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Actualités - ANALYSES

L’opposition refuse de capituler et réclame des sanctions

Comme George Bush le sait mieux que personne, il ne suffit pas de s’autoproclamer vainqueur, il faut encore que l’adversaire reconnaisse sa défaite. Or, aussi mauvais joueurs qu’Al Gore, les opposants du cru ne s’avouent toujours pas vaincus. Et ils refusent de s’aligner sur les présidents Hariri et Berry qui ont eu pour leur part l’élégance d’enterrer la hache de guerre. Et d’aller à Baabda, comme on va à Canossa, pour y fumer le calumet de paix. Idéalistes plutôt que réalistes, les opposants, loin de se contenter de panser leurs plaies, continuent à marteler leurs thèmes de contre-attaque. En exploitant au maximum les bavures policières d’il y a huit jours, du reste reconnues par le ministre de l’Intérieur lui-même, qui a promis des sanctions. Le prenant donc au mot, les opposants insistent lourdement pour que les agents (secrets) soient dévoilés et punis, aujourd’hui plutôt que demain. Sur le plan politique, le camp des contestataires n’admet pas que l’on fasse comme si de rien n’était. Et qu’on considère que tout est réglé du seul fait que les trois présidents ont déjeuné ensemble. Car ce ne sont pas seulement les libertés ou les droits de l’homme qui, selon eux, ont été foulés aux pieds. Mais aussi, mais surtout, Taëf, la Constitution, la loi. Et l’indépendance de l’État, entendre de l’autorité légale, vis-à-vis de lui-même comme de ses tuteurs. Pour les frondeurs, dont certains, on le sait, font partie du pouvoir lui-même, c’est l’existence même du système qui reste en danger. Tant que l’on n’a pas sanctionné les dérives politiques autant que les exactions de rue. Ce qui signifie que les dirigeants tous ensemble, mais aussi les institutions comme le Conseil des ministres et la Chambre, doivent reconnaître les fautes commises, faire leur mea culpa et prendre des dispositions empêchant toute récidive du coup porté à l’État. Pour ne pas dire du coup d’État. Cependant, habiles par définition, certains politiciens appartenant au groupement de Kornet Chehwane conseillent que l’on évite de mélanger le dossier sécuritaire et les fautes politiques. Il s’agit pour eux de ne pas réveiller le chat qui dort. C’est-à-dire d’éviter que les décideurs ne se sentent obligés de porter secours encore plus fermement à leurs favoris. Ce qui serait le cas, soulignent ces professionnels, si l’on liait trop ostensiblement les récentes secousses intérieures à l’affaire chronique de la présence syrienne. En rejetant l’amalgame, ajoutent ces tacticiens, on neutralise la tentative des ultras loyalistes de justifier les événements par les impératifs stratégiques dits régionaux. Une prudence élémentaire qu’adopte d’instinct, à leur avis, le patriarche, ce phare qui illumine selon eux la voie à suivre. Ils soulignent donc que Mgr Sfeir ne met pas en cause la Syrie dans les récents événements. Ce qui, à leur sens, donne encore plus de poids au mouvement de réconciliation nationale initié par le prélat lors de sa tournée en montagne. Mais les aounistes et les FL qui ont partie liée avec Kornet Chehwane ? «Ils sont d’accord, répondent ces sources, pour se conformer aux dispositions de notre manifeste. Qui condamne Israël et consacre l’alliance avec la Syrie sur le plan régional. En insistant sur des relations bilatérales vraiment privilégiées, c’est-à-dire assainies. Ce document réfute donc tous les soupçons dont le camp chrétien se trouve accablé. Il n’y a pas, comme certains se plaisent à nous en accuser à des fins troubles, de pari sur des changements régionaux. Nous sommes pour le dialogue national, nous sommes pour la réconciliation. Les autorités doivent prouver qu’elles sont sur la même longueur d’onde, si tant est qu’elles se soucient de la nation». Et de reprendre après ce plaidoyer la contre-attaque en fustigeant «les méthodes policières du pouvoir au niveau de la rue. Ainsi que l’intimidation au niveau de la classe politique, Parlement en tête. Comment se fait-il que vingt-quatre heures avant le sit-in décrété devant le Palais de justice, les murs d’enceinte se sont trouvés tapissés de posters à l’image du chef de l’État ? Pourquoi a-t-on voulu en faire un témoin silencieux des brutalités programmées pour le lendemain et commises par des agents en civil ? Comment ces transgressions criantes de la loi peuvent-elles être commises dans un site où l’on a accroché le portrait du premier magistrat du pays ?». Sur ce point précis, un officiel croit savoir que le président Lahoud a été particulièrement indisposé par l’exploitation de son image à son insu, qu’il a demandé qu’on ôte les posters et qu’on sanctionne les cadres coupables d’avoir pris cette initiative. Toujours est-il que les opposants ont l’intention de continuer à militer sans défaillir pour les libertés, pour l’application de la loi. Et pour celle de Taëf. Bien qu’à l’heure actuelle les décideurs serrent la vis, chez eux aussi bien qu’ici, au nom des impératifs stratégiques régionaux.
Comme George Bush le sait mieux que personne, il ne suffit pas de s’autoproclamer vainqueur, il faut encore que l’adversaire reconnaisse sa défaite. Or, aussi mauvais joueurs qu’Al Gore, les opposants du cru ne s’avouent toujours pas vaincus. Et ils refusent de s’aligner sur les présidents Hariri et Berry qui ont eu pour leur part l’élégance d’enterrer la hache de...