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Actualités - CHRONOLOGIES

Commémoration - Le chef du Parlement sort de son mutisme à l’occasion du 23e anniversaire de la disparition de l’imam Sadr - Berry : Pour un dialogue à la Chambre - entre tous les courants politiques du pays

Mettant à profit la cérémonie traditionnelle du mouvement Amal pour la commération de la disparition de son fondateur, l’imam Moussa Sadr, le chef du Parlement Nabih Berry est sorti hier de la réserve qu’il avait observé face aux événements de ces dernières semaines. Tout en rejoignant les partisans des rafles pour dénoncer les «tentatives réelles de paralyser le système» et prendre la défense du rôle de l’armée, M. Berry s’est dit partisan d’un dialogue au sein de la Chambre, mais qui serait ouvert à «toutes les forces politiques» du pays, et pas seulement à celles qui y sont représentées. M. Berry a consacré la première partie de son discours à l’évocation de la disparition en Libye de l’imam Moussa Sadr, en septembre 1978. Il a, à cet égard, réaffirmé la responsabilité du régime libyen du colonel Mouammar Kadhafi dans cette disparition et estimé qu’il était temps, vingt-trois ans après, que la lumière soit faite sur cette affaire. M. Berry s’est ensuite attardé sur les problèmes liés au développement des régions évacuées par Israël, au Liban-Sud, à une dizaine de jours des élections municipales. Il a souligné que le chef de l’État Émile Lahoud et tous les responsables, y compris le Premier ministre Rafic Hariri, étaient soucieux du bien-être de ces régions. S’adressant aux populations locales, le président de la Chambre leur a dit : «Vous êtes aux portes de votre première échéance nationale; vous allez pouvoir disposer des autorités locales tant attendues», avant de les inviter à voter pour les listes de l’alliance Amal-Hezbollah «pour des municipalités homogènes». L’accord entre les deux formations est «une alliance sociale en faveur des familles et non pas au profit de l’un des deux mouvements», a-t-il estimé. «Nous sommes dans le même camp de la résistance, nous avons contracté cette alliance dans le but de créer un climat propice à des élections démocratiques», selon lui. «Nous entendons ceux qui parlent d’hégémonisme, d’élections dont les résultats sont fixés d’avance et d’absence de démocratie. En réalité, ceux-là ont une conception incomplète de la démocratie. Deux formations politiques qui sont sur la même ligne n’ont-elles pas le droit de s’allier ? Le droit de s’entendre ou pas n’est-il pas inscrit dans les fondements même de la démocratie ?», s’est-il interrogé. Ne pas jouer avec le feu Abordant les développements de ces dernières semaines, M. Berry a estimé qu’il y a eu une «tentative réelle de paralyser le système, principalement sur le plan de la sécurité». On a, selon lui, tenté de «mutiler l’image du Liban des libertés et d’entamer la confiance dans l’État». «Nous vivons dans un climat difficile qui exige de nous un minimum de solidarité», a-t-il souligné, en affirmant qu’Israël pratiquait «la fuite en avant à l’égard de ce qui passe dans les territoires palestiniens en menaçant le Liban, que l’État hébreu considère comme “un ventre mou”». «Nous conseillons aux fauteurs de troubles de ne pas jouer avec le feu et de ne pas tenter de nous divertir de la menace israélienne au Sud», a ajouté M. Berry. Pour lui, «l’aventurisme» de certains, qui veulent «miser sur la violence et sur Israël, sert l’objectif de l’État hébreu d’éliminer le Liban». Certes, a poursuivi M. Berry, «la liberté est le cadre idéal pour le développement humain, mais on ne peut s’en servir pour justifier toute intiative destinée à rétablir un climat de discorde dans le pays». «S’efforcer de présenter les choses comme si l’armée réprime une partie de la population, alors qu’en réalité elle ne fait qu’assumer ses responsabilités en matière de maintien de la sécurité, revient à affaiblir le régime et à paralyser l’institution militaire», a-t-il accusé. Il a toutefois «condamné ce qui s’est passé devant le Palais de justice (la répression brutale de la manifestation du 9 août)», en appelant les chefs militaires eux-mêmes à sanctionner les coupables dans le cadre d’une procédure interne. «Nous ferons face à tous ceux qui cherchent à affaiblir le