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Actualités - CHRONOLOGIES

Débat - La Ligue maronite inaugure une série de rencontres - Mgr Michel Hayek : « Deux abnégations ont fait une nation »

«Les maronites, terre, patrie et liberté» : tel est le thème de la première conférence organisée par la Ligue maronite dans le cadre d’une série de causeries visant à promouvoir un débat autour des grands dossiers de l’actualité (locale ou internationale) et à favoriser une meilleure connaissance sur ce plan. La première conférence a été donnée par Mgr Michel Hayek, au siège de la Ligue maronite, dans le secteur de la Quarantaine, en présence de nombreuses personnalités politiques et religieuses. Prenant la parole à l’ouverture de ce cycle de rencontres-débats, le président de la Ligue maronite, l’émir Hareth Chéhab, a notamment souligné que la Ligue a pris l’initiative de relancer un débat culturel en organisant «une série de conférences qui permettra de mobiliser une élite intellectuelle susceptible d’être mise à contribution à la faveur de dialogues futurs». «Cela permettra d’élargir le cadre de ces conférences hors de la ligue, pour que la vie politique au Liban soit encore plus démocratique et qu’elle repose sur des critères de valeurs et de culture qui la porteront à un niveau plus élevé». M. Chéhab a rappelé que, de nos jours, les Libanais recherchent incessamment des solutions à la crise présente. «Les questions s’accumulent, et nos angoisses grandissent pour notre destin, a déclaré le président de la Ligue maronite. Quels moyens, quel projet politique, quel commandement faudrait-il adopter ? Quelles alliances former ? Quel rôle jouer dans un Liban nouveau ?» «Nous ne possédons pas de réponses précises à ces questions, a ajouté M. Chéhab, mais du moins œuvrons-nous à un projet commun et tentons-nous d’affirmer notre foi et notre espoir en notre futur». M. Chéhab perçoit cette approche comme une «responsabilité collective, dont les bases seraient la coopération ainsi que l’ouverture à tous les avis et toutes les propositions». Il a enfin annoncé que la série de conférences organisées par la Ligue débute par un thème se rapportant aux maronites, pour s’étendre par la suite à «tous les problèmes et préoccupations des Libanais, dans les divers domaines politique, économique, social, ainsi que dans celui de l’émigration». M. Chéhab a précisé que «les maronites et la culture ont une histoire commune assez profonde pour que la recherche du savoir et de la vérité s’ancre dans leur personnalité». La globalité d’une terre Me Rachid Jalkh a ensuite présenté Mgr Michel Hayek comme un «penseur absorbé dans ses contemplations, qu’il conservera sur ses papiers comme une relique de la civilisation pour les générations à venir». Mgr Hayek invite, selon Me Jalkh, à «l’élaboration d’un concept nouveau des aspirations de l’Église à l’évolution des rapports entre les hommes et les religions». Il appelle en outre au dialogue entre chrétiens et musulmans. «Mais avant tout, il reste un croyant éternel en sa foi maronite», une foi ancrée dans les racines libanaises, orientale dans sa globalité. Mgr Hayek s’est quant à lui exprimé en des termes presque poétiques, comme en un hymne à la foi et à la pensée maronites, et surtout un hymne à la terre libanaise qui a accueilli en son sein leurs pionniers. Prévenant qu’il serait quelque peu partial dans son allocution, quant à la vision des maronites, Mgr Hayek a commencé par affirmer que «si le maronitisme meurt, il aurait pour épitaphe : “les maronites : terre, patrie et liberté”». «La foi maronite est une richesse qui dépasse les frontières d’un pays», a déclaré Mgr Hayek, «mais la personnalité maronite se serait démantelée si elle n’avait un noyau central nommé Liban». «Sans cette terre à laquelle ils se rattachent, les maronites auraient été en proie au doute et ne seraient pas ceux que l’on connaît aujourd’hui, a-t-il ajouté. Ce qui distingue cette terre, c’est sa globalité : les cinq continents s’y retrouvent, et ici, plus que partout ailleurs, se sont rejoints les différents rites et religions. Ici aussi, les peuples ont adoré le plus grand nombre de dieux. Ici enfin, les Libanais ont créé le moyen le plus grandiose pour instaurer la paix : l’alphabet». «Je ne dirais pas, comme Georges Naccache, deux négations ne font pas une nation, mais plutôt : deux abnégations ont fait une nation», a poursuivi Mgr Hayek. Selon lui, l’œuvre la plus importante des maronites s’est réalisée sur le plan culturel. En effet, la culture des maronites a entraîné la