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Actualités - ANALYSES

Vers un dialogue généralisé, - annoncent les loyalistes

À quelque chose malheur est bon. Si la crise des pouvoirs, longtemps larvée, n’avait pas éclaté au grand jour, il n’y aurait pas eu de solution. C’est ce que relevait hier matin, avant le déjeuner de Baabda, un officiel concerné. Pour qui, en s’expliquant avec les deux autres présidents, en faisant annoncer qu’il allait voir le patriarche Sfeir puis en fixant audience à M. Joumblatt, le chef de l’État donne en fait le coup d’envoi à un dialogue généralisé. Pour réaliser – enfin – cette entente nationale prévue dans Taëf et restée jusque-là lettre morte. Selon ce responsable, qui n’a pas l’air de craindre un échec des rencontres présidentielles, «tant que les pouvoirs restaient déséquilibrés, il n’était pas possible d’engager un vrai dialogue de fond». Ce qui peut signifier qu’en position de faiblesse, nul n’a intérêt à négocier. «Donc, poursuit cette personnalité, il a fallu corriger l’inclinaison du fléau de la balance. Par des mesures qui ont provoqué des protestations. Et dont on n’aurait pas eu besoin si les pouvoirs étaient bien équilibrés, condition essentielle pour qu’ils puissent coopérer harmonieusement». Selon ce loyaliste, «le président Lahoud a su amortir l’impact du triomphe électoral de M. Hariri et de la mise sur pied de l’actuel cabinet. Le chef de l’État a approuvé, et même fermement soutenu, les dispositions prises ou envisagées pour le traitement des problèmes économiques et financiers du pays. Il a appuyé M. Hariri au sujet de Solidere, n’a soulevé aucun problème au sujet de Sukleen et, d’une manière générale, a évité soigneusement de contrecarrer les projets auxquels le président du Conseil semblait tenir. Or cette attitude, qui se voulait constructive, a été prise par certains pour un signe de faiblesse. La présidence de la République en a paru marginalisée. Cependant, en dépit de tout ce qu’on pouvait lui rapporter, le président Lahoud a persisté à soutenir le gouvernement dans ses efforts économiques. Car il y allait de l’intérêt du pays bien plus que de celui du cabinet. De plus, une “guerre de liquidation”, ou d’hégémonie, entre les pouvoirs eut été néfaste pour tous». Un constat éminemment pertinent. Alors, pourquoi l’affrontement ? Le responsable cité évoque d’abord, en réponse, l’affaire de la loi sur la procédure pénale. «Ni le gouvernement ni la Chambre, dit-il, n’ont voulu ménager l’avis de la présidence de la République et retenir les retouches qu’elle proposait. Ils ont persisté et signé. Dans un clair défi à la volonté du chef de l’État». Déjà un premier froissement. «Ensuite, reprend le loyaliste, le président de la République a souhaité participer à la fête de la réconciliation et de la concorde occasionnée par la tournée du patriarche Sfeir en montagne. Il a donc assisté à l’office divin célébré par le prélat à Deir el-Qamar. Mais les FL et les aounistes rassemblés au-dehors se sont mis à hurler des slogans hostiles à sa personne comme à la Syrie. Il en a été de même lors de l’escale du patriarche à Kahalé. Passer de tels incidents sous silence aurait été admettre un laisser-aller menaçant directement la sécurité du territoire, livré aux fauteurs de troubles et à l’anarchie. Ce qui aurait porté dangereusement atteinte au Liban comme à la Syrie, seul Israël y trouvant son compte. Il a donc fallu agir immédiatement. D’autant qu’en effectuant en juin le redéploiement de ses troupes, la Syrie a pensé qu’un geste aussi positif trouverait un écho favorable localement. Et qu’on cesserait de pousser les hauts cris pour lui demander de se retirer, à un moment où la situation régionale est aussi dangereuse. Parallèlement, il est temps que les partis interdits comprennent que la tolérance dont ils ont pu bénéficier a ses limites. Ce n’est pas un droit acquis leur permettant n’importe quoi». – Retour ensuite au langage de la détente : cet officiel affirme qu’il n’existe pas du tout de «projet sécuritaire» mis en opposition avec les autorités civiles, comme le subodore l’opposition. «Il n’existe, assure-t-il, au niveau du pouvoir qu’un cadre strictement politique. Il n’y a aucun plan de militarisation du système. Et les militaires ne sont là que pour protéger l’ordre établi». Et de conclure en répétant qu’aujourd’hui «le rééquilibrage des pouvoirs étant réalisé entre les présidences, le chef de l’État, qui se retrouve de la sorte en position de force, tend la main volontiers à tous». Une manière indirecte de confirmer que dans un système composite, ce sont les notions de partage et de rapports de forces qui priment.
À quelque chose malheur est bon. Si la crise des pouvoirs, longtemps larvée, n’avait pas éclaté au grand jour, il n’y aurait pas eu de solution. C’est ce que relevait hier matin, avant le déjeuner de Baabda, un officiel concerné. Pour qui, en s’expliquant avec les deux autres présidents, en faisant annoncer qu’il allait voir le patriarche Sfeir puis en fixant audience...