RELIGION - Il sera béatifié le 7 octobre par Jean-Paul II - Le bienheureux Ignace Maloyan, évêque au Liban, martyr à Mardine

Le pape Jean-Paul II béatifiera dimanche 7 octobre, au cours d’une cérémonie publique, place Saint-Pierre, l’évêque arménien-catholique Ignace Maloyan, l’une des victimes de la politique de déportation pratiquée par l’empire ottoman, qui a culminé en 1915 par le génocide du peuple arménien. Le Pr Jihad Naaman, de l’Université libanaise, nous fait parvenir un texte dans lequel il dégage le sens de la sainteté et du martyre, vécu par l’évêque, qui est passé, comme la plupart des prêtres arméniens-catholiques, par le couvent de Notre-Dame de Bzommar . «Par ses prières, par ses actions, par sa vie, voire même par sa mort, Mgr Ignace Maloyan prolonge, dans l’unité de l’Église, la prière, l’action, la vie et la mort du Christ. Comme un nouveau saint Paul prenant pour modèle le Christ, “il achève dans sa chair ce qui manque aux souffrances du Christ, au bénéfice de son corps qui est l’Église”. Mgr Maloyan trouve aussi le Christ dans les autres; et, par là encore, se manifeste l’unité de l’Église. Jésus l’a dit lui-même: “Ce que vous ferez au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi-même que vous l’aurez fait”. Et sur le chemin de Damas, il affirmait avec force à Paul qui persécutait les chrétiens de Jérusalem: “C’est moi que tu persécutes”. L’Église est un corps vivant. Mgr Maloyan était persuadé que, dans notre organisme mortel, lorsqu’un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui, et que de même dans l’Église, chaque membre ne vit pas pour lui, mais tous s’aident réciproquement, pour leur mutuelle consolation et pour un meilleur développement de tout le corps. La charité – loin de toute rancune – est pour Mgr Maloyan le moyen d’expression de l’unité vécue au Liban, en Égypte, en Turquie et ailleurs, et reflétée dans ses homélies de prêtre ou d’évêque, jusqu’à son martyre à Mardine. C’est ce que répéteront sans cesse les Apôtres et ce que nous redit l’Église : “Par-dessus tout, au-delà de tout, ayez la charité”. Notre prélat a relu la prière sacerdotale de Jésus et a ainsi mesuré la force de l’unité de l’Église: “Que tous soient un, comme Vous, Père, êtes en Moi et Moi en Vous… Qu’ils soient un comme Nous sommes un”. C’est l’unité même de la Sainte Trinité que Mgr Maloyan a reconstituée voire même incarnée. C’est la communion de nature et d’action qui unit le Père et le Fils “dans l’unité du Saint-Esprit”. Aucune réalité humaine, si haute soit-elle, ne pouvait convenir comme modèle d’unité pour l’Église : la comparaison du corps elle-même est encore imparfaite. Jésus nous a laissé en exemple l’unité la plus profonde qui soit : celle-là même qui le fait un avec son Père. Avec le Christ et dans le Christ, nous formons un seul corps, un seul esprit, une seule vie : “Je suis la vigne et vous êtes les sarments…”». *** «Ô pasteur, resté si vivant dans le cœur de ceux qui l’ont connu. Aucune prestance extérieure, rien de populaire, jamais de pose pour la galerie, ni dans ses paroles ni dans ses sorties. Mais quelle flamme couvait au fond de lui et en faisait un foyer de lumière et de chaleur, quand il s’agissait de guider ses militants et ses prêtres, de secouer ses chrétiens, de défendre son peuple et sa cité sans négliger le pardon et l’esprit de tolérance ! Quel évêque ! C’est l’exemple du Bon Pasteur qui connaissait ses brebis. Il militait, à travers les quartiers ouvriers, les réunions de gens éreintées, pour réaliser les idées du Vrai, du Beau et du Bien. L’éminent évêque n’est pas mort, mais son départ a contribué à ouvrir la porte d’où se répandent les sacrements de l’Église, par qui nous avons la vie véritable. Sollicitons donc son intercession auprès du Très Haut. Maloyan a été un évêque modèle. Les saints nous montrent tous, chacun suivant sa vocation, la splendeur du même Maître. Réussites de la grâce, les saints sont aussi des réussites de l’Église. Ils se sacrifient pour tous les hommes, afin qu’ils soient sanctifiés dans la vérité. Les saints sont ainsi des exemples et des patrons. C’est l’Église qui nous les montre ainsi. Ils ne sont pas seulement des intercesseurs, mais aussi des témoins authentiques et des modèles à suivre. Prions pour que la sainteté de l’Église, comme le levain, lève la pâte du monde comme par une contagion d’amour et transforme les hommes et les femmes en témoins et modèles, à l’image du bienheureux Maloyan».