fondation des premières écoles : l’école maronite à Rome, l’école de Aïn Warqa… «Les savants maronites ont été les premiers à étendre à l’Occident le patrimoine oriental, et ont ainsi pu reconstruire les ponts coupés entre l’Est et l’Ouest». Il a également noté que les termes «maronite» et «Libanais» sont devenus synonymes dans l’histoire, «et celui qui renonce à sa foi maronite rompt avec son identité libanaise». Les maronites ont donné le plus grand nombre d’ermites, poursuit Mgr Hayek, et ceux qui se sont le plus souvent soulevés contre les empires au cours des siècles sont les maronites. Des extrémistes «Sur les visages de saint Charbel et de Gibran s’est empreinte la nature de la montagne libanaise, qui a fait des maronites des extrémistes. Le maronite ne se reconnaît qu’extrémiste et violent», observe Mgr Hayek. «La terre et l’extrémisme constituent l’exception, qui est l’antonyme du conformisme, et qui ouvre la voie à la créativité, au changement et à la révolution. Le Liban est cette exception», déclare Mgr Hayek, pour qui identités maronite et libanaise ne font qu’une. La nature unique du maronite se reconnaît aussi au fait qu’il est «le seul vrai catholique au Moyen-Orient» et qu’il a été le seul à bâtir un pays, selon Mgr Hayek. Quant à la culture, le maronite a encore dérogé aux conventions dans ce domaine. Mgr Hayek a rappelé quelques épisodes de l’histoire du Liban, quand certains chefs de l’Église maronite n’avaient pas tout à fait respecté les libertés, contraignant ainsi des intellectuels comme Amine Rihani et Ahmed Farès el-Chidiac à consacrer leur liberté en rompant avec l’Église. «La pensée et la culture ont même inspiré les conflits et les luttes des maronites, car elles se concrétisaient par l’amour de la liberté», explique Mgr Hayek. «Le maronite a introduit en Orient cette vision de la patrie et de la liberté, qui est l’essence de sa mentalité et de sa psychologie. Les maronites ont marché contre l’autorité, surtout lorsque, à leurs débuts, ils ont institué leur patriarcat indépendamment de l’Église byzantine et sans même l’autorisation du califat omeyyade : ils ont érigé l’illégitimité en principe d’existence». Treize siècles durant, les maronites ont renouvelé cette illégitimité, «en luttant en permanence pour la consécration de leur droit à la différence». À l’encontre des peuples du Moyen-Orient, qui ne connaissaient pas cet attachement à la terre, les maronites ont entretenu des relations personnelles avec «la terre, ses entrailles, ses pierres». «Le maronite s’est uni à la terre comme dans une célébration liturgique», a-t-il insisté, «cette terre était un temple qu’il emplissait de louanges». Poursuivant sur le thème de la terre, Mgr Hayek a observé que le Liban demeure, depuis mille ans, «l’axe autour duquel se meut le destin des maronites». Où qu’il aille, la terre le rappelle afin qu’il en fasse sa dernière demeure, a-t-il dit, ajoutant, avec le sourire : «Si le pape descend en enfer, nous le suivrons !» Puis, évoquant encore une fois l’Orient, Mgr Hayek a affirmé que «tous les chrétiens du Moyen-Orient sont à l’écoute d’un appel venant du Liban et regardent leur destin comme lié à celui des maronites». Mgr Hayek a noté que les projets d’anéantissement culturel ou politique des maronites constituent une atteinte à l’Orient, et surtout à l’arabisme et à l’islam. «Le complot contre les maronites est un complot contre les Arabes et contre l’islam ; or, les maronites n’ont choisi que la vie pour le Moyen-Orient. Les maronites préfèrent mourir debout afin que l’Est ne périsse pas à genoux». Mgr Hayek a clos son allocution en rappelant que les maronites ont «inventé le nationalisme : leur projet d’un Orient libre, uni et diversifié, croyant et laïque, a échoué ; mais ils ont réussi en accueillant des peuples fuyant les dictatures et l’autoritarisme, afin qu’ils trouvent au Liban une terre où ils peuvent exercer leurs droits et jouir de leurs libertés». «Le maronitisme est un projet de liberté», a conclu Mgr Hayek. Les conférences au siège de la Ligue maronite se poursuivront. La conférence de l’évêque Hamid Mourani, jeudi 18 octobre, aura pour thème : «Le maronitisme et l’arabisme».
«Les maronites, terre, patrie et liberté» : tel est le thème de la première conférence organisée par la Ligue maronite dans le cadre d’une série de causeries visant à promouvoir un débat autour des grands dossiers de l’actualité (locale ou internationale) et à favoriser une meilleure connaissance sur ce plan. La première conférence a été donnée par Mgr Michel Hayek, au siège...