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Actualités - ANALYSES

La rencontre Joumblatt-Sfeir d’aujourd’hui - Recentrage sur la vie politique locale

Bien évidemment, l’actualité c’est la lutte contre le terrorisme, après les attentats de Manhattan. Mais la vie n’en continue pas moins. La vie politique, ou ce qui en tient lieu, également. C’est donc des questions locales récurrentes que M. Walid Joumblatt, qui se rend aujourd’hui à Bkerké à la tête d’une délégation de la Rencontre démocratique, doit débattre avec le patriarche Sfeir. D’ailleurs leurs points de vue respectifs sur les événements mondiaux à retombées régionales ne sont pas tout à fait concordants. Sans être totalement inconciliables. En effet, si le leader progressiste développe une thèse d’attaque, ou de contre-attaque, plutôt américanophobe, le prélat, pour sa part, tient un discours résolument œcuménique, axé sur l’unité de cœur des Orientaux, musulmans et chrétiens confondus. Et condamne d’avance, comme le pape, toute vindicte occidentale aveugle, tout déchaînement de haine ou de violence. Mais, répétons-le, le fond du discours n’est pas le même. M. Joumblatt va en effet assez loin, certains disent assez profond, dans une approche d’hostilité que le cardinal ne partage pas, pour ne pas dire qu’il la réprouve. Selon le leader du PSP, ce n’est pas une guerre au terrorisme que l’Amérique déclare. Mais une guerre ethnique, voire raciale. Pour un mobile intéressé, économique, pétrolier et gazeux. D’après lui, les États-Unis veulent faire main basse sur les ressources de l’Afghanistan. Et mieux contrôler le marché du brut par une surveillance militaire nettement accrue dans l’ensemble de la région. Il ajoute que les États-Unis impriment un mouvement de rejet de leurs résidents musulmans et arabes, se proposant d’en remplacer les colonies par des immigrés d’autre provenance. On voit donc que la visite rendue à Moukhtara par le nouvel ambassadeur américain, M. Vincent Battle, n’a pas eu pour résultat d’amener M. Joumblatt, qui s’était d’entrée de jeu posé des questions sur la CIA et le Mossad, à mettre de l’eau dans son vin. Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, développe, pour sa part, une action de communication préventive intensifiée en direction de l’Occident. Il s’est rendu d’urgence auprès de son grand ami, le président Jacques Chirac, lui-même de retour d’une visite au président Bush. Le Premier ministre libanais a eu de la sorte la satisfaction de s’entendre confirmer que le Liban n’est pas placé comme cible dans le programme de riposte envisagé par Washington. M. Hariri a ensuite transmis ces indications au président Bachar el-Assad, puisque la Syrie, toujours placée sur la liste noire US, est concernée au premier chef par les intentions de l’équipe Bush. Mais une fois ces données établies, et à part le dégonflage des ballons d’essai lancés ici ou là en Occident par l’intox médiatique sionisée, il ne reste plus au Liban qu’à attendre les développements. En spectateur intéressé mais non impliqué. Il est donc normal qu’avec la rentrée, la flambée des prix et le malaise social croissant, les pôles libanais se remettent à plancher sur la crise locale. Pour y faire face, même certains opposants en conviennent, il faut se serrer les coudes. D’autant que le péril sharonien subsiste, malgré les évidentes fortes pressions d’apaisement déployées par les Américains. Qui n’ont aucune envie de laisser Sharon ouvrir un front de diversion contre la Syrie et le Liban, au risque d’embraser la région. Dans le même esprit d’arrangement, des sources libanaises généralement fiables quoique loyalistes, laissent entendre que Washington aurait l’intention de promouvoir le rôle régulateur, stabilisateur, de Damas dans la région. Pour faciliter la reprise du processus de paix. Une indication que les opposants trouvent assez habile, sinon intelligente. D’après eux en effet, ce que les loyalistes veulent dire en somme, c’est tout simplement que le langage qu’il était possible de tenir avant le 11 septembre devient aujourd’hui déplacé. Autrement dit qu’il n’est pas très conseillé, quand on se réclame des tuteurs, de s’en prendre aux USA qui auraient actuellement la sympathie attentiste des décideurs. Inversement, ajoutent les opposants, on veut faire comprendre à l’Est qu’il doit mettre une sourdine à ses déclarations concernant le repli syrien, puisqu’elles n’ont plus aucune chance de susciter des échos favorables du côté de Washington ou même de l’Europe. Pourtant, et leurs déclarations respectives autant que successives en font foi (c’est le mot), ni M. Joumblatt ni le patriarche Sfeir ne se laissent impressionner. Comme le leader du PSP ne cesse de le répéter, pour ce qui est de l’angoisse locale, ils sont sur la même longueur d’onde, tentent d’agir de concert, dans le prolongement de leur initiative commune en montagne. Mais il faut tout de même souligner que M. Joumblatt estime qu’une relance de la campagne pour le retrait syrien serait inappropriée. Un peu dans le même sens, il se propose d’expliquer son point de vue réservé au sujet du dernier manifeste des évêques. D’une manière générale, le camp joumblattiste pense qu’il faut procéder à une nouvelle analyse de la situation à la lumière des récents bouleversements. Ajoutant que cela n’empêchera pas l’esprit de coopération et de dialogue amical avec Bkerké de continuer à se développer. Pour le bien de tous, et surtout des enfants de la montagne.
Bien évidemment, l’actualité c’est la lutte contre le terrorisme, après les attentats de Manhattan. Mais la vie n’en continue pas moins. La vie politique, ou ce qui en tient lieu, également. C’est donc des questions locales récurrentes que M. Walid Joumblatt, qui se rend aujourd’hui à Bkerké à la tête d’une délégation de la Rencontre démocratique, doit débattre...