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Actualités - CHRONOLOGIES

Kataëb - Pierre Gemayel : « Un jour, le président élu devra rendre des comptes » - Pakradouni, sans surprises, nouveau chef du parti

Sans la moindre surprise, Karim Pakradouni est devenu hier le cinquième président du parti Kataëb, l’emportant par 74 voix contre 15 à son rival Maurice Saba, Gaby Toutounji ayant retiré sa candidature dans la nuit du mercredi au jeudi au profit de M. Saba. Réunis hier en assemblée générale, 90 électeurs des 103 du collège électoral ont participé au scrutin pour élire un nouveau président et 16 membres du bureau politique, soit un taux de participation de 89 %. Les électeurs qui se sont abstenus sont pour la plupart des proches du courant de l’ancien président de la République Amine Gemayel. L’ordre de boycott lancé par l’opposition a donc été suivi, mais relativement, puisqu’il convient de rappeler que les membres du collège électoral sont à une écrasante majorité désignés par la direction du parti. Cela n’a pas empêché une nette victoire de M. Pakradouni et de toute son équipe à la tête de l’appareil du parti, victoire qui devrait lui assurer le contrôle total de la formation au plan de la décision. Le président élu a également réussi à assurer le succès de la quasi-totalité des candidats qui lui sont favorables au sein du bureau politique, tels que MM. Ibrahim Richa, Émile Eid, Antonio Khoury, Bernard Jerbaka, Pierre Haddad, Jad Nehmé, Jean Bayagini, Georges Moughamess, Jean Ammoun, Joseph Kossaïfi, Tony Hajj et Fady Habre. Le succès de Jad Nehmé devrait l’aider à concilier son alliance avec Pakradonni et sa présence au sein du groupe de Kornet Chehwane. Les quatre derniers sièges à pourvoir étaient, en fin de nuit, âprement disputés. Selon des sources proches du parti, on faisait état d’une brouille entre le président sortant Mounir Hajj et M. Pakradouni. M. Hajj «aurait soutenu les candidats de M. Pakradouni au bureau politique alors que ce dernier aurait contribué à l’échec des candidats» appuyés par le président sortant au premier tour, ne remplissant pas ainsi sa part du contrat. Ce qui aurait incité M. Hajj, furieux, «à se réfugier dans ses bureaux durant les élections, refusant d’en sortir pour assister au deuxième tour», selon ses sources. « L’ère du boycott est terminée » M. Pakradouni pourra également compter sur une équipe qui lui est favorable, composée notamment du premier vice-président du parti Rachad Salamé, du second vice-président Simon el-Khazen et du troisième vice-président Paul Gemayel. Le succès de ce dernier a été interprété par plusieurs membres de l’opposition comme un pied de nez au courant du président Amine Gemayel, du secrétaire général Antoine Chader. Au sein de cette équipe également : le président du haut comité pour le contrôle des finances Garabed Kouyoumjian. Le suspense n’aura donc pas duré longtemps. En plein milieu du dépouillement des bulletins de vote, Pakradouni, tout sourire, est déclaré gagnant : il possède déjà plus de quarante voix d’avance sur son rival. Des salves d’applaudissements fusent au sein du collège électoral. Le président sortant du parti Mounir Hajj prend aussitôt la parole. Il félicite son successeur et commence un discours sur le thème de «l’honneur» qu’il y a à élire un nouveau président. Un membre du collège électoral, visiblement mécontent des résultats, lance : «Mais de quel honneur parle-t-il donc ?». M. Hajj remercie aussi Maurice Saba «qui a boycotté le boycott», une manière comme une autre de tirer à boulets rouges sur l’opposition. Après un mot de M. Salamé, c’est au tour du nouveau président de prononcer son allocution. Il remercie «tous ceux qui ont participé au scrutin malgré les pressions dont ils ont été l’objet», soulignant que «le boycott