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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le secrétaire général adjoint du Hezbollah fait le point de la situation - Kassem : « Rien ne peut nous empêcher d’exercer notre droit »

Après un calme de trois mois, et survenant à la suite des attentats du 11 septembre aux États-Unis, l’attaque mercredi contre une position israélienne dans le secteur des fermes de Chebaa s’inscrit dans un nouveau contexte international où les rapports de force et les règles du jeu ne sont plus les mêmes. D’ailleurs, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, n’occulte point le «nouveau message» politique qui se cache derrière cette action. «L’opération d’hier (mercredi) est une manière d’affirmer que la résistance se poursuit dans les fermes de Chebaa qui sont toujours sous occupation (israélienne). C’est pour dire qu’aucun événement dans le monde ne peut nous empêcher d’exercer notre droit», a affirmé, dans une interview à L’Orient-Le Jour, cheikh Kassem, signifiant clairement pas là que les attaques contre New York et Washington et leurs répercussions ne sauraient détourner le Hezbollah de son objectif principal. «Celui qui croit qu’une série d’événements peut s’imposer à nous puis nous amener à nous engager dans un camp donné, en nous détournant de nos propres combats, doit se détromper», poursuit le numéro deux du Hezbollah. Tout en réitérant que la priorité reste à la résistance face à Israël, le responsable chiite laisse entendre clairement que le Hezbollah dénonce d’abord la «vision manichéenne» des Américains, ainsi que l’idée de rejoindre – en tant que parti – toute coalition imposée par ces derniers. «Pour nous, ajoute cheikh Kassem, l’objectif premier est de libérer notre territoire, même si le monde a pour l’instant d’autres priorités». La coalition à laquelle les États-Unis ont voulu que la Syrie et l’Iran, deux alliés majeurs du Hezbollah, se joignent et les assurances données récemment par les Américains sur l’objectif des frappes qui, disent-ils, épargneraient les Arabes, sont-elles des garanties suffisantes pour qu’Israël ne riposte pas au Liban et particulièrement contre des bases syriennes ? «Il faut toujours s’attendre à une réaction israélienne. Mais il est peu probable qu’il y ait une réaction quelconque dans l’immédiat, l’État hébreu étant actuellement en position de faiblesse», répond le responsable chiite. Le Hezbollah n’était-il pas lui-même, à un moment donné, en position de «faiblesse», observant un mutisme de près de deux semaines à la suite des attaques contre le World Trade Center et le Pentagone ? «Un événement majeur, qui a eu des répercussions sur le plan mondial, s’est produit le 11 septembre, souligne cheikh Kassem. Nous n’avions aucune information sur l’affaire ni sur les mesures qui pourraient être prises en conséquence». «Il était donc nécessaire de patienter quelques jours afin d’y voir plus clair avant de prendre position». Cheikh Kassem explique en outre comment les États-Unis se sont «embourbés» dans des déclarations hâtives à cause de la «confusion» dans laquelle ils se trouvaient et du manque d’informations dont ils disposaient. Preuve en est, dit-il, le terme de «croisade» utilisé dans un premier temps par le président George Bush, puis rectifié par la suite. Ou encore, la liste impliquant d’un seul coup 70 États dans le terrorisme mondial, chiffre qui a été ramené à 27 organisations ou personnes. «L’Administration américaine a réalisé par la suite que le monde arabe n’approuvait pas cette logique qui fait l’amalgame entre terrorisme et résistance, a-t-il rappelé. Elle s’est alors rétractée – du moins théoriquement – par rapport à sa position initiale». «Si les États-Unis étaient eux-mêmes dans la confusion, que dire alors de notre parti, dont les responsables ignoraient tout de ce dossier ? C’est pour cela que nous avions décidé d’attendre. Nous ne considérons pas que nous étions dans une situation de peur, nous ne sommes pas non plus au banc des accusés, bien que tout est possible par rapport aux Américains. Nous étions simplement en position d’attente», dit-il. Le Hezbollah refuse de se prononcer sur l’affaire Moughniyé. Imad Moughniyé, un ancien responsable du parti, dont le nom a été cité par certains médias en corrélation avec l’affaire des attentats, a figuré parmi les premiers suspects. «Nous ne prenons pas position par rapport à des noms», affirme cheikh Kassem, qui refuse catégoriquement de commenter cette question. «Lorsque l’accusation est portée directement contre le Hezbollah, le parti réagit en conséquence. Pourquoi devons-nous nous défendre contre une accusation qui ne nous concerne pas ?», se contente-t-il de répondre. À la question de savoir si le Hezbollah craint un retournement de situation de la part des Américains et une éventuelle implication de la formation sur la base de certaines de ses actions passées, cheikh Naïm Kassem répond : «Pour l’instant, les Américains déploient tous leurs efforts en Afghanistan dans le cadre de leur plan («Liberté immuable») afin de répondre à l’attaque dont ils ont été victimes. Ils attendront ensuite les résultats. Je doute fort qu’ils aient quelque chose de prévu par la suite». Concrètement, dit-il, les États-Unis ne manqueront pas de poursuivre leur politique de soutien à l’État hébreu et ne lésineront sur aucun moyen pour continuer sur cette voie, comme par le passé. D’ailleurs, le responsable du Hezbollah ne prend pas au sérieux l’annonce faite par le président Bush concernant la création de l’État palestinien. «Il s’agit d’un slogan qui n’a aucune consistance réelle», conclut-il.
Après un calme de trois mois, et survenant à la suite des attentats du 11 septembre aux États-Unis, l’attaque mercredi contre une position israélienne dans le secteur des fermes de Chebaa s’inscrit dans un nouveau contexte international où les rapports de force et les règles du jeu ne sont plus les mêmes. D’ailleurs, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh...