore cheikh Hamad. Des perspectives qui confortent le président d’al-Jazira qui, satisfait du bilan financier «positif» de la chaîne, prévoit d’ouvrir bientôt le capital au secteur privé.
Al-Jazira, la CNN arabe, fait des ravages : ses images télévisées sur les premières frappes américaines en Afghanistan et l’apparition de l’islamiste Oussama Ben Laden sont relayées de par le monde, malgré des protestations à Washington sur sa couverture jugée «déséquilibrée». «Nous ne changerons jamais notre stratégie dans la couverture de l’actualité où...