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Actualités - ANALYSES

L’entente au sein du pouvoir, condition indispensable, - mais également insuffisante, pour le redressement

Le match politico-sécuritaire est terminé. Ou suspendu. Pour le moment, les protagonistes s’accordent autour de la nécessité de sauver le pays socio-économique. Ainsi, lors de son point de presse avec le syndicat des journalistes, le chef de l’État a-t-il frappé. Pour immuniser le dossier économique des retombées néfastes de pareilles querelles. Il a précisé que l’entente retrouvée devrait pouvoir se lire à travers le tout prochain projet de budget 2002. Ajoutant qu’il y a là une occasion en or (c’est le mot) à saisir. Et que toute perte serait une déperdition commune. Les cercles professionnels locaux se réjouissent certes de cette harmonie retrouvée au sein du pouvoir. Ils n’en soulignent pas moins que ce facteur, tout à fait indispensable pour éviter le naufrage, ne suffit pas en lui-même pour mener le navire à bon port. D’autant que la récession s’est lourdement aggravée en quelques jours, à cause de la tension politique ambiante. La Banque centrale a de la sorte dû avouer qu’en quelques jours elle a perdu 600 millions de dollars pour soutenir la livre. Certains spécialistes affirment pour leur part que l’hémorragie de devises est en réalité bien plus considérable. Tout en admettant que la Banque n’a pas tort de ne pas livrer les chiffres réels, pour ne pas affoler davantage une population déjà aux abois. Le demi-aveu des trésoriers reste suffisant du reste comme message d’avertissement aux responsables. Pour qu’ils comprennent qu’à la prochaine crise, si elle devait se produire, il n’y aurait pratiquement plus moyen d’empêcher l’effondrement de la monnaie nationale. Dont la stabilité reste l’un des rares boucliers contre la perte de toute confiance, de tout espoir dans un assainissement progressif des finances publiques. Les mêmes sources économiques concernées répètent donc qu’il faut accélérer la mise en place de mesures salvatrices. Sans cacher la sourde inquiétude que suscitent les divergences de vue techniques entre les camps qui participent au pouvoir. On sait en effet que ces derniers temps, une partie des loyalistes a critiqué le gouvernement, en affirmant qu’il n’a pas de plan de redressement. Les haririens répondent en s’étonnant de ces assertions. Du moment que le programme de sauvetage, tout à fait détaillé, a été soumis au Conseil des ministres. Et se trouve du reste illustré dans le projet de budget 2001 qui va être bientôt adressé au Parlement. Les cercles économiques craignent cependant que les passes d’armes sur l’existence ou la non-existence d’un plan de redressement ne débouchent sur une confrontation d’écoles. On sait en effet que des spécialistes, qui ont collaboré sous M. Hoss deux ans avec le régime, pensent qu’il faut une restructuration compressive de l’économie, un plan dirigiste quinquennal ou septennal. Tandis que la frange haririenne actuellement en charge opte pour une stratégie néolibérale avec réduction des barrières douanières, baisse de la fiscalité, privatisations, emprunts privilégiés. Et surtout, dynamisation des dépenses publiques dites productives, c’est-à-dire en faveur des projets adjugeables, au lieu de l’austérité, de la retenue appliquées sous le précédent gouvernement. Pour tout dire, ces deux lignes pourraient venir en opposition au sein du Conseil des ministres qui comprend comme on sait nombre de piliers qui ne sont pas réputés être proches de M. Hariri. Ainsi les observateurs avertis relèvent qu’à plusieurs reprises le chef du gouvernement s’est heurté à des manœuvres d’obstruction se rapportant à des mesures ou des projets qu’il voulait lancer. Mais ses proches se veulent désormais aussi rassurants qu’ils se disent rassurés. Ils affirment en effet que le chef de l’État et le président de la Chambre apportent désormais au gouvernement leur plein soutien, sans réserve mentale. Ce qui devrait se traduire par une attitude similaire de l’ensemble des ministres comme de la majorité parlementaire. Tandis que M. Hariri lui-même se déclare soucieux de voir la responsabilité bien partagée. C’est-à-dire de faire en sorte de bien consulter tout le monde avant de prendre les décisions requises. Sage état d’esprit dans un pays composite où rien ne peut se faire sans consensus. Sans compter, comme le répètent en chœur Baabda et le Sérail, qu’entre réussite et échec, tous les Libanais sont à bord d’un même navire. En tout cas, les prochaines semaines seront presque décisives. Car elles permettront de savoir si Paris II, cette planche de salut, va pouvoir se tenir. C’est-à-dire de savoir si les conditions préliminaires, dont le démarrage quasi simultané du budget, de la réforme administrative (les nominations tout au moins) et des privatisations, vont pouvoir être remplies. Et certifiées par l’audit que le Fonds monétaire international doit publier en automne.
Le match politico-sécuritaire est terminé. Ou suspendu. Pour le moment, les protagonistes s’accordent autour de la nécessité de sauver le pays socio-économique. Ainsi, lors de son point de presse avec le syndicat des journalistes, le chef de l’État a-t-il frappé. Pour immuniser le dossier économique des retombées néfastes de pareilles querelles. Il a précisé que...