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Actualités - ANALYSES

Dialogue intensifié en vue d’un arrangement rapproché

La mondialisation n’est pas encore au point. La francophonie non plus. Un petit écueil de translation : comment redonner dans la langue de Voltaire le terme dialectal si expressif de «laflafé» ? Les nurses du coin suggèrent «emmaillotage», les manutentionnaires proposent «emballage» et les pâtissiers, un peu plus raffinés, conseillent «caramélisation». Dans tous les cas de figure, c’est d’embobinage qu’il s’agit. Et, au-delà des péripéties plus ou moins violentes du moment ainsi qu’au-delà des prises de position, on s’active dans presque tous les camps pour arranger les choses par un compromis à la libanaise. L’essentiel étant qu’au nom des traditions, aucun bloc ne perde la face et qu’on s’entende sur les boucs émissaires qui devront être sacrifiés de part et d’autre. Ainsi, les récentes secousses sur le terrain, quoique relativement limitées, paraissent aux yeux de beaucoup d’observateurs comme le complément des arguments avancés sur le plan judiciaire pour justifier les rafles. Autrement dit, il s’agirait de confirmer l’existence d’une machination visant à déstabiliser le pays par divers moyens, politiques ou physiques. Ces démonstrations atteignent du coup un autre objectif : angoisser comme jamais les Libanais, toutes régions confondues, qui n’ont plus que cette interrogation à la bouche : où va le pays, qu’allons-nous devenir ? Et dans le même temps, l’économie plonge à toute vitesse vers le rouge. – Cette préoccupation vitale reste prioritaire, à côté de constantes essentielles comme la coexistence, pour les pôles du top niveau, du dessus du panier, qui cherchent à résoudre la crise. Ensemble. On sait à ce propos que le chef de l’État reprend ce mardi à Dimane le cycle de ses concertations avec le patriarche Sfeir. Dont l’entourage ne cache pas qu’il souhaite discuter en détail l’ensemble d’une actualité locale un peu trop chargée. En traitant des arrestations comme de la bastonnade perpétrée jeudi 9 devant le Palais de justice par des agents en civil. À partir de ces points, le prélat, ajoutent ces sources, abordera les dossiers chroniques de fond, comme la réconciliation nationale, la récession, la souveraineté, etc. Pour sa part, le président Lahoud, indiquent des loyalistes, sera tout ouïe. Et tout en cherchant à apaiser les appréhensions les plus immédiates, il voudra sans doute préciser que dans l’opération de dialogue qu’il développe, il lui faudra d’abord recueillir les avis plutôt que de proposer des solutions de fond. Ce qu’il ferait sans doute par la suite, après avoir effectué la synthèse des thèses entendues. L’essentiel, pour le moment, ajoutent ces sources, est que la présidence rassemble les Libanais en les écoutant tous avec empathie. C’est dans cet esprit, concluent les loyalistes, que M. Lahoud envisage sa rencontre prochaine avec M. Walid Joumblatt. – De leur côté, les cadres de la Rencontre de Kornet Chahwane se préparent pour l’audience que le président leur accordera par la suite. Ils attendent de voir ce que les entretiens avec le patriarche et avec le leader du PSP vont donner. Dès demain mercredi, ils vont aller aux renseignements auprès du cardinal à Dimane. Ces sources avouent espérer que le chef de l’État voudra bien en dire long à son éminent interlocuteur sur les informations livrées par les services sur le ou les complots découverts. En attendant ces éclaircissements, les figures de proue de la Rencontre répètent que les heurts malencontreux, prudent euphémisme, qui se sont produits ne font qu’éloigner encore plus la rue chrétienne du pouvoir. Mais ils soulignent tout de suite qu’ils n’ont pas d’idées arrêtées (c’est le mot) sur les charges d’intelligence avec l’ennemi lancées contre certains de leurs collègues. Et qu’ils attendent encore les preuves. Ce qui sous-entend que les aveux bredouillés sur vidéocassette par M. Toufic Hindi les laissent plutôt dubitatifs. – D’autant que, selon des officiels s’exprimant en privé, c’est-à-dire off record, les enquêteurs, policiers ou même magistrats, pataugeraient un peu à l’heure actuelle entre les charges portées contre les FL et les accusations lancées contre les aounistes. Ces derniers, confirment ces sources, ne semblent pas avoir eu partie liée avec les Israéliens. Ce qu’on leur reproche, c’est de ne pas reconnaître Taëf et de vouloir changer le système, c’est-à-dire le pouvoir. Et ses tenants. Un ministre ajoute de son côté que les jugements concernant les membres FL impliqués et les aounistes interpellés seront tout à fait différents. Au point qu’en bout de course, le pouvoir envisage de tenir à peu près aux aounistes le langage suivant : «Vous brûlez de faire de la politique en tant que parti. Pas de problème. Mais faites une demande de permis en bonne et due forme. De la sorte vous prouverez que vous respectez la loi». Sous-entendu, que vous reconnaissez enfin Taëf et la légitimité des dirigeants qui s’en réclament. Cette (relative) magnanimité permettrait aux loyalistes de taper encore plus dur sur les FL Impliquées, malgré leurs protestations, dans le dossier des relations avec Israël. Une accusation qui, il faut bien le reconnaître, a beaucoup impressionné l’opinion. Mais plutôt à l’Ouest, où les vieilles méfiances se réveillent, qu’à l’Est. Dont les pôles sont unanimes à répéter que la jonction avec l’État hébreu c’est du passé très dépassé. Qu’elle n’a d’ailleurs jamais été le fruit que d’une urgence de survie pendant les guerres troubles livrées sur le sol libanais. Et que plus rien ne la justifie. Surtout que de tels rapports n’ont donné que des résultats négatifs. Tragiques même, pour les chrétiens de ce pays, de la montagne notamment, qui ont bien compris, et à quel prix, la leçon. Les pôles de l’Est estiment donc que c’est de très mauvaise foi que certains cherchent aujourd’hui à répandre, à généraliser cette légende des liens avec Israël. Soulignant que le climat qui en découle ne peut pas favoriser le dialogue et l’entente. D’autant que le pouvoir se muscle devant les jeunes gens de l’Est, mais ferme les yeux sur les grand-guignolades des Ahbache à hachettes. En oubliant de même de turlupiner les troublions notoires, mais protégés, du calibre de Toufayli. Et ces sources de l’Est concluent en rappelant que l’ensemble du camp chrétien évolue aujourd’hui sous la houlette du patriarcat maronite, Mgr Nasrallah Sfeir. Dont les options nationales ainsi que le modérantisme, l’esprit de coexistence, de concorde et d’ouverture sont connus.
La mondialisation n’est pas encore au point. La francophonie non plus. Un petit écueil de translation : comment redonner dans la langue de Voltaire le terme dialectal si expressif de «laflafé» ? Les nurses du coin suggèrent «emmaillotage», les manutentionnaires proposent «emballage» et les pâtissiers, un peu plus raffinés, conseillent «caramélisation». Dans tous les cas...