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Actualités - OPINIONS

Dans l’œil du nombril

Déjà que, d’instinct, le Libanais croit raide que la terre entière tourne autour de son nombril, il lui manquait les attentats du 11 septembre pour s’imaginer que son bled figure d’emblée au centre des cartes d’état-major de l’armada de la revanche. Du coup, c’est fou ce qui se dit comme âneries dans les salons de Beyrouth. Des âneries grosses comme ça ! Énormes, monumentales. Mais ça fait du bien, semble-t-il, et ça ventile le système nerveux. Y a d’abord l’intello compassé-constipé-bouche-en-cul-de-poule. Le genre de mec qui est rassuré quand on ne le comprend pas. Lui, il te brosse une étude anthropologique comparée entre les Tadjiks du Nord-Est, les Pachtounes de la frontière pakistanaise et les chevriers de l’Hindou-Kouch… C’est pas qu’il fraye avec ces gens-là, mais la psychologie du basané, ça le connaît. Alors forcément pour lui, Ben Laden n’est qu’un banal obsédé sexuel qui a voulu se taper les jumelles de New York. Puis, tu as le mec des «services». Tu sais, cette demi-douzaine d’officines qu’on paie avec nos impôts pour, théoriquement, espionner les Hébreux, mais qui se sont recyclés dans le collage de portraits près du Palais de Justice. Alors lui, son truc pour draguer dans les salons, c’est de raconter comment il a arrêté un bambin patibulaire qui s’apprêtait à détourner une trottinette pour la projeter sur le falafel shop du coin. On a l’Afghan qu’on peut… Bon, je te passe rapidement : - Le parano grave qui pense que Mister Ben fait ses ablutions, planqué dans sa salle de bains. - Le mythomane qui a appris de «source sûre» que le pataquès était l’œuvre des kamikazes de Jean-Paul II. - Le rigolo dont la femme du cousin s’est tirée de la tour, 8,7 secondes avant l’impact. - Le sous-fifre judiciaire qui flétrit les limiers du FBI, qui n’a pas encore pensé à chercher «the» pièce à conviction, à savoir, un poil de barbe dans les débris du World Trade Center… Conclusion : faut être Libanais pur yaourt pour s’occuper des grandes crises internationales, quand on a tâté de dossiers aussi prestigieux que les fermes de Chebaa, la bisbille entre Kornet Chehwane et Baabda et le prochain scrutin des Kataëb.
Déjà que, d’instinct, le Libanais croit raide que la terre entière tourne autour de son nombril, il lui manquait les attentats du 11 septembre pour s’imaginer que son bled figure d’emblée au centre des cartes d’état-major de l’armada de la revanche. Du coup, c’est fou ce qui se dit comme âneries dans les salons de Beyrouth. Des âneries grosses comme ça ! Énormes,...