Poursuites judiciaires contre Habib Younès, Antoine Bassil, Étienne Sacre, César Sacre et Tony Chalfoune

Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Nasri Lahoud, a engagé hier des poursuites judiciaires contre les deux journalistes Habib Younès et Antoine Bassil, et contre M. Étienne Sacre, chef du parti des Gardiens du Cèdre condamné à mort par contumace, César Sacre et Tony Chalfoune, accusés d’avoir «pris contact avec l’ennemi israélien, d’avoir comploté pour assurer aux Israéliens la victoire de leurs forces, d’être entrés en Israël, d’avoir formé une association pour porter atteinte à l’autorité et au prestige de l’État, de nuire aux relations du Liban avec un État-frère et de communiquer des informations à l’ennemi». Les cinq, dont deux seulement ont été arrêtés, Younès et Bassil, ont été déférés sur cette base devant le juge d’instruction militaire à qui M. Lahoud a demandé de délivrer des mandats d’arrêt à leur encontre, après avoir exposé les charges retenues contre eux. Le juge d’instruction militaire Abdallah Hajj a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de M. Younès après un interrogatoire de plus de trois heures. Selon son avocat, il a nié la majorité des faits qui lui sont reprochés. Conformément au texte sur base duquel le magistrat a engagé les poursuites, Habib Younès, le secrétaire de rédaction d’al-Hayat, a «avoué qu’il a fait la connaissance de l’Israélien Oded Zaray à l’époque où ce dernier travaillait au quotidien al-Amal, sous un faux nom (Samir Karam), précisant qu’Antoine Bassil et lui échangeaient par télex des informations avec Zaray sur les événements au Liban et les développements politiques. Les contacts de Habib Younès avec Zaray se sont poursuivis jusqu’à tout récemment. Younès et Bassil étaient supposés rencontrer ce dernier à Chypre, le 19 août, pour s’entendre sur la nature de leur travail et sur leurs salaires. Mais Zaray a annulé la rencontre à cause des dernières arrestations». Toujours, selon le même texte, «la relation de Habib Younès avec Zaray s’est poursuivie à travers le chef des Gardiens du Cèdre, Étienne Sacre. Ce dernier communiquait à Zaray les informations qu’il demandait à Younès qui est entré en Israël avec le dénommé Tony Chalfoune et César Sacre, responsable de l’information à l’ALS et membre du conseil de commandement des Gardiens du Cèdre, pour tenir des réunions avec des officiers israéliens et coordonner avec eux. Habib a aussi révélé qu’il travaillait pour la Télévision du Moyen-Orient qui appartenait à l’ennemi israélien et qu’il était le correspondant de la Voix du Sud qui émettait à partir d’Israël». Il y a lieu de noter que César Sacre est décédé en 1994 et que les contacts entre Younès et Sacre remontent à 1986, selon des sources judiciaires qui précisent que les poursuites sont engagées sur base de l’enquête préliminaire dans laquelle les faits sont relatés. Il appartient maintenant au juge d’instruction de vérifier et d’annoncer le décès de Sacre. Pour en revenir au texte, il indique que le secrétaire de rédaction d’al-Hayat a également avoué qu’on lui a demandé de participer aux manifestations appelant au rétablissement de la liberté et de la souveraineté (libanaises) et au retrait des forces syriennes, d’entreprendre des activités partisanes et politiques pour atteindre ces objectifs, de créer des cellules estudiantines dans les universités pour ressusciter les activités des Gardiens du Cèdre, représentés par ce qu’on appelle le Courant patriotique libre et les Forces libanaises dissoutes, en attendant que des événements importants surviennent en juillet, conformément à ce qu’Étienne Sacre lui avait dit. Ce dernier avait pu obtenir ces informations grâce à ses solides rapports avec le gouvernement de Sharon. Israël préparait un coup dans la région pour ramener la situation au Liban à ce qu’elle était avant 1990. Habib Younès a avoué qu’il a commencé à exécuter, sur le plan médiatique, ce qui lui avait été demandé. Il faisait publier des communiqués dans la presse et prenait contact avec des cadres des Gardiens du Cèdre.