Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Assomption - La diatribe la plus violente du métropolite de Beyrouth - Audeh fustige les responsables qui « rampent à en avoir - des cicatrices aux genoux »

Dans une diatribe d’une rare violence, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, s’est déchaîné hier contre les responsables à la suite de la vague d’arrestations dans les milieux chrétiens, de la répression des jeunes par les agents des services de renseignements et de la volte-face du Parlement dans l’affaire de la loi sur le code de procédure pénale. Mgr Audeh s’exprimait dans une homélie prononcée en l’église Saydet al-Niyah, à Ras-Beyrouth, à l’occasion de l’Assomption. «Lorsque je suis entré dans l’église, commence-t-il, j’ai vu des mères qui m’attendaient à la porte pour me demander de crier leur colère à la face de ceux qui ont enlevé leurs enfants et les ont jetés en prison». «Je ne crois pas que ceux qui ont pris nos enfants sont plus honorables qu’eux. Je crois au contraire que ceux qui ont enlevé nos fils ont le mal incrusté au plus profond d’eux-mêmes. C’est le Diable qui les habite. Ce que nous avons vu dernièrement est le mal incarné, car nos enfants ne se comportent pas comme on l’a dit, ce sont des enfants instruits, des universitaires», souligne-t-il. «Quand je pense à ceux qui ont planté leur épée dans le cœur des mères, je ne peux m’empêcher de pleurer et de gémir sur le sort de ce pays. Mais je les excuse. Oui, je les excuse, car lorsque j’ai vu ce qui s’est passé il y a deux jours dans l’enceinte de notre Parlement, cette Chambre qui prétend nous représenter et qui se dit souveraine, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Nous savons tous qu’il y a quelqu’un qui leur dit quoi faire, qu’ils sont soumis à la volonté d’autrui. Ils se prétendent souverains, mais nous ne ne sommes pas des imbéciles au point de les croire. Qu’ils nous battent, s’ils étaient libres de leurs décisions. Combien leurs gifles nous paraîtraient alors douces», lance Mgr Audeh. Son visage s’anime d’une expression de colère non contenue : «Regardez-les, dit-il, comme ils aiment tous ramper. Ils ont tellement rampé que leurs genoux en portent les cicatrices, que leurs fronts en portent les stigmates». «Je voudrais demander au premier homme, au second et au troisième : accepteraient-ils que leurs enfants soient ainsi traités ? Et puis que reproche-t-on exactement aux gens ? Quel crime commettent-ils en réclamant que leur pays soit libre et indépendant ? Que chaque député qui n’a rien à dire à ce sujet s’en aille tout de suite, qu’il soit grand ou petit, parce qu’il ne nous représente pas, parce qu’il ne peut pas représenter ce pays», hurle-t-il. «Ils affirment qu’ils sont tous au-dessous des lois. Mais des juristes nous disent que le Parlement lui-même ne respecte pas la loi. Alors, si eux-mêmes ne se soumettent pas aux lois, comment se permettent-ils de nous donner des leçons», s’interroge le métropolite. «Même s’il était libre de ses décisions, lorsqu’un Parlement change d’avis deux fois en une semaine, nous serions dans une situation terrible à vouloir le suivre», relève-t-il. Et de poursuivre : «Comment ont-ils arrêté tous ces jeunes et les ont-ils jetés en prison ? En vertu de quelle loi ? Le gouvernement a affirmé qu’il ne savait pas. Le Premier ministre a dit qu’il n’était au courant de rien. Alors, il faut que nous sachions : quelle loi appliquent-ils lorsqu’ils veulent nous inculquer des leçons ?». «Dans ce pays, la militarisation du pouvoir est néfaste. Nous respectons les militaires, mais l’armée est faite pour défendre mon pays, pas pour tuer mes enfants. La mission de l’armée est d’être aux frontières, pas de me frapper. Je ne veux pas être injuste envers les soldats, car je sais qu’il y en a qui souffrent encore davantage que nous, comme j’ai pu l’apprendre», dit-il. «Lorsque deux responsables veulent s’en prendre l’un à l’autre, c’est le pays qui en paye le prix. Qu’ils s’entretuent donc, mais sans que le Liban ne soit sacrifié pour autant. Ce pays, nous l’aimons, et seulement lui. Celui qui n’aime pas ses compatriotes ne peut aimer ses voisins, ni aucune autre personne», estime le prélat. «Nous avons souvent le sentiment qu’il y a une fraction de la population de ce pays qui est la cible d’accusations de trahison. Qui peut surenchérir sur l’amour que porte cette fraction au Liban ? Il y en a, peut-être, qui l’aiment tout autant, mais certainement pas davantage». Et de conclure : «Nous ferons face à ceux qui cherchent à chasser nos enfants de notre pays, car privés de ces derniers, le Liban n’aurait plus la même couleur, ni le même goût, ni la même forme. Que les responsables prennent garde, parce que nous ne voulons pas que leur grand jeu détruise notre petit Liban».
Dans une diatribe d’une rare violence, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, s’est déchaîné hier contre les responsables à la suite de la vague d’arrestations dans les milieux chrétiens, de la répression des jeunes par les agents des services de renseignements et de la volte-face du Parlement dans l’affaire de la loi sur le code de procédure...