Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Tout le monde, ou presque, accepte le principe d’un franc dialogue

Tout le monde s’égosille à le répéter : place à la priorité économique. Mais il a fallu l’intervention des organismes du même nom, qui ont fait la tournée des responsables, pour que les combats politiques d’arrière-garde commencent à perdre vraiment de leur intensité. Certes, rien n’est définitivement réglé à ce stade, mais le consensus se forme petit à petit, à coups de rencontres diverses. Le climat s’apaise donc progressivement, malgré les nuages gris qui planent encore, ça ou là. Désormais, tout le monde ou presque accepte le principe d’un franc dialogue. Et c’est déjà un pas en avant considérable par rapport à la situation de la mi-août. Ainsi, après avoir beaucoup hésité, la Rencontre de Kornet Chehwane s’est-elle résolue à se rendre à Baabda. Sans pour autant aller à Canossa, comme certains radicaux ont cru pouvoir le lui reprocher. En réalité, le rendez-vous aurait pu se situer bien avant dans le temps. Car le régime a toujours favorisé un large dialogue, gardant porte ouverte devant tout le monde, depuis son avènement même. Et plus particulièrement depuis le moment où a éclaté le débat sur la présence militaire syrienne, la plupart des composantes locales appelant de leurs vœux les plus pressants une initiative conciliatrice présidentielle. On sait que, dans ce cadre, le président Lahoud s’est entendu, bien avant les dernières secousses, avec le patriarche Sfeir pour des concertations régulières. Et qu’il n’a jamais failli à ce programme, même pendant, même après la récente tempête. Pour en revenir à la Rencontre de Kornet Chehwane, certains de ses piliers estimaient qu’après ce qui s’était produit, il était préférable que le premier mouvement, ou le premier pas si l’on préfère, émane du régime. Pointilleux sur la forme comme sur le fond, ces pôles affirmaient qu’il revenait au pouvoir de donner des explications sans qu’on lui posât des questions. Ajoutant qu’en outre, le régime ayant initié un processus du dialogue, il fallait lui laisser le choix du timing comme de l’ordre du jour, sans demander un rendez-vous précis. En d’autres termes, il fallait, selon les réticents, attendre que le tour de la Rencontre vînt sur l’agenda de concertations avec les diverses forces politiques du pays préparé par les services de la présidence. Mais la visite du président – qui a fait le déplacement jusqu’à Dimane – au patriarche est apparue à la majorité des membres de la Rencontre comme un message d’ouverture. Et une claire invite à des échanges de vues rapprochés. D’où la demande d’audience, pour sept délégués, tous parlementaires. Ce qui a évidemment un sens précis, dans une conjoncture également marquée par ce qu’il faut bien appeler l’autohumiliation à laquelle la Chambre s’est trouvée acculée à propos du code de procédure pénale. Il y avait donc de la part de la Rencontre non seulement une volonté d’exprimer un point de vue opposant chrétien, mais aussi de réhabiliter en partie le prestige du Parlement. Attitude qui signifie, au second degré, que la contestation de l’Est tient beaucoup à rester sous l’égide de Taëf. Toujours est-il que du côté de la Rencontre, on souligne que la page conflictuelle, si elle n’est pas encore tout à fait tournée, est déjà la verticale. On ajoute que le régime fait montre d’une égale détermination de traiter désormais les différents dossiers par le dialogue constructif. Une volonté confirmée, ajoute-t-on, par le simple constat suivant : c’est la première fois que l’opposition, en tant que telle, est reçue au palais. Où elle a eu toute latitude d’exposer son point de vue, à travers le mémorandum remis au chef de l’État, comme au travers de la conversation de deux heures qui a suivi. Les mêmes personnalités précisent à ce propos qu’aucun sujet d’importance n’a été évité ou éludé, aucun n’a été considéré comme tabou. Le président de la République, ajoutent ces sources, a bien voulu considérer le document qui lui était remis comme une plate-forme de travail à discuter en détail lors de nouvelles rencontres. Les entretiens, tout à fait libres, se sont déroulés dans une ambiance mieux que courtoise, affirment ces témoins. Qui s’étonnent dès lors que certains se fussent déclarés déçus par le ton positif du communiqué publié par la Rencontre, après la rencontre. D’autant que ce texte ne manque pas de souligner que si les discussions ont bien démarré, rien n’a encore été convenu. L’accord se limite en pratique à un engagement mutuel à poursuivre ce dialogue. Comme premier pas, c’est déjà remarquable, notent ces personnalités. C’est la même tendance d’ouverture que l’on décèle chez l’ensemble de la classe politique locale, les radicaux exceptés. Tout le monde, y compris par exemple un pôle aussi percutant que M. Walid Joumblatt, veut laisser sa chance au dialogue. Parce que tout le monde se dit conscient que sans stabilité politique – et sécuritaire–, le sauvetage économique s’apparenterait à un simple mirage. Ce qui pourrait devenir le cas pour le sommet de la francophonie. Et pour Paris II. Cette dernière conférence, qualifiée de salvatrice en termes de moratoire pour l’endettement public, focalise l’attention des organismes économiques. Qui, tout en refusant de jouer les oiseaux de mauvais augure, pour ne pas aggraver l’inquiétude des Libanais et attiser la crispation ambiante, ont pratiquement tiré la sonnette d’alarme lors de leurs contacts avec les dirigeants. Sans vraiment les tancer, les organismes économiques ont rappelé aux dirigeants la lourde responsabilité qu’ils assument face au pays économique du fait de leurs tribulations et de leurs zizanies. Les organismes concluent en soulignant qu’eux-mêmes s’intègrent au dialogue général, pour la partie qui les concerne. Ils ne se mêlent pas de politique. Mais remarquent que seule la détente sur ce plan peut faire du bien au pays. Ils attendent donc du pouvoir une vision claire des solutions techniques envisagées. Comme des rapports entre le secteur public et le secteur privé, qui sont essentiels pour toute dynamique de relance économique.
Tout le monde s’égosille à le répéter : place à la priorité économique. Mais il a fallu l’intervention des organismes du même nom, qui ont fait la tournée des responsables, pour que les combats politiques d’arrière-garde commencent à perdre vraiment de leur intensité. Certes, rien n’est définitivement réglé à ce stade, mais le consensus se forme petit à petit,...