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Actualités - CHRONOLOGIES

Les sorties de la semaine - Cinéma français : un « Vatel » royal - Cinéma américain : un « American Psycho » ultranoir

Cette semaine, vous pouvez aller au cinéma : quatre nouvelles sorties sont au programme. Il en est deux dont vous pouvez vous dispenser : «A Knight’s Tale», de Brian Helgeland, qui est une erreur relevant d’un faux calcul, et «Get Over It», de Tommy O’Haver, qui n’est pas grand-chose (soyons indulgent). Mais les deux autres films – d’ailleurs aux antipodes l’un de l’autre – sortent de l’ordinaire. Le «Vatel» français de Roland Joffé, bien fait, bien joué, est spectaculaire et séduisant ; l’«American Psycho» américain de Mary Harron est d’une provocation extraordinaire dans la noirceur (du beau travail de cinéma !). Attention : dernière semaine probable pour «Legend of 1900», de Guiseppe Tornatore. Événement confirmé pour le jeudi 13 courant : sortie du film de Tim Burton, «Planet of the Apes». Pour les plaisirs du Roi... Vatel, de Roland Joffé Que savent les gens moyennement cultivés et férus d’histoire du dénommé Vatel ? Qu’il vivait au temps de Louis XIV, qu’il passait pour un maître-connaisseur en matière de fine cuisine et qu’il était au service, en tant qu’intendant, du prince de Condé. Ayant organisé, à l’occasion d’une visite royale, plusieurs banquets fastueux, Vatel, désespéré du retard de l’arrivage d’une cargaison de poissons, mit fin à ses jours. Légende ? En partie, sans doute. Le film de Roland Joffé propose une autre explication de cette fin tragique. D’abord, une précision à souligner. Dans le cadre général du cinéma français de ces dernières années, Vatel témoigne d’une ambition rare, servie par des moyens exceptionnels. Roland Joffé est un cinéaste de talent qui ne jouit probablement pas d’un préjugé favorable dans les cercles «dans le vent» à Paris. N’a-t-il pas signé la réalisation, en 86, du beau film The Mission (Palme d’or à Cannes) qui traitait de l’engagement jésuite en Amérique du Sud au XVIIIe siècle ? Et, en 84, de The Killing Fields, document implacable sur le régime des Khmers rouges au Cambodge ? Revenons à Vatel. Sans être un chef-d’œuvre – le film souffre de déficiences et de quelques ruptures de rythme au niveau du scénario – c’est une œuvre aux qualités remarquables. Les décors sont superbes et la reconstitution des festivités est spectaculaire. Mais il y a aussi les personnages – et ils comptent, dans ces intrigues où dominent la vanité, la jalousie et le cynisme, et tous les appétits charnels (ce n’est certes pas la dénonciation somptueuse du Barry Lyndon de Stanley Kubrick, mais on entrevoit la servitude et la misère des gens du peuple). Le prince de Condé, à la carrière politique tortueuse et compromise, reçoit donc la visite – pendant trois jours et trois nuits – du Roi-Soleil (et de sa cour) dont il doit, à tout prix, regagner les faveurs. Vatel sera l’instrument principal de cette importante mission, en supervisant toute l’ordonnance des plaisirs royaux. Parmi les dames présentes, Anne de Montausier (Uma Thurman) est une des créatures les plus séduisantes et les plus recherchées. Même sa Majesté sollicite ses faveurs, mais c’est à Vatel qu’elle se donnera. Vérité historique ? Allez donc savoir, et d’ailleurs !... Ce qu’il y a de très beau, c’est ce message ultime qu’aurait adressé Vatel à sa maîtresse [1]... et ainsi rédigé : «Madame, lorsque vous lirez ces lignes, j’aurai quitté ce monde avec un seul regret, celui de ne point pouvoir être auprès de vous. D’aucuns diront que l’échec du dernier banquet fut la cause de mon geste. Mais tandis que votre cœur s’ouvrait, et avant qu’il ne se referme, j’ai compris que je n’étais pas le maître des plaisirs, mais leur esclave. Puissiez-vous vous enfuir par un meilleur chemin. Votre maison se trouve, je crois, dans le Sud. S’il en est bien ainsi, souvenez-vous qu’il est, non loin de là, une terre en Vaucluse, où l’on plante des cerisiers entre les vignes. La saveur des cerises finit par embaumer le vin. – Votre serviteur, François Vatel». Gérard Depardieu, tout au long du film, est un Vatel surprenant de sobriété et de conviction. Son suicide est filmé, évoqué plutôt, avec une discrétion inattendue, un sens de l’ellipse tout à l’honneur d’un metteur en scène intelligent et inspiré. Ne manquez pas Vatel. [1]: document reproduit dans le programme officiel du 53e Festival de Cannes (2000). CONCORDE, FREEWAY, ABRAJ, KASLIK Pulsions de mort à Wall Street American Psycho, de Mary Harron Surprenant. Un des films les plus malsains, les plus inquiétants, qu’on ait vus depuis longtemps. Un des films les plus rigoureusement mis en scène – en adéquation parfaite avec son terrifiant sujet – qui soient venus d’Hollywood depuis des années. Sans parler de l’interprétation, étonnante: voyez Christian Bale dans American Psycho et demandez-vous à qui Hollywood distribue donc ses Oscars. Alors? Pourquoi a-t-on remisé l’œuvre de Mary Harron au rayon des films à ignorer (comme le Bulworth de Warren Beatty, en 98, autre exemple)? Sans doute parce que American Psycho trace un portrait terrible des «yuppies» de Wall Street – vains, vaniteux, plus secs que cyniques – dans les années 80 il est vrai, le roman de Bret Easton Ellis étant sorti en 91. Un livre choc qui avait dérangé les Américains. La donnée est simple. De jour, Patrick Bateman, élégant, séduisant, efficace, fonctionne à merveille. De nuit, il tue, souvent au hasard, n’importe qui. À moins que... Parce qu’il y a la fin, inattendue, fantasmatique. Si vous ne craignez pas de troubler votre petit confort quotidien, allez voir American Psycho. Il vous restera à vous en remettre. CONCORDE, FREEWAY, ABRAJ, KASLIK Pas vus Get Over It, de Tommy O’Haver La chaîne interminable des petites comédies «ados» continue à tourner... à vide. Dans celle-ci, s’agitent Kirsten Dunst, Ben Foster, Ed Begley Jr et un certain vitamin C (sic). Sans autre commentaire. EMPIRE/DUNES/SODECO/ GALAXY/MKALLÈS, ESPACE A Knight’s Tale, de Brian Helgeland Situer une histoire de «chevaliers» au Moyen Âge en l’accompagnant de musique rock : l’idée est plus déconcertante qu’originale. Brian Helgeland, dont c’est le premier long métrage (tourné à Prague), était le scénariste de Curtis Hanson pour L.A. Confidential. Heath Ledger, la vedette de A Knight’s Tale incarnait le fils de Mel Gibson dans The Patriot, de Rolan Emmerich. Tout cela, pour information. Sans plus. ÉLITE, EMPIRE/DUNES/ SODECO/SOFIL/GALAXY/ MKALLÈS, ESPACE, St.-ÉLIE:
Cette semaine, vous pouvez aller au cinéma : quatre nouvelles sorties sont au programme. Il en est deux dont vous pouvez vous dispenser : «A Knight’s Tale», de Brian Helgeland, qui est une erreur relevant d’un faux calcul, et «Get Over It», de Tommy O’Haver, qui n’est pas grand-chose (soyons indulgent). Mais les deux autres films – d’ailleurs aux antipodes l’un de...