Les tractations se poursuivent à quelques heures du scrutin - Les membres du bureau politique constituent le véritable enjeu

Les 103 membres du 24e congrès du parti Kataëb se réunissent aujourd’hui à 16 heures pour élire un nouveau chef du parti, 16 membres du bureau politique, un membre pour le conseil de discipline et 4 autres membres pour la commission financière. Ont déjà été élus d’office les trois vice-présidents du parti avec par ordre de préséance : Me Rachad Salamé, M. Simon el-Khazen et le Dr Paul Gemayel. Les 103 électeurs ne seront en fait que 94 ou 96, certains étant en voyage et d’autres préférant suivre la consigne de boycott décidée par l’ancien président de la République M. Amine Gemayel, qui a réitéré sa position lors d’une réunion générale de ses partisans tenue chez lui à Bickfaya mardi dernier. Tout semble indiquer que c’est M. Karim Pakradouni qui remportera ces élections dès le premier tour, avec un score qui atteindra les 65 voix. Ce qui fait que les élections ne joueront vraiment qu’au niveau des membres du bureau politique. Les tractations entre les différents grands électeurs du parti, dont notamment M. Pakradouni lui-même, l’actuel chef du parti Me Mounir Hajj, M. Georges Kassis, chef du régional du Metn, tournent autour de ces 16 noms qui devront être élus cet après-midi. Si ces derniers sont élus par l’ensemble du collège électoral, 6 autres membres devront être élus, par leurs pairs, en mai prochain c’est-à-dire au moment où le nouveau chef du parti prendra ses fonctions. À ce moment, on aura un bureau politique complet qui comptera 30 membres : 22 élus, le chef et les trois vice-président, le secrétaire général et son second, ainsi que les deux députés du parti MM. Antoine Ghanem et Nader Succar. Jusqu’à hier soir, rien n’était encore joué. Les tractations ont continué toute la nuit et se poursuivront, on s’en doute bien, toute cette matinée, car les candidats qui n’auront pas la chance de figurer sur la liste de ce tour vont tenter de se faire réserver une place dans la fournée de mai prochain. En mai aussi, le poste de secrétaire général du parti, occupé actuellement par Me Antoine Chader, sera à pourvoir. Le bureau politique aura à choisir un candidat proposé par le chef du parti. Ce qui fait que les compromis d’aujourd’hui vont décider aussi du sort de ce poste crucial. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Maurice Saba, le seul candidat à pouvoir inquiéter un tant soit peu M. Pakradouni, a déclaré qu’il entendait jouer «fair play» et qu’«il comptait rester dans l’arène quel que soit le résultat du scrutin». Désarroi dans les rangs des Kataëb de l’émigration «À l’heure où les électeurs du parti Kataëb s’apprêtent à élire le nouveau président, plusieurs de leurs frères, et notamment leurs nombreux frères à Paris, se demandent ce qu’ils vont faire ? Voter ? Et pour qui ? Et pour quoi ?». C’est en ces termes que s’est adressé, par fax, M. Nazareth Maxudian, président du département Kataëb-Europe aux membres du parti Kataëb à Beyrouth à la veille de leurs élections. Non content d’exprimer aussi fortement le désarroi de ceux qu’il représente, M. Maxudian va plus loin et parle de «cris de désespoir». «Nous tenons à vous faire entendre nos derniers cris, les cris du désespoir. Nous sommes unis par une même obsession : celle de vous demander des comptes», a ajouté le président du département Kataëb-Europe, qui explique plus loin que son désespoir vient du fait qu’il ne retrouve plus «les valeurs» de son parti. «Nous avons du mal à croire à cette dérive que subit notre Liban, nous sommes … déçus de notre parti qui laisse notre pays à l’abandon. Où sont aujourd’hui les valeurs de notre République libanaise ? Où sont les valeurs de notre parti Kataëb ?», s’est encore interrogé M. Maxudian.