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Actualités - CHRONOLOGIES

MEDITERRANEO - Dernière ce soir, 21h, avec Nahawand et la troupe Garcia Lorca - Cure de jouvence

Pour sa dernière programmation, le festival Mediterraneo de Byblos a pris sans doute le plus grand risque : attirer le public vers Nahawand, une diva égyptienne âgée de près de 80 ans et ayant quitté la scène arabo-libanaise dans les années 60. La poignée de curieux est arrivée sur la jetée du vieux port en se demandant à quelle sauce ses oreilles allaient être cuisinées. Vers 21h40, enfin, deux guitaristes de la troupe Garcia Lorca, du beau linge en provenance directe du fief flamenco espagnol, s’installent et donnent pendant dix minutes un bel éventail de leur talent. Puis les rejoint un chanteur en costume et cravate rose et aux cheveux gominés, doté d’une voix rauque et chaude, sur laquelle dansent trois femmes et un homme aux yeux de braise. Puis entre en scène José Galvez, 24 ans, pantalon et chemise en coton blanc, pieds nus et, entre les mains, une guitare flamenca pleine de promesses. Suavité vocale La Compania Garcia Lorca interprète pendant 20 minutes des compositions de Michel Éléftériadés avant que Nahawand ne les rejoigne sur scène, dans une obscurité totale. Une élégance des organisateurs qui ont, par ce tour de passe-passe ingénieux, focalisé l’attention des auditeurs non sur le physique mais sur la voix de la diva préférée du roi Farouk. La surprise est totale : Nahawand n’a presque rien perdu de ce qui a fait son succès il y a 40 ans. Bien au contraire : la fatigue évidente de ses cordes vocales donne aux mélodies une mélancolie et une suavité confondantes. Lorsque la lumière est revenue sur scène, Nahawand n’a plus eu peur de son âge puisque le public l’a tout de suite aimée pour sa voix. Un petit bout de femme habillée de noir avec autour du cou une immense écharpe en soie rose, à peine bijoutée, qui s’est refait en quelques minutes une nouvelle jeunesse : quelques classiques d’abord, en souvenir de ses amis Farid el-Atrache, Asmahane et Mohamed Abdel Wahab, qui ont jadis composé pour elle, quelques duos ensuite avec José Galvez, dans des arrangements très réussis entre l’arabe et l’espagnol. Sans compter quelques invités surprise, un jeune chanteur libanais, un trompettiste arrivé sur scène avec la belle Luna, très connue des aficionados de José Fernandez, qui s’est d’ailleurs discrètement installé parmi le public. Un peu de charisme et d’autorité Plus d’une heure après sa première apparition, la petite dame en noir, qui n’a rien perdu ni de son charisme ni de son autorité (et il en faut pour dompter les voix flamencas lorsqu’on est habitué à vocaliser dans le silence le plus total), revient sur les planches pour interpréter un très inattendu J’attendrai, un titre qui a fait la gloire de la regrettée Dalida. Un final en duo avec José Galvez qui, dès la sortie de scène, très applaudie, de Nahawand, n’a pas hésité à se jeter à l’eau et à gravir les gradins, trempé et au pas de course. Plus de deux heures après le début du concert, le public était encore là et a réussi à rappeler Nahawand. Un beau retour dans une carrière qui avait commencé sur les chapeaux de roue : la diva égyptienne s’est offert une magnifique cure de jouvence, dont les résultats sont à admirer ce soir, pour la dernière de Mediterraneo.
Pour sa dernière programmation, le festival Mediterraneo de Byblos a pris sans doute le plus grand risque : attirer le public vers Nahawand, une diva égyptienne âgée de près de 80 ans et ayant quitté la scène arabo-libanaise dans les années 60. La poignée de curieux est arrivée sur la jetée du vieux port en se demandant à quelle sauce ses oreilles allaient être cuisinées....