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Actualités - CHRONOLOGIES

Changement de donnes ou maintien du statu quo - Le Liban pour le moment dans l’œil du cyclone

Comme partout au monde, sans doute, les politiciens du cru ne voient l’événement que par le petit bout de leur propre lorgnette. Une expression qui, soit dit en passant, est assez fausse, puisque dans la réalité optique, ce petit bout est le bon. Suffisamment en tout cas pour permettre de distinguer, d’ores et déjà, des perspectives locales que les fumées de Manhattan rendent plutôt grises. C’est qu’à l’heure où le redressement économique est enfin reconnu sur place comme la priorité des priorités, le séisme planétaire provoqué par les bombes volantes contre le cœur financier de l’Amérique rend tout à fait problématique la tenue de Paris II. Et de ce sommet de la francophonie qui devait lui aussi nous apporter quelques aides appréciables. Sans compter qu’il serait dérisoire, dans les circonstances actuelles, d’aller à New York le 24 plaider devant l’Assemblée générale de l’Onu en faveur de nos multiples causes, politiques ou socio-économiques. Mais sans vouloir être cynique, on peut aujourd’hui à Beyrouth mitrailler ces deux clichés complémentaires : à quelque chose malheur est bon ; et, pour vivre heureux, vivons cachés. En effet, dans les nouvelles donnes qu’implique le déclenchement de la guerre du monde libre contre le terrorisme (il n’est plus question en effet de simple lutte contre ce fléau masqué), être un petit pays offre quelques avantages. Tout d’abord, dans la regrettable mais probable débâcle mondiale de l’économie, il serait moins difficile d’obtenir un moratoire de nos dettes. Sans besoin de tenir des conférences compliquées avec des conditions draconiennes posées par la Banque mondiale ou le FMI. Le Liban débiteur, dont la créance ne serait plus qu’une goutte d’eau dans la mer, gagnerait du temps sans être obligé de trop se serrer la ceinture. Et il est possible que le gouvernement renonce à quelques-unes des lourdes surtaxes prévues dans le cadre du budget de l’an 2001. D’autant que la flambée du pétrole risque de se répercuter localement sur la cherté de la vie. Même si le coup subi par le dollar devait réduire substantiellement le poids de notre endettement extérieur. Ensuite, sur le plan psycho-politique international, on note l’énorme différence entre le Liban d’aujourd’hui et celui d’avant Taëf. Dans ce sens que, fort heureusement, plus personne ne songe à nous faire jouer le rôle de bouc émissaire, en nous accusant d’être la plaque tournante, la base numéro un des mouvements activistes ou terroristes mondiaux comme le PPK d’Oçalan le Kurde, l’Armée rouge japonaise et les diverses organisations palestiniennes radicales. Même s’il subsiste quelques camps d’entraînement dans la Békaa, ce qui n’est pas prouvé tant s’en faut, c’est à Damas, et non plus à Beyrouth, qu’on en fait assumer la responsabilité virtuelle ces dernières années. Nous nous retrouvons donc dans l’œil du cyclone. C’est-à-dire que la tornade est certes autour de nous, tout autour, mais ne nous frappe pas directement. De plus, il n’est pas exclu, et certains opposants le souhaitent, que l’Occident exerce désormais de fortes pressions sur les États soupçonnés de laxisme, ou de complaisance, à l’égard des parties hostiles au projet de paix régionale. Ce qui pourrait se traduire localement par une promotion marquée de la cause des libertés comme de la cause indépendantiste. Entraînant par là un certain desserrement de l’emprise, pour ne pas dire de l’étau, dont l’Est se plaint. Cependant, les opposants locaux ne se dissimulent pas que la situation oscille entre les volets d’une alternative fondamentale. Soit, disent-ils, la partie coupable des attaques contre l’Amérique est rapidement identifiée. Et alors, à quelques nuances près, on maintiendrait le statu quo dans la région comme dans ce pays. Soit l’enquête prendrait beaucoup de temps. Ce qui est possible, même si l’on désigne du doigt Ben Laden car il pourrait n’être qu’un paravent, un fusible ou un simple complice d’une puissance commanditaire. Et alors, la guerre contre le terrorisme, voire le conflit de civilisations comme on dit en Europe, resterait aussi activée que globale. Ce qui signifierait des changements régionaux à la mesure des mutations extrêmes subies par les donnes internationales. Il faut donc, comme les Anglais, attendre et voir.
Comme partout au monde, sans doute, les politiciens du cru ne voient l’événement que par le petit bout de leur propre lorgnette. Une expression qui, soit dit en passant, est assez fausse, puisque dans la réalité optique, ce petit bout est le bon. Suffisamment en tout cas pour permettre de distinguer, d’ores et déjà, des perspectives locales que les fumées de Manhattan...