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Actualités - CHRONOLOGIES

FINANCE - James Tobin désavoue les opposants à la mondialisation

L’économiste américain James Tobin demeure favorable au principe de la taxe sur les transactions financières dite «taxe Tobin» qu’il a proposée dans les années 70, mais désavoue ceux qu’il nomme «les extrémistes» qui se réfèrent à son nom, dans une tribune publiée hier conjointement par les quotidiens Les Échos, le Financial Times et le Financial Times Deutschland. «Alors que l’Amérique semble encore l’ignorer, la “taxe Tobin” est au cœur des débats de réforme et des mouvements de protestation en Europe. Je n’ai rien à voir avec ces derniers et je ne connais pas leur programme politique. Toutefois, si je désavoue ces groupes, je ne désavoue aucunement ma proposition. Je n’ai aucune maîtrise sur la façon dont sont utilisés les termes “taxe Tobin”. Bien que je suppose que la plupart des partisans de cette taxe sont bien intentionnés, je déplore la stratégie employée par certains extrémistes», indique le prix Nobel d’économie. «Je comprends bien qu’une taxe sur les transactions réduit les liquidités et que cette taxe devrait porter aussi bien sur les transactions stabilisatrices légitimes que sur celles déstabilisatrices de la spéculation», écrit James Tobin dans sa contribution destinée à clarifier la portée de son projet. Il estime que «l’intérêt de cette taxe est que les transactions les plus fréquentes sont aussi les plus durement frappées». Reconnaissant que le fonctionnement du marché des changes requiert de fréquentes opérations interbancaires techniques, James Tobin recommande que les banques ne soient pas taxées sur chaque opération, mais sur l’évolution de leur position nette de change sur une période donnée, une semaine, par exemple. Pour combattre les paradis fiscaux, l’économiste recommande aussi que cette taxe soit levée dans la plupart des pays où les opérations de change représentent une part substantielle de l’activité des banques. « Ils se sont trompés » James Tobin souligne toutefois «qu’il a toujours souhaité diminuer le volume des transactions pouvant être taxées». Aussi déplore-t-il que les partisans les plus fervents de la taxe aient surtout retenu les recettes auxquelles elle donnerait lieu. Pour lui, «ils se sont trompés en y voyant une arme pour combattre les prétendus maux de la mondialisation». Le débat sur la «taxe Tobin» s’est intensifié en Europe depuis la dernière intervention télévisée du Premier ministre français, fin août. Lionel Jospin avait alors tendu la main aux militants antimondialisation qui demandent la mise en place de la «taxe Tobin», annonçant que la France demanderait à l’Union européenne de prendre une initiative en ce sens. Mercredi dernier, la France et l’Allemagne se sont mises d’accord pour créer un groupe de travail de haut niveau chargé de trouver les moyens de contrôler la volatilité des marchés financiers. La «taxe Tobin» figurera à l’ordre du jour du prochain Conseil européen des ministre de l’Economie et des Finances, qui se déroulera à Liège, les 21 et 22 septembre. James Tobin avait déclaré dans une interview publiée le 2 septembre par le magazine allemand Der Spiegel qu’il craignait que son projet ne voie pas le jour en raison de l’opposition qu’il suscite au sein des milieux financiers internationaux. Tir de barrage La «taxe Tobin» fait en effet l’objet d’un véritable tir de barrage. Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, et le directeur général du Fonds monétaire international, Horst Köhler, ont ainsi déclaré lundi qu’ils souhaitaient encourager la stabilité financière, mais qu’une «taxe Tobin» n’était sans doute pas le bon moyen d’y parvenir. Le président de la Bundesbank, Ernste Welteke, a qualifié de son côté cette idée de taxe «d’utopique». Le gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet, avait affirmé à la veille du week-end sur LCI que «tous les responsables de banques centrales sans aucune exception» étaient défavorables à l’introduction de cette taxe. Le président de l’Eurogroup, le ministre belge des Finances, Didier Reynders, dans un entretien publié par le quotidient Le Monde s’est dit sceptique sur l’efficacité de la «taxe Tobin», tout en se déclarant favorable à l’ouverture d’un débat sur le sujet avec la Commission européenne et peut-être la Banque centrale européenne. Lionel Jospin a semblé lui-même vouloir prendre, lundi, ses distances avec le projet de «taxe Tobin». Lionel Jospin a certes réaffirmé, lors d’un point de presse à l’issue de sa visite de travail de 24 heures à Athènes, qu’il souhaitait voir les instances internationales «compétentes» étudier une taxe sur les mouvements de capitaux spéculatifs. «La mondialisation ne pose pas que la question d’une taxe faible sur les mouvements spéculatifs très volatils. Il y a bien d’autres questions dans la mondialisation», a-t-il estimé.
L’économiste américain James Tobin demeure favorable au principe de la taxe sur les transactions financières dite «taxe Tobin» qu’il a proposée dans les années 70, mais désavoue ceux qu’il nomme «les extrémistes» qui se réfèrent à son nom, dans une tribune publiée hier conjointement par les quotidiens Les Échos, le Financial Times et le Financial Times...