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Actualités - REPORTAGES

Un enrichissement personnel considérable

Un camp riche en émotions et en informations, c’est l’impression qu’ont retenue les participants vers la fin de la semaine. Sur le fameux exercice où les organisateurs ont simulé une situation de confrontation factice avec une autorité, sur les discussions concernant la mondialisation, sur la non-violence, sur leur avenir de militants tel qu’ils l’envisagent, cinq participants se prononcent. Un groupe hétéroclite mais uni dans le respect des droits de l’homme. Jamal a 21 ans et est étudiant en droit. Il est originaire de Ras el-Metn. Il avoue qu’«il y a beaucoup de notions que je ne connaissais pas, notamment sur la mondialisation et sur les privatisations, qui m’ont été inculquées». Les a-t-il adoptées ? «Totalement, répond-il. Je militerai sans nul doute contre la mondialisation parce que je suis convaincu qu’elle n’est pas bénéfique à la race humaine et que l’une de ses conséquences sera la négation de l’autre. Je suis cependant favorable à la mondialisation de la lutte contre la mondialisation !». Est-il devenu un adepte de la non-violence ? «Je l’ai toujours été, dit-il. Par contre, j’ai appris, durant cette semaine de camp, les moyens de la lutte non violente, notamment la planification de campagnes, la détermination des objectifs avec clarté…». Jamal affirme que la simulation d’agression qu’il a vécue a eu beaucoup d’impact sur lui. «J’ai appris quelle serait ma réaction lors d’une situation de confrontation extrême», souligne-t-il. Il compte continuer à militer au sein des Droits humains. May est professeur à Baalbeck et familière du mouvement des Droits humains. Elle a décidé de participer au camp «parce qu’on n’arrête jamais d’apprendre». «De telles activités m’aident à affiner des principes qui sont déjà les miens», ajoute-t-elle. Et pratiquement, qu’a-t-elle appris ? «Les moyens de la lutte non violente. De nouvelles expériences ne sont jamais de trop». Sur la simulation d’agression, elle avoue que «bien que je me sois doutée qu’il s’agissait d’un exercice, je l’ai vécue intensément». «Durant l’analyse qui a suivi, j’ai été étonnée de ma capacité à assumer mes responsabilités en matière de défense des libertés, même si je ne partage pas toutes les idées politiques de mes compagnons», raconte May. Docteur en pharmacie à 27 ans, Rana a toujours été intimement convaincue de la nécessité de défendre les droits de l’homme. Sa rencontre avec les droits humains a été fortuite, mais, quand elle a appris à connaître leurs méthodes, elle s’est sentie plus proche d’eux et a décidé de participer à ce camp. De quoi a-t-elle le plus profité durant cette semaine de camp ? «Les discussions psychologiques sur l’impact de l’éducation ne m’ont rien apporté de nouveau parce que j’ai fait beaucoup de lectures sur ces sujets, dit-elle. Par contre, j’ai trouvé les expériences sur le terrain très actives. Les discussions économiques m’ont été d’une grande utilité parce que je ne suis pas familière du domaine, et que cela m’a aidée à me former une opinion sur certaines questions». Abordant, elle aussi, le sujet de la simulation, Rana fait remarquer qu’elle n’aurait jamais pensé avoir «une si grande force intérieure». Quel changement aura produit en elle la participation à ce camp ? «Je me sentais seule dans ma lutte contre le confessionnalisme et contre les différentes sortes de discriminations, raconte-t-elle. Aujourd’hui, je sais qu’il y a d’autres que moi qui réfléchissent de la même manière. J’ai de nouveaux espoirs, moi qui en suis arrivée à envisager la possibilité d’émigrer !». Raymond, 31 ans, employé et étudiant, est membre actif des Droits humains depuis 1998. Sa participation au camp revêt pour lui une dimension quasi philosophique. «Je considère que le développement de soi est extrêmement important», dit-il. Quel développement de soi ? «Mes qualités intérieures s’épanouissent mieux au sein du travail en groupe, dit-il. Or, ici, nous apprenons à travailler ensemble, malgré nos différences». Que pense-t-il de la lutte non violente ? «J’ai peut-être encore des racines de violence en moi, mais j’essaie de les surmonter, répond Raymond, sincère. L’objectif, c’est de déceler la faille, de comprendre en quoi les résidus de notre éducation pourraient nous empêcher de participer activement à la lutte». Et la mondialisation, qu’en pense-t-il après toutes ces discussions ? «Je ne suis pas franchement hostile à la mondialisation, mais j’ai plutôt un avis mitigé là-dessus, déclare-t-il. Toutefois, il est toujours utile d’en identifier les dangers afin de ne pas tomber dans certains pièges». Ali, un jeune étudiant sudiste de 17 ans, vif et souriant, s’est déclaré surtout intéressé par les notions économiques qui lui tiennent à cœur. Péremptoire, il assène : «Les responsables politiques ne se préoccupent que de leurs propres intérêts !». Ali expose son point de vue très particulier sur la non-violence. «Je suis totalement acquis à cette notion, mais, dans certains contextes, je sens qu’elle ne peut répondre à toutes les aspirations, dit-il. C’est pourquoi il est important pour moi de participer à ce camp, pour renforcer ma conviction dans la non-violence, malgré le découragement qui me prend parfois». Le jeune étudiant se remémore avec beaucoup d’admiration l’expérience de la simulation d’agression (morale et non physique). «Il y a eu la peur, certainement, raconte-t-il. Mais ce qu’il y a de plus merveilleux, c’est que la “menace” nous a unis. Je n’aurais jamais pu imaginer ma réaction dans une circonstance pareille avant d’avoir vécu cela». Se sent-il capable de changer quoi que ce soit par le militantisme ? «Si tel n’était pas le cas, je ne serais pas là», répond-il, laconiquement. Comme une bonne partie des participants, apparemment, Ali compte poursuivre la lutte pour les droits de l’homme, probablement dans les rangs des Droits humains.
Un camp riche en émotions et en informations, c’est l’impression qu’ont retenue les participants vers la fin de la semaine. Sur le fameux exercice où les organisateurs ont simulé une situation de confrontation factice avec une autorité, sur les discussions concernant la mondialisation, sur la non-violence, sur leur avenir de militants tel qu’ils l’envisagent, cinq...