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Actualités - ANALYSES

DOSSIER RÉGIONAL - L’ordre nouveau paraît en marche - Spéculations à Beyrouth sur les prix à payer

Qui, dans la région, va payer le prix de la guerre contre le terrorisme ? La cause palestinienne ou la politique sharonienne ? À Beyrouth, où l’on sait d’expérience qu’en tout cas il faut redouter les conséquences des choix à venir, des diplomates s’efforcent de lire dans la boule de cristal. Pour voir si Washington va donner satisfaction au camp arabe, dans la mesure où il semble en avoir besoin. Ou s’il va continuer à se montrer partial en faveur d’Israël. Après la guerre du Golfe, les Palestiniens ont essuyé une forte pression, parce qu’ils s’étaient solidarisés avec l’Irak. Ils avaient été en butte à l’hostilité du Koweït comme d’autres pays arabes. Mais ils avaient pu assez rapidement reprendre espoir. Grâce à l’initiative de Bush père qui avait convoqué la conférence de Madrid. Le processus global engagé alors se fondait sur le principe de la terre moyennant la paix. Comme sur l’application virtuelle des résolutions 242, 338 et 425 de l’Onu. Mais Israël qui avait participé à la conférence à contrecœur, comme Shamir l’a avoué par la suite, s’est arrangé pour en torpiller les préceptes. Il a de même vidé de leur contenu les accords d’Oslo ultérieurement conclus, toujours sous pression US, avec les Palestiniens. Grosso modo, Israël a beaucoup gagné dans la guerre du Golfe. Il a été en effet débarrassé du souci que représentait pour lui auparavant la puissance militaire irakienne. Aujourd’hui, soulignent les sources diplomatiques, Israël espère que la nouvelle guerre lui soit aussi profitable que la précédente. Même s’il n’est pas admis à y participer, les États-Unis ne voulant indisposer ni les Arabes ni le Pakistan ou l’Indonésie. L’État hébreu n’en tente pas moins d’inciter les Américains à consacrer une partie de leur lutte contre le terrorisme à l’élimination des organisations palestiniennes. Et à la neutralisation de la Résistance libanaise, plus précisément du Hezbollah. Ce qui faciliterait un arrangement assurant l’hégémonie régionale d’Israël et sa sécurité. Mais, remarquent les diplomates, on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, comme dit l’adage. Ni à un vieux renard comme Yasser Arafat à déjouer les visées de l’ennemi. Il s’est donc hâté de donner son sang même aux Américains. Et dans la foulée, il a proclamé un cessez-le-feu. Pour court-circuiter le veto de Sharon à une reprise du dialogue entre lui et Peres. Rencontre qui devrait servir de rampe de lancement à de nouveaux rounds de négociations bilatérales. En base du plan Mitchell et du document Bennett. Bien entendu, Sharon ne veut pas en entendre parler. Car le redémarrage des pourparlers signifierait que les USA n’auraient plus envie de frapper, ou de faire frapper, les organisations palestiniennes. Si tant est qu’ils se laissent convaincre de cette «nécessité» par leur allié boutefeu sioniste. Qui a laissé percer ses intentions, en se plaignant auprès de l’Onu que les Palestiniens ne respectent pas la trêve, avant même que ne se produisent les incidents de jeudi. Mais, selon les diplomates cités, Washington n’est plus disposé à observer les bras croisés les manœuvres de Sharon. Les Américains, affirment ces sources, ont compris que leur passivité des derniers mois est sans doute une des causes annexes de leur malheur. Et ils réalisent qu’ils n’ont pas le choix : pour stabiliser, en la rendant inoffensive, cette région cruciale du monde, ils doivent remettre sur les rails le processus de paix. Le plus rapidement possible. Car les heurts israélo-palestiniens risquent de faire capoter le projet de coalition internationale contre le terrorisme.
Qui, dans la région, va payer le prix de la guerre contre le terrorisme ? La cause palestinienne ou la politique sharonienne ? À Beyrouth, où l’on sait d’expérience qu’en tout cas il faut redouter les conséquences des choix à venir, des diplomates s’efforcent de lire dans la boule de cristal. Pour voir si Washington va donner satisfaction au camp arabe, dans la mesure où...