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Actualités - CHRONOLOGIES

Élections municipales - « L’Orient-Le Jour » dans les villages de la zone libérée - Entre allégeance au pouvoir et lutte contre l’ordre établi - dans le caza de Marjeyoun - - À Khyam, localité symbole de la résistance, Amal et le Hezbollah contestés

Depuis 1963, les localités de la bande frontalière n’avaient plus choisi leurs représentants municipaux. Et hier, après des années d’occupation, et un peu plus d’un an à l’issue du retrait israélien, les enfants du Sud profond se sont rendus aux urnes. Dans le caza de Marjeyoun, notamment à Khyam, Jdeidet-Marjeyoun (chef-lieu de caza), Klayah, et Deir Meimass, l’ambiance variait selon les enjeux. Dans chaque village, d’une manière plus ou moins prononcée, on prêtait allégeance au pouvoir ou on luttait contre l’ordre établi, sur fond d’alliances familiales et de traditions électorales. La plus importante bataille se déroulait dans la localité symbole de la résistance : Khyam, où 55 candidats, figurant sur trois listes et d’autres indépendants, se disputaient 18 sièges. Dans ce village, qui compte 14 500 habitants en âge de voter, trois listes étaient en lice : la liste de Amal-Hezbollah (résistance et développement), celle des Fils de Khyam (soutenue par Habib Sadek, le chef du Forum démocratique), et celle de la Décision libre (formée d’indépendants) «soutenue par le Hezbollah et Amal pour affaiblir la liste des Fils de Khyam», explique, à L’Orient-Le Jour, M. Sadek, en ajoutant que les deux mouvements «ont utilisé diverses pressions sur les habitants, notamment par le biais du Conseil du Sud, qui a commencé la semaine dernière à payer des indemnités aux personnes originaires du village». Hier, une bonne partie des habitants de Khyam dénonçait «l’hégémonie des deux mouvements chiites sur leur village». «Les règles n’ont pas été respectées. Contrairement à l’accord conclu, dans la liste Amal et le Hezbollah ont, chacun, beaucoup plus que les deux sièges qui leur avaient été réservés. Ils ont prétendu que ce n’était plus le choix des partis, mais celui des familles», dénonce Hassan, un notable du village, qui renchérit : «Le président de la liste du Pouvoir ne vient même pas à Khyam pour le week-end ; il n’a pas restauré sa maison». Mohammed, la soixantaine, qui est resté au village sous l’occupation, se plaint de «ces curieux qui viennent faire la loi». Il n’en dira pas plus. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le député Ali Khalil, originaire de la localité, souligne la différence entre «les municipales et les législatives, où plusieurs facteurs entrent en jeu». Il semble qu’à Aytaroun et à Khyam, le terrain n’est pas assez balisé «au rouleau compresseur» d’Amal et de Hezbollah. À Jdeidet-Marjeyoun, chef-lieu de caza, une liste de coalition, où devaient figurer tous les mouvements de gauche, n’a pas pu voir le jour. C’est donc une liste complète, de quinze candidats, annoncée samedi soir, soutenue par le député Assaad Hardane et formée des membres du PSNS et d’indépendants, et une deuxième regroupant 13 candidats, qui sont restées pour la plupart dans la localité sous l’occupation, qui étaient en lice. Des indépendants communistes ou proches du courant, soutenus par Habib Sadek, se présentaient également aux élections. L’impossibilité de trouver un consensus s’explique par le rapport de force entre le président de la Caisse des déplacés, Chadi Massaad, originaire de Bourj el-Moulouk (localité voisine) et Assaad Hardane, qui préparent dès à présent les législatives. C’est une ambiance bon enfant qui régnait à Klaya, où 39 candidats, qui figuraient pour la plupart sur deux listes complètes, s’affrontaient pour 15 sièges. Soutenue par Massaad, la liste de la Fidélité affichait sa ligne politique : «Fidélité absolue au président de la République». Cette localité souffre encore du départ de ses habitants réfugiés en Israël : «Nous comptons 6 000 âmes, mais nous émigrons beaucoup, les fils de Klaya sont en Suède, aux États-Unis, à la prison de Roumieh, et surtout en Israël», plaisante un septuagénaire. Dans ce village, environ 2 000 des 3 500 personnes en âge de voter sont parties de l’autre côté de la frontière en mai 2000. «Il fallait les attendre, boycotter le scrutin… mais on était tellement enthousiastes de préparer les élections. Quand on y a pensé, c’était trop tard», culpabilise une femme après avoir accompli son devoir de citoyenne. À Deir Meimas, village de Soha Béchara, la liste complète de la coalition de gauche (PSNS-PC) affrontait une liste incomplète d’indépendants, restés pour la plupart au village sous l’occupation et soutenue par des notables proches de l’ancien président de la Chambre Kamel el-Assaad. Hier, c’était la première fois que Deir Meimas choisissait ses 12 représentants municipaux : en 1963, le conseil municipal avait été élu d’office grâce au consensus entre les habitants du village… qui avait tenu jusqu’en 1969. Cette année-là, le président du conseil municipal est mort, les autres membres ont présenté leur démission. Depuis, Deir Meimas n’avait plus qu’un greffier municipal…
Depuis 1963, les localités de la bande frontalière n’avaient plus choisi leurs représentants municipaux. Et hier, après des années d’occupation, et un peu plus d’un an à l’issue du retrait israélien, les enfants du Sud profond se sont rendus aux urnes. Dans le caza de Marjeyoun, notamment à Khyam, Jdeidet-Marjeyoun (chef-lieu de caza), Klayah, et Deir Meimass,...