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Actualités - ANALYSES

Les crocs-en-jambe entre loyalistes se poursuivent - Spéculations multiples sur les causes de la crise

La politique est bourrée de paradoxes. Aujourd’hui, ce qu’il faut c’est une dynamique d’apaisement. Ou si l’on préfère, un élan de léthargie. Pour que le dollar cesse d’être agressif et que la surcrise économique s’allège. Avant la lourde, la redoutable rentrée d’automne et des écoles. Tout le petit monde politique se dit conscient de cet impératif de trêve. Mais les joutes ne s’en poursuivent pas moins, ouvertement ou en coulisses, où les coups bas sont permis. Dans la phase actuelle, le bras de fer tourne surtout sur le pourquoi plutôt que sur le comment des choses. C’est-à-dire que chaque partie accuse l’autre d’avoir tramé les plus sombres desseins, et les protagonistes se lancent réciproquement à la tête le doux épithète de comploteurs. L’objectif présumé étant d’ailleurs le même, à savoir s’emparer du pouvoir. Désemparée, l’opinion compte les coups. Et se demande s’il n’était pas possible d’intercepter moins bruyamment les éléments soupçonnés de vouloir renverser le régime. D’autant qu’on n’a pas tardé à les relâcher, bien qu’ils soient l’objet d’un acte d’accusation en bonne et due forme, les rendant passibles de 3 à 15 ans de prison aux termes de l’article 288 du code pénal. Les autorités, ajoute l’homme de la rue, auraient dû se soucier des retombées économiques des secousses, avant d’agir si impulsivement pour donner un coup d’épée dans l’eau. Pourquoi tant d’irresponsables, de néfastes turbulences, qui viennent compromettre à la fois le sommet de la francophonie et Paris II ? Pour nombre de professionnels, il est clair que la cause numéro un de la dégradation relève de la lutte d’influence que les dirigeants, et autres pôles de premier plan, continuent à se livrer sur la scène locale. Dans ce périmètre, l’on retombe bien vite sur les échanges d’accusations entre seconds couteaux. Les lieutenants du régime soutiennent que leurs rivaux ont voulu empiéter sur le volet sécuritaire, autrement dit contrôler les services qualifiés, sans plus se contenter du domaine économique qui leur était réservé. Et ils ajoutent qu’à travers l’axe forgé à Kantari à la faveur de la rencontre Hariri-Berry-Joumblatt, l’on a cherché à évincer politiquement le camp du régime dans la perspective de la prochaine présidentielle. C’est la même thèse, mais inversée, que défendent les lieutenants du Sérail. À les en croire, leurs adversaires n’ont orchestré une sorte de coup de force que pour s’emparer du dossier économique, en sus des pouvoirs qui leur sont reconnus en matière politique ou sécuritaire. Chacun affirme donc que le vis-à-vis a voulu lui chiper sa part de gâteau. Le comble, c’est qu’en définitive c’est l’opposition chrétienne, cible des rafles, qui a payé les pots cassés. Pour devenir en sus un enjeu passif dans la bataille, les lahoudistes et les haririens se reprochant, toujours mutuellement, de vouloir à tout prix récupérer politiquement ce camp marginalisé au service de leurs intérêts respectifs. Tant de constance dans les échanges amènes a de quoi donner le vertige, comme lorsqu’on suit de côté une partie de tennis. Cependant, le match va être en principe suspendu. Parce que, selon des sources appartenant aux deux bords, Damas met désormais son poids dans la balance pour calmer le jeu. Parce que les remous sur une scène dont elle a la gestion affaiblissent diplomatiquement la Syrie à un moment où elle doit jouer une partie serrée dans ce domaine. Traduction en clair : les atteintes aux libertés dénoncées dans les capitales occidentales, sont évidemment imputées au tuteur syrien. Ce qui risque de le priver d’interlocuteurs ouverts à ses idées ou à ses positions, dans la confrontation avec Israël. De plus, sur un plan tout à fait ponctuel et local, il est évident que les Syriens ne souhaitent pas se tracasser avec des zizanies libanaises sortant de la routine ordinaire. On note à ce propos qu’ils ont fait savoir à tous, et tous l’ont répété, qu’il n’est pas question de faire subir à ce pays une crise ministérielle qui le mettrait knock-out. Ajoutant, par culte de l’équation, pour ne pas faire de jaloux, et bien que cela aille sans dire, que personne ne doit rêver voir partir le régime avant son terme. Ainsi, quand les lahoudistes soulignent le soutien apporté par le président Assad à Baabda comme à Yarzé, les haririens leur répondent que dans la même phrase, la même sentence, le chef de l’État syrien englobe le gouvernement en place, le peuple tout entier et la Résistance. En prise avec l’actualité, les prosyriens retour de Damas, mettent l’accent pour l’heure sur la nécessité de contrer la propagation de rumeurs axées sur un départ prématuré du cabinet. Ils indiquent qu’aux yeux des décideurs, la formation actuelle offre l’avantage d’assurer les équilibres au sein du pouvoir entre les pôles concernés. Et qu’elle seule paraît capable d’engager une vraie réforme, en vue du redressement économique. Un couplet qui se termine par l’inévitable appel adressé aux ministres afin qu’ils respectent la cohésion ministérielle et cessent de se tirer dans les pattes les uns les autres à tout bout de champ. Il reste clair, pour tout dire, que des tentatives sont en cours pour réduire la tension, sinon la fracture. Le chef de l’État a initié un dialogue élargi. Tout comme M. Walid Joumblatt. Dont les ouvertures, on le sait, ont commencé par une visite au président Assad. Reste M. Nabih Berry. Pour le moment, il attend et observe. Il refuse en effet, selon ses proches, d’être sollicité en tant que médiateur ou conciliateur entre les deux autres présidents. Tout d’abord parce qu’il a ses propres positions à défendre. Ensuite parce qu’il ne veut pas se brûler les doigts en retirant du feu des marrons que d’autres croqueraient. Ce qui signifie en clair que le pouvoir se joue aujourd’hui au sein de l’exécutif, au sujet de la domination de l’appareil d’État, services compris, la Chambre n’étant pas concernée. Quant à l’opposition, elle persiste et signe : il faut sanctionner les agents coupables d’exactions et de voies de fait. Et il faut arrêter les poursuites contre les relâchés, déjà lourdement punis par le paiement d’une caution allant de un à trois millions de livres. Bien entendu l’opposition rappelle également les règles de base qui ordonnent aux services de ne pas agir sans l’aval des autorités politiques. Qui n’ont été tenues au courant de rien.
La politique est bourrée de paradoxes. Aujourd’hui, ce qu’il faut c’est une dynamique d’apaisement. Ou si l’on préfère, un élan de léthargie. Pour que le dollar cesse d’être agressif et que la surcrise économique s’allège. Avant la lourde, la redoutable rentrée d’automne et des écoles. Tout le petit monde politique se dit conscient de cet impératif de trêve....