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Actualités - INTERVIEWS

Interview express - Le vice-président des Kataëb s’estime prêt à reprendre le parti en main - Pakradouni : « Lahoud, la seule option »

Pour Karim Pakradouni, vice-président du parti Kataëb et en qui certains voient le prochain président de la formation fondée par Pierre Gemayel, il faut distinguer entre deux dialogues, dont seulement un existe sur la scène libanaise actuelle : le dialogue des associés et celui des personnes hostiles. «Le premier de ces dialogues est absent», estime-t-il. Selon Pakradouni, il existe «une seule option» valable : «La politique du président Lahoud à laquelle il n’existe, pour l’instant, aucune alternative». «Celle-ci repose sur deux points essentiels : l’alliance avec la Syrie et l’établissement de l’État de droit et des institutions. Mais ce qu’il ne dit pas, et ce qui est essentiel, c’est qu’il tend à construire un Liban de stabilité», affirme-t-il. Selon l’ancien vice-président des Forces libanaises, «en face, il n’y a pas de vision d’ensemble. Il existe des revendications sectorielles telles que le retrait syrien du Liban, la libération de Samir Geagea, le retour de Michel Aoun». «Il y a quelque chose qui cloche au niveau de l’opposition chrétienne, elle est semée de contradictions. Le document de Kornet Chehwane a constitué un pas en avant. Il contient des prises de position importantes. À mon avis, ce manifeste a été dans le sens du président Lahoud, mais, en même temps, il est piégé par cette demande constante du retrait syrien. Or la présence syrienne au Liban est un problème stratégique d’avenir», poursuit-il. Pour Karim Pakradouni, «le dialogue doit d’urgence porter sur des problèmes d’avenir, comme le problème économique qu’il ne faut pas négliger en raison de nos divergences politiques». Et M. Pakradouni de souligner : «Les gens ne sont pas intéressés par les discours politiques. Ils sont préoccupés par la rentrée scolaire et par leurs problèmes économiques et sociaux quotidiens. Ils en ont marre des aventures et des grands slogans». En d’autres termes, pour Karim Pakradouni, il convient absolument de «mettre l’accent sur la micro-politique au détriment de la macropolitique». Peut-on ignorer les revendications chrétiennes ou bien le consensus est-il inévitable ? «Il faut un consensus. Il existe une formule libanaise. Chaque fois qu’une revendication d’une partie libanaise a été délaissée ou abandonnée, cela a créé un conflit. Et le contraire est vrai. J’ai un point de vue qui risque de choquer : le problème du Liban tout au long de son histoire n’a jamais été un problème de libertés. Preuve en est, à chaque fois qu’il y a une attaque contre les libertés, la réaction est immédiate. Le véritable problème du Liban, c’est la stabilité. Les Palestiniens y ont porté atteinte. Les Syriens au Liban en sont un facteur : c’est de là qu’ils puisent leur force. Et les États-Unis veulent un Liban stable au plan régional». La Syrie joue-t-elle effectivement ce rôle ? «Oui, pour les États-Unis, elle joue ce rôle. Il ne faut pas se tromper sur ce point. La décision du départ syrien n’appartient pas aux Libanais. Il s’agit d’une décision régionale». Pour Pakradouni, il faut miser sur le tandem Lahoud-Sfeir, le premier représentant «la stabilité» et le second «la sagesse». «Le dialogue entre les deux doit déboucher sur le règlement des problèmes comme celui de la présence syrienne au Liban et de la représentation des chrétiens», ajoute-t-il, en appelant les chrétiens «à la raison». Il met l’accent sur le problème de représentation au niveau chrétien, estimant que le retour de Aoun et la libération de Geagea ne résoudraient pas la question. «L’alternative, c’est de mieux représenter les chrétiens. Il y a beaucoup de personnalités proches du patriarche, qui peuvent être représentées au gouvernement et qui sont proches de tous les courants de l’opposition chrétienne. Les revendications chrétiennes doivent faire l’objet d’un dialogue et non pas constituer un diktat. Le président Lahoud a amorcé un dialogue important qui devrait, à mon sens, se dérouler au Parlement». Pakradouni propose la création d’un «comité de dialogue, institutionnalisé par le Parlement, groupant des parlementaires et des non-parlementaires, dirigé par le président de la République et qui aurait à l’ordre du jour les problèmes conflictuels. Le but serait de faire participer les gens à la décision et de décrisper la situation». Le dossier Kataëb Concernant le parti Kataëb, il réfute la thèse selon laquelle il y aurait une tentative «d’écarter le président Gemayel» de la course à la direction du parti. «Il l’a fait lui-même en choisissant le boycott. C’est dommage». Karim Pakradouni affirme que sa réconciliation avec le président du parti Mounir Hajj s’est faite par le parti et entre ses membres : «Nous nous sommes réconciliés de par nous-mêmes. Nous n’avons eu besoin de l’aide de personne pour le faire». Chacun des courants au sein du parti a sa base, ne craint-il pas d’hériter d’un parti fragmenté ? La réconciliation a-t-elle échoué ? «Oui, jusqu’à maintenant, mais je garde la main tendue à Amine Gemayel et à Élie Karamé. Même après les élections, je continuerai à le faire pour la réconciliation, parce que le salut des Kataëb en dépend». Commentant la réponse virulente du député Pierre Amine Gemayel lors de la messe à la mémoire de cheikh Pierre : «Ça nous a énormément blessés. Le président Gemayel a pensé que l’affaire du parti est une affaire facile et il s’est rendu compte que ce parti a beaucoup changé depuis qu’il l’a délaissé en 82. Mais les temps et les mentalités ont changé. Au lieu de s’adapter à ce nouveau parti Kataëb, il a voulu refaire le temps. Il va devoir s’adapter au nouveau parti et au nouveau Liban». «Quant à Élie Karamé, il a une position juridique contestant les élections de 1986. Cela fait 14 ans ! On ne peut contester éternellement les élections de 1986. Le passé, c’est l’impasse. Il faut une politique de rajeunissement pour le parti», dit-il en soulignant qu’il «me serait facile de diriger le parti pour le renouveler» parce que sa «nature tend au renouveau». On vous reproche quand même d’être passé de l’orbite Kataëb-FL à l’orbite syrienne… «C’est les Kataëb. J’ai fait le dialogue avec la Syrie en 1972. Quand l’entente avec la Syrie était nécessaire, nous l’avons faite. Je suis aussi celui qui l’a le plus combattue. Je sers les intérêts du Liban», se défend-il, en évoquant la nécessité pour la minorité chrétienne de retrouver un grand rôle au Liban pour que le pays lui-même recouvre son rôle au Moyen-Orient. «C’est le rôle du parti Kataëb», souligne-t-il. Concernant enfin la crise au sein des FL, il demande «à tous les Kataëb au sein des Fl de réintégrer les rangs du parti Kataëb en raison de tous les soubresauts qui vont continuer à secouer cette formation. Ils sont dans une phase de désintégration et j’espère qu’ils vont se réconcilier», conclut-il.
Pour Karim Pakradouni, vice-président du parti Kataëb et en qui certains voient le prochain président de la formation fondée par Pierre Gemayel, il faut distinguer entre deux dialogues, dont seulement un existe sur la scène libanaise actuelle : le dialogue des associés et celui des personnes hostiles. «Le premier de ces dialogues est absent», estime-t-il. Selon Pakradouni, il...