système judiciaire au Liban, à ceux qui portent atteinte aux libertés ainsi qu’à la militarisation du régime. Mais nous ferons face aussi à tous ceux qui cherchent à détruire le système et à diviser le pays», a-t-il lancé, tout en établissant «une distinction entre les courants politiques et les députés qui sont attachés aux libertés et les forces qui ont facilité l’entrée d’Israël en 1982 et ont divisé le pays confessionnellement, celles qui ont provoqué la guerre et celles qui ont effectué un coup d’État militaire contre le régime». «J’appelle les forces politiques à un dialogue au Parlement», a poursuivi M. Berry, en prenant la défense du pouvoir législatif très critiqué après le vote des amendements du code de procédure pénale, il y a près de trois semaines. Minimisant les circonstances de ce vote, M. Berry a affirmé que nul n’avait imposé à la Chambre ces amendements et qu’ils résultaient d’une coordination avec l’Exécutif. «Est-ce un crime de coopérer avec le chef de l’État ?», s’est-il demandé. Il a assuré que le Parlement était «ouvert au dialogue, non seulement aux députés, mais aussi aux forces politiques, même celles qui ne sont pas représentées à la Chambre. Nous sommes prêts à le faire. Mais soyons sincères, disons-le une fois pour toutes : Sharon est aux portes, l’économie est dans la situation que vous savez, alors que nous, nous sommes en train de nous divertir avec de petits conflits». M. Berry a poursuivi en faisant l’éloge de la présence syrienne au Liban, sans laquelle, a-t-il estimé, il n’y aurait rien. «Notre alliance avec la Syrie est réaliste et vise à une paix juste et globale», a-t-il dit. Enfin, sur le plan économique, il s’est déclaré en faveur de «la mise en application de toutes les mesures sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord, et non pas d’une application sélective». Les allocutions aux noms de Lahoud et de Hariri Prenant à son tour la parole au nom du chef de l’État, le vice-président du Conseil Issam Farès a notamment déclaré qu’«à la lumière des événements de ces derniers jours, (…), nous tenons à souligner un certain nombre de constantes», parmi lesquelles, d’abord et avant tout, l’allégeance totale au Liban. Il a ajouté : «La véritable séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est au cœur de notre système démocratique. Il n’y a aucune contradiction entre la liberté et la sécurité, le pain et la sécurité, la justice et la sécurité». Et M. Farès de poursuivre : «L’économie et la politique sont indissociables. Nos problèmes économiques, financiers et sociaux doivent être résolus par la mobilisation de tous les efforts et par la complémentarité entre les deux secteurs public et privé». Selon lui, il est nécessaire d’accélérer l’application de la décentralisation administrative en vue de promouvoir le développement équilibré des régions. «Il faut dès maintenant s’atteler à la préparation d’une nouvelle loi électorale», a encore déclaré M. Farès, avant de souligner la nécessité d’une «solidarité gouvernementale» à toute épreuve et des «relations privilégiées avec la Syrie». Représentant le chef du gouvernement Rafic Hariri à cette occasion, le ministre des Finances Fouad Siniora s’est notamment référé au projet politique de l’imam Moussa Sadr pour insister de son côté sur l’importance de «l’État basé sur l’entente nationale, sur la Constitution de Taëf et sur les institutions qui fonctionnent conformément à la Constitution et aux lois en vigueur». Et de conclure son allocution en priant Dieu pour que «règnent l’État équitable, l’entente et la participation de tous, l’État de tous les citoyens». Prenant également la parole à cette occasion, le vice-président du Conseil supérieur chiite, le mufti jaafarite Abdel Amir Kabalan, a notamment déclaré : «Soucieux de compléter le projet de l’imam Sadr, nous appelons les peuples arabe et islamique à prendre conscience des dangers du projet sioniste».
Mettant à profit la cérémonie traditionnelle du mouvement Amal pour la commération de la disparition de son fondateur, l’imam Moussa Sadr, le chef du Parlement Nabih Berry est sorti hier de la réserve qu’il avait observé face aux événements de ces dernières semaines. Tout en rejoignant les partisans des rafles pour dénoncer les «tentatives réelles de paralyser le...