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Actualités - CHRONOLOGIES

MEDITERRANEO 2001 - Abdel Karim Chaar et Rom Bakhtalé, ce soir, demain et après-demain à Byblos - Concentré d’oriental - et crème de tzigane

Deuxième rendez-vous du Festival de Byblos Mediterraneo 2001 avec un nouveau mélange audacieux, presque surréaliste, de deux musiques pures : la tzigane roumaine, et la pure arabe. Abdel Karim Chaar et Rom Bakhtalé, c’est une musique authentique, à la fois intellectuelle et agréable, accessible à tous. Virtuosité, liberté et bonne ambiance. Ils sont six, comme dans les formations traditionnelles tziganes. Ils viennent tous les six de Bucarest ; ils jouent en général dans différentes formations et se produisent, en tant que solistes, dans de grands théâtres à Paris, au Japon, aux États-Unis, au Canada… Virtuoses, fils de grands maîtres, descendants de dynasties musiciennes, ils sont la crème de l’art tzigane et la référence actuelle pour tout ce qui concerne la musique tzigane roumaine. Avec cela, ils restent humbles, simples et sympathiques. C’est en Roumanie que Michel Éleftériadés est allé les chercher. Et a réussi le tour de force et de génie de les réunir dans un seul et même groupe, baptisée Rom Bakhtalé : «Rom» pour «gitans», et «Bakhtalé» pour «chance». Barneata Damian dit Marian, 30 ans, est violoniste, comme son père, qui était le plus grand violoniste tzigane ; et comme son fils de six ans qui s’y est mis à son tour. Ionescu Nicolae est chanteur et violoniste (deuxième violon de Rom Bakhtalé). Nicolae Léonard est joueur de cymbalum, cet étonnant instrument typique qui est le moteur de l’orchestre dans les formations gitanes. Comme pour Marian , son père était le meilleur joueur de cymbalum et son fils commence à en jouer. Nicolae Léonard a signé entres autre la musique du film Gadjo Dilo de Tony Gatlif. Bibescu Mielu, clarinettiste, est une star internationale. Il joue également du saxophone, et du jazz, bref, il connaît sa clarinette par cœur. Munteanu Marius est un des meilleurs contrebassistes d’Europe et un touche-à-tout qui s’y connaît en musique gitane, bien sûr, mais aussi en musique légère, musique classique… L’accordéoniste Paun Nicolae est celui qui, avec le cymbalum et la contrebasse, garde le rythme et l’harmonie du groupe. Entre toutes ces fortes têtes musicales, le travail marche comme sur des roulettes. «Chacun exprime ses idées et nous nous organisons», indique Nicolae Leonard. Quant à la collaboration avec Abdel Karim Chaar, «c’est une belle expérience, intéressante et agréable, et nous pensons que cela va être un succès. Nous nous sommes bien concentrés, et il n’y a pas eu de grosses difficultés, parce que nous avons l’habitude de jouer plusieurs genres de musique». Et aussi, parce que la musique gitane elle-même est née de mélanges. Les musiciens de Rom Bakhtalé passent la plupart de leur temps en voyage et ne voient pas assez leurs familles. «Nous sommes habitués à cette vie que menaient déjà nos pères. Mais nous rentrons toujours chez nous, et le cœur reste toujours à la maison». Après le Festival de Byblos, Michel Éleftériadés a d’autres projets pour Rom Bakhtalé. «Cela dépendra de la réaction du public», précise-t-il. «J’espère d’abord pouvoir exporter ce concept et ce produit, et organiser des tournées mondiales. Par ailleurs, j’ai envie de développer de nouveaux mélanges musicaux parce que je pense que ces musiciens ont une capacité incroyable à assimiler d’autres musiques tout en gardant leur style, dans toute sa pureté. Ils sont d’un niveau musical très élevé ; ils sont très ouverts aux autres musiques, et leur mémoire musicale est un véritable enregistreur». Culture pur arabica Le public arabe connaît surtout Abdel Karim Chaar pour ses prières chantées (dans le cadre d’une émission télévisée diffusée par satellite plusieurs années de suite), en direct à partir d’une mosquée, à l’occasion du Ramadan. «Je me suis intéressé à l’art islamique comme aujourd’hui je m’intéresse à la musique tzigane. Je suis pour tous les partages, les mariages d’expressions artistiques. Mais on m’a collé une étiquette de cheikh dont j’ai du mal à me débarrasser. Pour moi, la musique est un art, et le chant islamique est beau, tout comme l’architecture ou la calligraphie arabes». Connaisseur de la chanson traditionnelle arabe, et amateur de bonne musique en général, Abdel Karim Chaar ne pouvait donc que s’enthousiasmer à l’idée de Michel Éleftériadés : reprendre de très vieilles chansons de la tradition arabe et en réadapter la musique en la «remplaçant» par de la musique tzigane roumaine. Abdel Karim Chaar et les Rom Bakhtalé travaillent ensemble depuis deux mois. «C’est une expérience très intéressante que de croiser deux “produits” purs. Cela ne peut donner que du bon», dit-il. Ce qu’il apprécie particulièrement, et qui est une particularité du festival Mediterraneo : l’absence de tout instrument électrique. «J’aime le naturel. Il faut que le musicien sente et vibre avec le violon, la contrebasse, le cymbalum ou l’accordéon…». Au programme de la soirée Abdel Karim Chaar et Rom Bakhtalé, des chansons du folklore irakien, libanais, palestinien ou syrien ; quelques grands classiques (Sayyed Darwiche et autres grands), ainsi que trois nouvelles chansons : deux de Michel Éleftériadés (paroles et musique) qui portent sur la philosophie et la vie des gitans ; et une de Kamal Kassar (musique) et de Jalal Khoury (texte). Sur scène, les Rom Bakhtalé seront accompagnés par deux cousins orientaux à la percussion, dont Chico, «le meilleur joueur actuel de darbouka», affirme Éleftériadés. Plusieurs invités traverseront également la soirée : Fayçal Kanj ; joueur de bouzok, instrument de prédilection des tziganes arabes ; une vraie nawriyyé (ou ghajariyyé) syrienne, «la plus connue de nos jours», qui chantera en arabe mais aussi en gitan ( mélange de farsi, de sanscrit indien et de dialecte oriental) ; une danseuse tzigane, etc… Enfin, la scénographie sera spécialement conçue dans l’esprit tzigane. Tout nouveau, tout beau, un mélange bien étudié qui ne présage que du bon.
Deuxième rendez-vous du Festival de Byblos Mediterraneo 2001 avec un nouveau mélange audacieux, presque surréaliste, de deux musiques pures : la tzigane roumaine, et la pure arabe. Abdel Karim Chaar et Rom Bakhtalé, c’est une musique authentique, à la fois intellectuelle et agréable, accessible à tous. Virtuosité, liberté et bonne ambiance. Ils sont six, comme dans les...