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Actualités - CHRONOLOGIES

Blanchiment - Beyrouth sévère au point de s’étouffer - (À petit) feu le marché

Mani pulite. Mains propres. En mains propres, l’État tient le dossier de l’argent sale. Et à mains nues, pour le compte de la Banque mondiale, il étrangle son propre marché. Déjà pas bien oxygéné. La camisole de force dite du blanchiment ligote toutes les institutions privées qui ne sont pas soumises à la loi sur le secret bancaire du 3/9/1956. C’est-à-dire les comptoirs de change, les sociétés de courtage financier, de location de fonds, d’investissements collectifs, les agences immobilières, les entreprises de construction, les promoteurs fonciers, les compagnies d’assurances, le commerce de luxe (bijoux, pierres précieuses, l’or, les antiquités, les objets d’art). La barre est placée à 10 000 dollars. Toute opération, de vente ou d’achat, égale ou supérieure à ce montant doit être consignée dans un bordereau spécial. Mais auparavant, les intéressés (qui ne le sont plus beaucoup dans de telles conditions) doivent s’acquitter d’une tâche policière sophistiquée. Qu’on en juge par référence au texte : – Ils doivent s’assurer de l’identité et de l’adresse exactes de leur clientèle, en base de documents officiels authentifiés qu’ils ont à se faire remettre. Ils doivent en conserver copie conforme, ainsi que de toutes les opérations effectuées, pour une durée d’au moins cinq ans. – Les institutions bancaires et financières sont tenues de vérifier la véracité des déclarations identitaires de leur clientèle régulière. Elles doivent prendre connaissance de l’identité de l’ayant droit économique d’origine en cas de transaction par le biais d’intermédiaires. Et dépister le véritable commettant quand il leur semble que les opérations se font sous couvert de noms d’emprunt revenant à des particuliers, des institutions, des sociétés ou des comptes numérotés. – Les mêmes procédures s’appliquent pour les clients de passage. (!) – Tous les indices laissant penser qu’il y a blanchiment d’argent doivent être signalés. Les institutions concernées doivent faire attention et prendre toutes les précautions nécessaires (?) pour dévoiler des opérations suspectes. – Elles doivent s’abstenir de délivrer des attestations ou des certificats non conformes à la réalité pour induire en erreur les autorités administratives et judiciaires. – Les commissaires aux comptes doivent s’assurer que les sociétés bancaires ou financières se conforment aux dispositions légales. Et dénoncer toute infraction au gouverneur de la Banque centrale. Et voilà comment on dynamise la place. Ce que cet assortiment de courroies ne précise pas, mais qui va de soi, c’est que pour pouvoir être en règle, les entreprises doivent se mettre en cheville avec une firme de détectives privés. Créneau qui n’existe pas dans ce pays. Pas plus d’ailleurs que les fonds pour en payer les services. C’est ce que relèvent nombre de professionnels, qui indiquent qu’en aucun autre pays, le carcan n’est si resserré. Et se demandent pourquoi l’État, si curieusement curieux, ne laisse-t-il pas à sa propre police le soin de procéder aux vérifications, aux enquêtes, aux investigations requises. En ajoutant qu’en tout cas, les petites ou moyennes affaires qui font vivre tant de gens, artisans compris, s’en ressentiraient. Alors que les grosses combines échappent facilement aux mailles de ce filet. Par les dessous-de-table ou par le secret bancaire . On est donc là en présence d’une bien étrange délégation de responsabilité publique. Supposée permettre au Liban officiel de montrer patte blanche côté blanchiment à l’Occident. Cependant, que les nostalgiques de l’ère ottomane courtelinesque se réjouissent. Ici, l’esprit bureaucratique n’a pas pris une ride. Ce n’est plus de la blanchisserie qu’il fait, mais du nettoyage de marché. Par le vide.
Mani pulite. Mains propres. En mains propres, l’État tient le dossier de l’argent sale. Et à mains nues, pour le compte de la Banque mondiale, il étrangle son propre marché. Déjà pas bien oxygéné. La camisole de force dite du blanchiment ligote toutes les institutions privées qui ne sont pas soumises à la loi sur le secret bancaire du 3/9/1956. C’est-à-dire les...