Deux heures d’explications « franches et objectives » entre le chef de l’État et le Premier ministre - Lahoud et Hariri insistent sur le rôle des institutions constitutionnelles

Les remous et la vive tension politique provoqués par les rafles opérées le 7 août par les services de renseignements de l’armée dans les rangs aounistes et des Forces libanaises ont été au centre de l’entretien de près de deux heures que le président Émile Lahoud a eu hier, en fin d’après-midi, avec le Premier ministre Rafic Hariri au palais de Baabda. Parallèlement aux retombées et aux circonstances des dernières arrestations qui ont visé l’opposition chrétienne, le chef de l’État et le Premier ministre ont essentiellement consacré leur entrevue d’hier à la redéfinition des rapports entre la présidence de la République et la présidence du Conseil, d’une part, ainsi qu’entre les diverses institutions de l’État, d’autre part, à la lumière des récents événements. Ce dernier point a été mis en évidence dans les deux communiqués de presse rendus publics par la présidence de la République et la présidence du Conseil à l’issue de la rencontre. Le communiqué de Baabda souligne notamment que le chef de l’État et le Premier ministre ont convenu de «renforcer le rôle des institutions constitutionnelles et de relancer le climat d’entente nationale de manière à faire face aux diverses échéances et faciliter l’application des mesures économiques prises par le gouvernement». Le communiqué de la présidence de la République attribue, en outre, au Premier ministre des propos rassurants concernant la situation économique dans le pays. Le communiqué précise sur ce plan que «M. Hariri a souligné au cours de la réunion qu’il était totalement confiant dans la stabilité de la conjoncture économique». «Il a affirmé que les mesures économiques prises par le gouvernement sont susceptibles d’aboutir, à terme, à des résultats positifs, conformément aux études élaborées à ce sujet, souligne le communiqué de Baabda. Le Premier ministre a mis l’accent sur la stabilité de la situation économique, en dépit des circonstances exceptionnelles que traverse la région». Et le communiqué de la présidence d’ajouter : «Le président Hariri a, par ailleurs, affirmé au président de la République que le projet de budget 2002 est quasiment prêt et qu’il reflétera de manière explicite les pronostics positifs, de sorte que rien ne justifie la confusion et les appréhensions concernant la situation économique, d’autant que le Liban a surmonté ses difficultés économiques dans des circonstances beaucoup plus difficiles que la situation actuelle. En contrepartie, le président Lahoud a affirmé au cours de la rencontre que le redressement économique est une responsabilité commune qui nécessite une coopération entre tous les pouvoirs et toutes les institutions». Quant au communiqué de la présidence du Conseil, il souligne que les derniers développements survenus dans le pays ont été discutés «avec objectivité et franchise». «Le problème a été replacé dans son véritable contexte de manière à lui donner sa véritable portée, précise le communiqué de Koraytem. Le président de la République et le Premier ministre sont tombés d’accord sur le fait qu’il ne saurait y avoir de différend entre eux. Ils ont convenu de la nécessité de recourir au dialogue et à la discussion pour faire face aux défis à tous les niveaux». Le communiqué de la présidence du Conseil ajoute, par ailleurs, que «le président Hariri a présenté un exposé exhaustif de la situation dans les administrations et institutions de l’État dans tous les domaines politique, économique et de la sécurité. Il a été convenu de la nécessité de relancer l’action gouvernementale sur tous les plans». Et le communiqué de conclure : «Le président de la République et le Premier ministre étaient totalement d’accord sur le fait que les questions en rapport avec la sécurité, la politique et l’économie, ainsi que toutes les affaires de l’État, relèvent de la responsabilité des institutions constitutionnelles». Notons qu’à sa sortie du palais de Baabda, M. Hariri a qualifié de «positif» son entretien avec le président Lahoud, soulignant que la rencontre «a posé les jalons d’une nouvelle étape marquée par la coopération constructive».