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Actualités - ANALYSES

L’Amérique chauffe ses pressions au rouge - Le chef du gouvernement réaffirme que le Liban n’est pas une cible

Inquiétude à Beyrouth, comme dans le reste du monde arabe, après le démenti apporté au roi Abdallah de Jordanie par Washington. Qui précise n’avoir jamais donné au souverain hachémite l’assurance qu’aucun pays arabe ne serait visé par des opérations de guerre, dans le cadre du combat US contre le terrorisme. En ce qui concerne le Liban, les pressions américaines s’accentuent. Par un rappel (à l’ordre ?) quotidien de la nécessité de se conformer aux sept injonctions qui émaillent la circulaire d’avertissement adressée par les États-Unis à l’ensemble des pays concernés. Mais le pouvoir local se veut rassurant. Ainsi le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a réaffirmé, devant la délégation de presse conduite par notre correspondant à Paris M. Élie Masboungi, que ce pays n’est pas une cible. Ajoutant, pour faire bon compte, que nos bons amis, la Syrie et l’Iran, ne sont pas non plus sous la menace US, M. Hariri a indiqué que le Liban a été le troisième pays au monde et le premier parmi les Arabes à condamner les attentats du 11 septembre. Il a répété que le Liban, qui reste l’une des plus notables victimes du terrorisme, tient absolument à ce que l’on distingue d’un tel fléau le droit de résistance qu’il exerce lui-même. Ce thème, déjà communiqué aux Américains, sera derechef développé, a précisé le Premier ministre, lors des entretiens que les dirigeants locaux sont appelés à avoir avec l’émissaire de Washington, le conseiller du secrétaire d’État pour les affaires du Moyen-Orient, M. William Burns. M. Hariri va donc redire à cet interlocuteur de marque que Beyrouth soutient la campagne lancée par les USA, mais souhaite que l’on s’entende bien sur le sens à donner au terme de terrorisme. Qui ne s’applique pas à des organisations ou mouvements de résistance légitime, comme le Hezbollah. De même, le Liban va insister pour qu’avant toute opération de riposte, les objectifs soient bien déterminés. Confirmant les indications du président du Conseil, un cadre sécuritaire qui a été briefé tout récemment par des collègues américains, dans le cadre de la coordination policière, assure que Washington n’a en ligne de mire ni le Liban ni le Hezbollah et encore moins la Syrie ou l’Iran. Les Américains, ajoute cette source, se montrent ouverts et positifs, sans cacher qu’ils recherchent la meilleure coopération sécuritaire ou de renseignement de la part d’États qui peuvent en savoir long, d’une façon ou d’une autre. Ce à quoi il leur a été poliment répondu que le Liban, qui n’a rien à cacher, a toujours collaboré pour ce qui est de fournir des informations utiles sur le terrorisme, pour le peu qu’il a pu en disposer. Retour au créneau diplomatique, marqué par l’inlassable activité de l’ambassadeur US, M. Vincent Battle, et de son staff. Cette équipe ne cesse de pousser à la roue pour que le Liban applique les sept dispositions comminatoires prévues dans le programme américain de coalition antiterrorisme. Même, ou surtout, si Beyrouth n’est pas visé directement, insistent les Américains, il faut qu’il s’arrange pour placer sous l’éteignoir les organisations taxées de terrorisme que son territoire héberge. Il est cependant précisé que le Hezbollah n’y est pas inclus et qu’il s’agit surtout de bandes, comme celle d’Abou Mahjane, installées (réfugiées, c’est le mot) dans les camps palestiniens. En fait, Washington ne fait à ce propos que revenir à la charge. Car à deux reprises déjà, en mars puis en juillet dernier, il avait demandé aux autorités libanaises de nettoyer les nids terroristes. Dans un rapport top secret, dont certaines indications ont été filtrées en direction des médias, les services US affirmaient que certains groupes préparaient à partir du Liban des attentats contre les intérêts américains dans le Golfe. Ils précisaient que ces cellules, relevant sans doute de Esbat el-Ansar, sont liées à la el-Qaëda de Ben Laden. Aujourd’hui, l’ambassadeur Battle se montre particulièrement soucieux à cet égard. Lors de ses rencontres avec les responsables libanais, il multiplie les demandes d’éclaircissement sur le dossier de l’extrémisme islamiste au Liban comme sur les activités d’éléments non-libanais de diverses nationalités soupçonnés d’appartenir à la nébuleuse terroriste de Ben Laden. Ces personnages seraient établis dans les camps palestiniens ou auraient soit visité le Liban, soit transité par l’AIB. Les autorités locales ont répliqué en prenant la tangente, c’est-à-dire en affirmant ne rien savoir des noms qu’on leur a cités. Ajoutant qu’il n’y a pas sur le territoire que contrôle l’État libanais d’organisation terroriste. Plus exactement, qu’il n’y en a plus, après le nettoyage effectué par l’armée, au prix de quinze soldats tués, dans le jurd de Denniyé. Cette première réponse, il convient de le souligner, a été vivement critiquée sur la scène locale, même de la part de cadres loyalistes. «Il ne faut pas, dans une telle tension, jouer au plus fin, dit un pôle influent. Les Américains ne plaisantent pas. Les informations, ils les ont déjà et ils savent que nous les connaissons. Ils veulent tester notre degré de coopération et il vaut bien mieux jouer avec eux la transparence. D’autant que nous nous devons à nous-mêmes de veiller à l’application de la loi, par l’interception des suspects désignés. Aucun Libanais n’ignore qu’il subsiste, même en dehors des camps palestiniens qui restent politiquement inaccessibles, ce que l’on appelle des îlots d’insécurité. Aucun Libanais n’oublie le cas de Toufayli, qui sert d’exemple d’insubordination, même si ce dignitaire n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec le terrorisme. Il y a des zones, un peu partout sauf au centre, que l’État doit reprendre effectivement en charge. Sur tous les plans, car ces régions sont déshéritées et ont besoin d’aide au développement à hauteur de deux milliards de dollars. C’est peu cher payé pour les regagner et enrayer tout germe de subversion. Nous ne devons pas, conclut cette personnalité, tenter de nous dérober à nos obligations internationales. La résolution 1 373 du Conseil de sécurité menace de sanctions, conformément au chapitre sept de la charte de l’Onu, tout pays qui ne bloque pas les avoirs des instances terroristes. Une liste nous a été fournie, veillons à la vérifier». Cependant, à ce propos, le président du Conseil et le gouverneur de la Banque centrale assurent que le Liban va pleinement coopérer, dans le cadre des législations qu’il a instituées et dans le respect global du secret bancaire.
Inquiétude à Beyrouth, comme dans le reste du monde arabe, après le démenti apporté au roi Abdallah de Jordanie par Washington. Qui précise n’avoir jamais donné au souverain hachémite l’assurance qu’aucun pays arabe ne serait visé par des opérations de guerre, dans le cadre du combat US contre le terrorisme. En ce qui concerne le Liban, les pressions américaines...