Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

On reparle de la présidentielle - Encore une redistribution des cartes… et des alliances

Certains alliages ne résistent pas à l’épreuve du feu. Certaines alliances non plus. Même quand elles se prétendent d’acier, comme l’axe Hariri-Joumblatt-Berry, pratiquement mort-né. Un passage si rapide de vie à trépas que beaucoup d’observateurs se demandent si, au fond, ce n’est pas pour précipiter la fin de cette troïka bis, ou parallèle, que les services parallèles se sont mis en action.Un soupçon fondé, disent les mauvaises langues, sur le fait que la conjonction de ces trois constellations parlementaires devait leur permettre d’influer d’une manière presque décisive sur la prochaine présidentielle. En clair, ce serait pour empêcher que les trois leaders réunis n’arrivent à s’opposer à une éventuelle reconduction que les fidèles serviteurs du régime se seraient mis en branle. En branle-bas de combat de rue plus précisément. Et si la meilleure défense c’est encore l’attaque, la meilleure prévention c’est la dislocation des rangs adverses. Dès lors, le tableau se résume dans le dicton libanais connu : il les a gobés à déjeuner (en les y invitant du reste) avant qu’ils ne le croquent à dîner. Mais la ligne d’arrivée reste quand même éloignée. Et beaucoup d’eau va encore couler sous les ponts, rétablis ou rompus, avant l’échéance présidentielle. Pour l’heure, c’est un peu le flottement, en attendant que se décantent les effets de l’opération (musclée) qui a modifié les rapports de force sur la scène politique locale. En redorant le blason des loyalistes proches du régime. Dont la montée en puissance, confortée par le soutien ouvert des décideurs, a un étrange effet de reflux au niveau de la majorité parlementaire. Ce qui illustre la véracité d’un autre dicton populaire local : il faut toujours se tenir aux côtés de celui qui est debout. Un sage précepte que les pôles officiels, qui ont perdu des plumes dans le récent engagement, se proposent d’appliquer sans tarder. D’où ce slogan nouveau : un pour tous, tous pour un au sein de l’auguste famille du pouvoir. Toutes têtes confondues, à la grande confusion de deux d’entre elles. Il y a encore mieux : ce bel élan d’osmose doit s’étendre à tous les taëfistes. Moukhtara et même Bkerké compris. La condition nouvelle étant que chacun doit désormais savoir rester à sa place sous le toit commun. Une place au soleil que le dialogue qui s’enclenche, autrement dit les pourparlers qui s’engagent, doit définir. Schématisant cet agencement, un loyaliste bon teint souligne que «dorénavant, les tenants du pouvoir doivent au pouvoir s’en tenir. C’est-à-dire renoncer aux arrangements faits en dehors de ce cadre même. Ce qui signifie, pour tout dire, que les présidents doivent se ranger aux côtés du chef de l’État, sans chercher leurs appuis dans des alliances avec divers leaderships. Et sans tenter de se mettre en tandem contre le régime, comme cela se pratiquait parfois sous M. Hraoui. Bien entendu, le même principe s’applique aux ministres. Et, de manière globale, toutes les formations, tous les particuliers qui ont à cœur les intérêts du pays doivent unir leurs rangs derrière ce rassembleur national qu’est le régime. Dont c’est du reste la mission constitutionnelle». – Il reste cependant à savoir si le courant qui a le vent en poupe, ou qui pense l’avoir, a les moyens de concrétiser ses ambitions. Un indépendant en vue en doute. À son avis, «les loyalistes proches du régime se trompent quand ils voient dans la jonction politique opérée à Kantari par MM. Hariri, Berry et Joumblatt, un simple bazar tactique visant les prochaines législatives ou même la présidentielle. En réalité, les trois hommes ont quelque chose de profond en commun : la certitude que la priorité des priorités, c’est le sauvetage économique. Peut-être qu’ils ont l’air aujourd’hui séparés. Cela s’est vu à la Chambre, mais aussi lors de la tournée du leader du PSP au Sud. Mais ce n’est pas très important. Car ils sont pratiquement condamnés à agir de concert tôt ou tard. C’est indispensable pour réaliser le plan de redressement économique. Et c’est vital au niveau des libertés, qui sont d’ailleurs une condition sine qua non pour la réussite de ce plan». «Cependant, observe cette personnalité, cela ne veut pas dire nécessairement que les tiraillements politiques vont reprendre. Il n’est pas exclu que la trêve qui s’amorce dure au moins jusqu’à Paris II. Car le régime ne semble vouloir écraser personne. Et son camp estime sans doute avoir largement réussi à neutraliser les dangers qui pouvaient découler, en termes d’influence, de l’alliance de Kantari, comme de la tournée du patriarche en montagne, de l’action propre à M. Joumblatt ou de la redynamisation des antisyriens. Les loyalistes pensent aujourd’hui qu’ils sont devenus assez forts pour se permettre de se montrer magnanimes. Ce n’est du reste pas mauvais, car il est bon que le pays ait une autorité forte à sa tête. À condition que, comme le président Lahoud en offre le vivant exemple par son ouverture, cette force même s’inspire de l’esprit de dialogue, de consensus et de libertés sans lequel le Liban périrait». Cet avis, qui privilégie le consensus, est manifestement partagé par les hautes autorités. Mais certains thuriféraires ne voient pas les choses sous cet angle. À les entendre, le régime ne doit pas simplement arbitrer, mais diriger. Et seul. Car, selon eux, c’est à lui que le Liban doit d’avoir pu libérer le Sud et la réconciliation. Ils affirment enfin que tout le monde a intérêt à se placer sous sa houlette. Un point de vue extrême que le premier cercle de loyalistes, répétons-le, ne partage pas.
Certains alliages ne résistent pas à l’épreuve du feu. Certaines alliances non plus. Même quand elles se prétendent d’acier, comme l’axe Hariri-Joumblatt-Berry, pratiquement mort-né. Un passage si rapide de vie à trépas que beaucoup d’observateurs se demandent si, au fond, ce n’est pas pour précipiter la fin de cette troïka bis, ou parallèle, que les services...