est finalement tombé au sein du parti Kataëb». M. Pakradouni rend également un hommage au père de son rival, Tanios Saba, promettant que tous ceux qui n’ont pas voté pour lui «auront leur mot à dire». Il poursuit ensuite en remerciant aussi MM. Salamé, Khazen, Paul Gemayel, les deux membres de la cour d’honneur du parti, M. Kouyoumjian et M. Chader, et surtout Mounir Hajj, «sans lesquels ces élections n’auraient pas eu lieu et sans lesquels le parti n’aurait pas subsisté». «Nous nous sommes disputés violemment, mais notre réconciliation n’en a été que plus forte», dit-il au sujet de ses accrocs, ces deux dernières années, avec M. Hajj. Il rend enfin hommage à ses prédécesseurs à la présidence du parti, Pierre Gemayel, Élie Karamé et Georges Saadé. M. Pakradouni s’adresse ensuite au collège électoral : «Compagnons, vous n’avez pas élu un homme, mais une équipe. Plus encore, vous avez voté pour un projet politique. Je ne serai pas un “zaïm” contrôlant les Kataëb, mais un président à leur service». «Je n’accède pas à ce poste par filiation ou par succession de droit divin. Je viens de la base et j’y retournerai», lance-t-il dans une critique à peine dissimulée de M. Amine Gemayel. Mettant en exergue les grandes lignes de sa politique en tant que chef du parti, il affirme qu’il œuvrera pour «le renouveau de l’âme» des Kataëb, mais aussi de sa structure et de son programme. «Nous sommes le parti de l’indépendance, de la liberté et de la justice, de la présidence de la République, de l’armée et de la nation. L’ère de boycott du pouvoir est terminée au sein des Kataëb. Nous allons dès aujourd’hui participer au pouvoir, prendre part aux activités des autorités et de l’État. Nous n’allons plus être des séparatistes», insiste-t-il, en appelant les Kataëb, toutes tendances confondues, «à entrer dans le processus de réconciliation au sein du parti». P. Gemayel : « Les coups d’État ne durent pas » De son côté, le député Pierre Amine Gemayel, contacté par L’Orient-Le Jour, a ironiquement commenté les propos de M. Pakradouni selon lesquels il «vient de la base». «Si seulement il avait été élu par la base… Si seulement il avait laissé la base participer aux élections», a-t-il indiqué. «Mais les coups d’État n’ont jamais été bien loin au sein du parti», a-t-il noté, rappelant qu’il avait donné le score final du duel Pakradouni-Saba… deux jours à l’avance, une occasion de rappeler que «tout cela est une mascarade montée par les SR». «Nous souhaitons que M. Pakradouni retourne un jour à la base, comme il le prétend. Parce qu’à ce moment-là, il aura bien des comptes à lui rendre», a-t-il ajouté. L’ancien président de la République Amine Gemayel a pour sa part fait paraître un communiqué en soirée, affirmant «qu’il se désintéresse complètement de ce qui se produit à Saïfi». «Les prochains jours montreront à quel point le boycott constituait une attitude rationnelle», s’est contenté de dire l’ancien chef de l’État, estimant «qu’une telle équipe en désaccord avec sa base ne pourrait initier aucune réconciliation au sein du parti». «Les expériences du passé nous l’ont appris», a-t-il conclu. Avec le «raz-de-marée» Pakradouni, le fossé se creuse davantage entre l’opposition et la (nouvelle) équipe de Saïfi. Et s’il veut entamer une réconciliation désormais quasi incertaine au sein de la formation, M. Karim Pakradouni aura fort à faire lorsqu’il prendra en charge ses fonctions en mai 2002.
Sans la moindre surprise, Karim Pakradouni est devenu hier le cinquième président du parti Kataëb, l’emportant par 74 voix contre 15 à son rival Maurice Saba, Gaby Toutounji ayant retiré sa candidature dans la nuit du mercredi au jeudi au profit de M. Saba. Réunis hier en assemblée générale, 90 électeurs des 103 du collège électoral ont participé au scrutin pour élire...