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Actualités - ANALYSES

Le gouvernement invité à prendre des mesures d’austérité - Le Liban pourra-t-il échapper à la bourrasque récessionniste ?

La crise économique et sociale était déjà à son paroxysme. De toute évidence, la précarité de la situation dans la région à la suite des attentats à Washington et New York n’a fait que l’aggraver. Sur le plan local, la question se pose ainsi de savoir si les risques qui planent sur la région auront des répercussions sur le débat budgétaire au Parlement. L’alternative est la suivante : soit l’Assemblée décide d’approuver rapidement elle projet quitte à l’assortir de quelques amendements mineurs, soit elle opte pour une révision du budget dans le sens d’une réduction simultanée des dépenses et des recettes de l’État. Dans les milieux parlementaires, d’aucuns estiment que les attaques contre les États-Unis ayant eu des conséquences néfastes sur l’ensemble de l’économie mondiale, il n’y a aucune raison que le Liban y échappe. D’où, selon eux, la nécessité de réviser le projet de budget actuel. De fait, celui-ci pourrait ne plus répondre aux besoins nés de la nouvelle conjoncture internationale. Il convient donc de revoir le projet à la lumière des répercussions d’une éventuelle frappe américaine sur l’économie mondiale. Il faut prévoir dans ce cadre une baisse des recettes du Trésor en raison des bouleversements susceptibles de se produire dans la région, et une augmentation des dépenses due à des situations inopinées. En outre, le gouvernement ne peut plus compter sur les rentrées que drainerait au Liban la tenue du sommet de la francophonie, encore moins sur la conférence de Paris II. En effet, nul ne peut prévoir les surprises et les rebondissements que réserve une situation aussi volatile sur le plan international. Selon ces députés, il faut donc à tout prix réviser les dépenses à la baisse. D’autre part, les nouvelles taxes décidées par le gouvernement, notamment celles qui concernent l’essence, sont plus que jamais indispensables pour couvrir les dépenses qui seraient inéluctables en cas de crise. D’ores et déjà, il convient sans doute de modifier le slogan d’un «budget de confiance et de redressement» pour le remplacer par celui de «l’austérité» ou peut-être même, «à Dieu ne plaise», par le slogan du «budget de guerre», ajoutent les mêmes sources. En tout état de cause, des coupes sont encore possibles. En effet, il y a des dépenses stériles qui peuvent être éliminées, du moins provisoirement. Il convient ainsi d’économiser les salaires versés jusqu’à présent à des fonctionnaires dont le sort n’a toujours pas été fixé, soit parce qu’ils attendent toujours leur mutation dans d’autres administrations, soit parce qu’ils ont été mis à la disposition du gouvernement. L’exemple des États-Unis est patent : que de compagnies ou de sociétés américaines ont décidé en effet de licencier une partie de leur personnel en raison des attentats du 11 septembre. D’autres mesures d’austérité sont encore possibles, estiment les mêmes députés, donnant dans ce cadre les idées pratiques suivantes : – Priver pour un temps les militaires à la retraite des bons d’essence auxquels ils ont droit. – Résilier les contrats de location d’immeubles dont l’État n’a pas besoin. On précise à cet égard que le Trésor paye actuellement 60 milliards de LL de loyer desquels il peut aisément déduire 860 millions sachant que nombre d’immeubles sont inutilisés et inoccupés. Supprimer provisoirement les rentes versées aux anciens présidents et députés. – Geler le service du drapeau. – Éliminer les allocations supplémentaires auxquelles les présidents, les députés et les ministres ont droit, le temps que la crise économique et financière s’atténue. – Supprimer la Caisse du Sud et les autres fonds similaires, ainsi que les subventions de certains produits que le Trésor n’est plus en mesure d’assumer. – Majorer les recettes en exerçant un contrôle plus strict sur la perception des factures d’électricité et sur les communications internationales... Abordant par ailleurs le problème de la dette publique, les députés susmentionnés estiment que sa réduction est impossible aujourd’hui à travers d’éventuelles privatisations, tout investissement étant considéré aléatoire à l’heure actuelle. Il faudrait donc songer à de nouvelles aides financières ainsi qu’à des prêts. Les espoirs d’une croissance économique sont d’autant plus minimes qu’à la lumière de la lutte engagée contre le terrorisme dans le monde, les investissements sont de moins en moins probables. La plupart des experts économiques conviennent dorénavant du fait que la situation est dangereuse. Elle nécessite par conséquent des décisions fermes et radicales, une entente politique à toute épreuve et des efforts concrets visant à appliquer lesdites décisions. Le budget 2002 doit constituer dans ce contexte un pas essentiel sur la voie d’un règlement de la crise. D’autre part, prudence et vigilance sont plus que jamais de rigueur : il faut éviter des réactions négatives aux attaques perpétrées contre les États-Unis sur la scène locale, car un rien est susceptible de conduire à une fuite des capitaux étrangers – particulièrement américains – du pays. Mais le président de la République, le général Émile Lahoud, semble confiant à cet égard. À ses yeux, il n’y aurait rien à craindre quant au climat et à la stabilité politiques qui règnent au Liban. En un mot, la scène locale serait totalement immunisée contre toute tentative de déstabilisation, du moment que tous les leaderships sont conscient de la gravité de la situation actuelle sur le plan international.
La crise économique et sociale était déjà à son paroxysme. De toute évidence, la précarité de la situation dans la région à la suite des attentats à Washington et New York n’a fait que l’aggraver. Sur le plan local, la question se pose ainsi de savoir si les risques qui planent sur la région auront des répercussions sur le débat budgétaire au Parlement....