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Actualités - OPINIONS

Ces horizons qui fuient

« Onze ans, que cela passe vite onze ans La mort n’éblouit pas les yeux des partisans » L’Affiche rouge. Des vers chantants, mais plutôt mauvais, d’Aragon. Une commande du parti, pour couvrir une scabreuse histoire concernant vingt-trois camarades étrangers, dont des Arméniens, livrés aux nazis. Mais onze ans, si l’on n’a pas les yeux d’Elsa pour s’oublier, ça ne passe pas vraiment vite quand ça ne se passe pas trop bien. Et parfois, ça ne passe pas, ça vous reste en travers de la gorge. Comme cette boule qui vous étreint à entendre les jeunes tirer à boulets rouges, la rage au cœur, contre une caste, un système briseur d’avenir qui ne leur font aucun présent. Ces diplômés, ces techniciens, souvent formés ailleurs parce que c’est, ma foi, à la fois meilleur et moins cher, ne rêvent que d’y retourner faire leur vie et leur carrière. Il ne leur reste rien ici pour rester. Et ils ricanent quand ceux-là mêmes qui leur coupent tout espoir les supplient de ne pas partir. Lucides, matures comme on dit maintenant, ces jeunes relèvent que tout, en définitive, relève de l’aberration d’un dispositif politique qui dévore ses propres enfants. Onze ans, disent-ils, onze ans qu’on nous promet un État de droit et des institutions. Et nous n’avons toujours droit qu’à un État de fantômes, fantôme lui-même. Un État tout court nous suffirait. Tout ce qu’on nous offre, c’est un pouvoir qui se déchire dans des rapports de force absurdes, ubuesques, débilitants. De bras de fer en trêves épisodiques, tant va la cruche à l’eau maculée. Que la livre et le livre risquent de couler. À la baille. Et nous avec, alors bye bye.
« Onze ans, que cela passe vite onze ans La mort n’éblouit pas les yeux des partisans » L’Affiche rouge. Des vers chantants, mais plutôt mauvais, d’Aragon. Une commande du parti, pour couvrir une scabreuse histoire concernant vingt-trois camarades étrangers, dont des Arméniens, livrés aux nazis. Mais onze ans, si l’on n’a pas les yeux d’Elsa pour s’oublier, ça ne...