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Actualités - ANALYSES

Présence militaire syrienne - La campagne de l’Est placée sous un éteignoir

Une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des militants de l’Est : «si vous reparlez de la présence militaire syrienne, vous retournez en prison». Certes, on ne peut pas empêcher des députés de soulever le sujet au Parlement. Ni des partis (autorisés) de publier des communiqués réclamant pour le Liban la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie de décision. Mais toute marche, tout sit-in, toute grève, tout rassemblement, toute manifestation de rue sont strictement prohibés. Sous peine de «retourner en prison»... Cela suffit en pratique pour tuer le dossier. Car, en ces temps médiatisés, les déclarations, les communiqués, les prêches ne suffisent pas pour éveiller l’intérêt du public et encore moins pour l’entretenir. Et deviennent à la longue itératifs, c’est-à-dire ennuyeux. Tandis que des images agitées «en extérieur», de défilés plus ou moins hurlants, de calicots lapidaires, de mouvements divers de foule, d’agents de l’ordre en ordre de bataille frappent la vue, l’ouïe, la sensibilité socio-politique des téléspectateurs. Surtout s’il y a un peu de tabassage à la clé. Le spectacle, à tous les sens du terme, motive toujours bien plus que le verbe. Et incite les gens à se mobiliser. En désamorçant cette bombe à retardement, l’on réduit le manifeste des évêques maronites et celui de la Rencontre de Kornet Chehwane comme du Forum démocratique à de simples bulletins paroissiaux. Sans autre portée qu’une prise de position pour le principe. Et le pouvoir peut dès lors dormir sur ses deux oreilles, sinon ses lauriers. Du moment qu’en pratique il fait valoir sa propre option. À savoir que lui seul peut traiter du retrait avec la Syrie. En temps opportun. C’est-à-dire dans un lointain avenir, ou même jamais. On sait en effet que selon les dirigeants, comme l’a notamment indiqué M. Rafic Hariri, il est très possible qu’après une éventuelle paix régionale globale, la présence militaire syrienne soit considérée comme toujours indispensable. Parallèlement, ou plutôt concomitamment, car tout est étroitement lié, il reste hors de question d’envoyer l’armée veiller sur le pays à la frontière avec l’ennemi israélien. Il est de même déconseillé de manifester à ce propos. Tout comme il est exclu de rêver d’une prochaine libération de M. Samir Geagea et d’un retour du général Aoun. Ce double dégagement, qui devrait s’inscrire dans une logique de réconciliation interlibanaise, redevient tabou. «À cause des circonstances actuelles», expliquent sans rien expliquer les autorités. Qui du même coup admettent que l’entente nationale n’est toujours pas à l’ordre du jour. En fait, le pouvoir souhaite que tous les sujets qui fâchent, qui divisent, qui provoquent des litiges, soient mis de côté pour le moment. Afin que le pays puisse se consacrer à son sauvetage économique, priorité vitale. Qui nécessite comme on sait une solide stabilité politico-sécuritaire. Donc un consensus qui ne peut se réaliser tant qu’il subsiste des polémiques «marginales». Un impératif d’autant plus accentué que les Libanais sont appelés à consentir de lourds sacrifices pour se tirer économiquement d’affaire. En admettant la justesse de cette orientation, on ne peut quand même pas s’empêcher de s’interroger sur les chances du redressement économique à l’ombre des clivages au sein du pouvoir lui-même. Car cette retenue politique, que les dirigeants veulent imposer à tous, on se demande s’ils sont prêts à l’exercer pour leur propre part. Ce dont on peut douter, quand on entend dire par exemple que même sur les mesures d’assainissement des finances publiques ils ne sont pas d’accord entre eux. Et que chacun d’eux défend une conception différente, opposée même, du système économique dans son ensemble. Ce qui implique évidemment l’existence de deux plans de sortie de crise antonymes. On verra en tout cas si les gouvernants accordent leurs violons, et leurs actes à leurs paroles, à l’occasion des nominations administratives. Censées se dérouler cette fois sans clientélisme, sans partage du gâteau, sur la base de seuls critères techniques de capacité, de compétence et de rendement des fonctionnaires choisis pour les postes-clés. De même, il faudra voir si le projet de dégraissage de mammouth, de mise sur la touche des parasites qui pullulent dans les administrations, sera mené à bien sans accroc, sans torpillage par les pôles d’influence politiques intéressés.
Une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des militants de l’Est : «si vous reparlez de la présence militaire syrienne, vous retournez en prison». Certes, on ne peut pas empêcher des députés de soulever le sujet au Parlement. Ni des partis (autorisés) de publier des communiqués réclamant pour le Liban la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie de...