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Actualités - CHRONOLOGIES

Bouffée de colère à Peshawar, mais la mobilisation - n’était pas au rendez-vous

Les islamistes radicaux ont réagi hier avec colère à Peshawar (nord-ouest du Pakistan) aux frappes américaines en Afghanistan, mais sans parvenir à mobiliser en masse leurs partisans. Quelque 1 500 personnes, des Afghans pour la plupart, se sont rassemblées dans la matinée devant la mosquée Ahhaqina, dans le Khyber bazar, à Peshawar, pour crier leur hostilité à l’Amérique. Mais hormis cette bouffée de colère au sein d’une partie de la population afghane réfugiée à Peshawar, le reste des habitants de cette ville frontalière avec l’Afghanistan a continué à vaquer à ses occupations. Les innombrables petites boutiques des bazars de la ville sont restés ouvertes et la foule dense, qui caractérise cette ville de près de trois millions d’habitants, a continué comme chaque jour à travailler, commercer ou circuler. Les universités de la ville, théâtre dans la nuit de dimanche à lundi de quelques échauffourées entre policiers et étudiants, ont toutefois été fermées pour au moins une semaine. Les abords du consulat américain, situé non loin du quartier universitaire, ont été totalement bouclés par les forces de sécurité pakistanaises. Des manifestations ont également eu lieu dans les zones tribales voisines de Peshawar où vivent des clans pachtounes, ethnie principale en Afghanistan. Trois manifestants ont été blessés à Landikotal par des tirs de la police. Un millier de réfugiés afghans se sont par ailleurs rassemblés sans incident devant le poste frontière de Torkham, près de Peshawar, avec l’intention de rentrer en Afghanistan, inquiets semble-t-il, du sort de leurs familles, selon ce photographe. À Peshawar, les manifestants de la mosquée Ahhaqina, qui répondaient à l’appel du mouvement islamiste radical Jamit-Ulma-e-Islam, ont scandé plusieurs slogans hostiles aux États-Unis, et promis de participer au jihad (guerre sainte) contre l’Amérique. «Bush est un chien», «Vive Oussama» Ben Laden, ont crié ces manifestants avant d’entamer une marche dans les rues du bazar. Des dizaines de policiers, qui se tenaient à l’écart, sont alors immédiatement intervenus, tirant plusieurs grenades lacrymogènes pour les disperser. Quelques dizaines d’entre eux se sont à nouveau regroupés devant la mosquée où ils ont commencé à jeter des pierres sur les policiers. Ces derniers ont à nouveau répliqué à coups de gaz lacrymogènes. Quelques manifestants parmi les plus déterminés sont restés sur place où ils ont commencé à brûler des pneus et des morceaux de bois, sous les harangues d’un de leurs chefs s’exprimant grâce au haut-parleur habituellement utilisé à la mosquée pour l’appel à la prière. «Oussama est notre guide spirituel», ont notamment crié ces manifestants, reprenant les slogans lancés par leur chef. Dans l’après-midi, un autre parti islamiste intégriste pakistanais, le Jamat-I-islam, avait également appelé ses partisans à se rassembler devant une autre mosquée du centre-ville. Mais ils n’ont été qu’une cinquantaine à répondre à cet appel. Ce rassemblement a donné lieu à de nouvelles harangues antiaméricaines, mais la police n’est pas intervenue. «Je suis ici parce que les Américains sont des infidèles et qu’ils n’ont aucun droit d’attaquer un pays musulman comme l’Afghanistan», a expliqué Noor Mirhad Shah, Pakistanais de Peshawar, âgé de 28 ans. «L’Amérique n’est pas une superpuissance, c’est Allah qui est la vraie puissance. D’ailleurs les Russes, autre soi-disant superpuissance, ont été détruits», ajoute ce militant du Jamat-I-islam. Abdul Muttalib-Haidar, réfugié afghan âgé de 30 ans, ne dit pas autre chose. «Le “superpuissant” Bush a voulu venger la honte des attentats du 11 septembre, mais c’est lui la honte», a-t-il expliqué. Ce radicalisme est cependant loin d’être partagé par le reste de la population de Peshawar. «Ce n’est qu’une poignée d’extrémistes. Nous aussi au Pakistan nous sommes musulmans, mais pas comme ceux-là ou les taliban», a assuré de son côté Fayaz, étudiant de 22 ans, en regardant d’un air désapprobateur les manifestants.
Les islamistes radicaux ont réagi hier avec colère à Peshawar (nord-ouest du Pakistan) aux frappes américaines en Afghanistan, mais sans parvenir à mobiliser en masse leurs partisans. Quelque 1 500 personnes, des Afghans pour la plupart, se sont rassemblées dans la matinée devant la mosquée Ahhaqina, dans le Khyber bazar, à Peshawar, pour crier leur hostilité à...