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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVAL DE BAALBECK - Les solistes de l’orchestre de chambre de Salzbourg et Danielle Laval au temple de Bacchus Haydn et Mozart : douceur et éclats feutrésClôture en beauté, élégance et raffinement du Festival 2001 de Baalbeck au temple de Bacchus avec les Salzburg Chamber soloists sous la férule de Lavard Skou-Larsen et au clavier, pour donner la réplique, en robe rouge, Danielle Laval. Atmosphère singulière de ce temple dédié au dieu du vin où tout spectacle et événement artistique revêtent brusquement un caractère particulièrement imposant et intimiste. Magie absolue d’une musique de cour qui s’insinue au plus profond des interstices des pierres assoupies avec un menu compact où s’inscrivent des pages admirables, entre symphonies et concerti, de Haydn et Mozart dont l’affiliation et les affinités sont nombreuses, notamment cette notion de joie qui marque la géniale personnalité des deux musiciens. Ouverture avec l’une des multiples symphonies (n°52 en ut mineur – en quatre mouvements) de Haydn, lui qui entama sa carrière au pupitre des soprani ! On se rappelle volontiers en écoutant ces pages vives, colorées, fraîches, teintées parfois d’un soupçon de gravité, respirant sans nul doute un certain appétit de vivre, les aveux de celui qui a composé surtout pour la société légère et cultivée de Vienne : «Puisque Dieu m’a donné un cœur joyeux, il me pardonnera de l’avoir servi joyeusement !». Nous aussi d’ailleurs, tout à notre plaisir ! Considéré comme le «père de la symphonie» (tout en accordant toutefois à Sammartini et Stamitz la part de vérité !) Haydn éblouit l’auditoire par sa facilité mélodique, sa verve rythmique inépuisable et surtout certaines libertés qu’il prend, pour l’époque, avec les tournures traditionnelles un peu figées ou compassées. Tout en faisant la part belle à un orchestre aux richesses sonores aux confins parfois de l’ampleur beethovenienne… Pour l’époque, et aujourd’hui on le savoure peut-être davantage avec le recul du temps, Haydn sait utiliser les ressources particulières à chaque timbre pour décrire ou suggérer… Douceur aérienne avec Mozart et son concerto (n° 12 en a majeur K414) pour piano et orchestre dans ses trois mouvements (allegro-andante-allegreto) faisant alterner vivacité, rêverie et charme pétillant… Perlées, nacrées, lumineuses, scintillantes, d’une pureté de cristal, voilà les notes déferlant en lame de fond liquescente d’un clavier à la narration maîtrisée, souple et élégante. Pour tout dire absolument mozartienne. Et qui s’intègre parfaitement à la vision d’une œuvre à la sensibilité vive, sans aucune concession aux ornements gracieux ou aux effets sonores. Les articulations de la partition et les questions-réponses de l’orchestre et du clavier se présentent ici avec clarté et dynamisme. Un allant, une verve incomparables obtenus au mépris de toutes les facilités ordinaires. Premières mesures de la seconde partie du programme avec un des vingt concerto (en d majeur) pour piano et orchestre de Haydn, en trois mouvements. Et un finale presque somptueux : un sémillant rondo «all’ungherese» d’une célérité à couper le souffle et où les doigts de la pianiste doivent être d’une agilité de vent… Connaissant bien les ressources du clavier, l’auteur de la symphonie des Adieux, excelle à donner au soliste une éloquence particulièrement vibrante. Sans jamais toutefois toucher au paroxysme d’un sentiment… La mesure est l’affaire du maître. Et Haydn en est le maître! Pour terminer, les colonnes du temple ont tendu, dès les premiers accords, oreilles plus attentives. Une des quarante-neuf symphonies (la 33-k319 avec ses quatre mouvements-allegro assai-andante moderato-menuetto, et un finale en allegro assai) a remis en vie les chapiteaux décapités et fait luire encore davantage les étoiles clignotantes qui veillaient dans ce dôme en velours du firmament au-dessus des auditeurs… Nette et importante évolution de la forme par rapport à la narration de Haydn où jaillissent spontanéite et grâce naturelle. Si on retrouve la succession habituelle (allegro, adagio, menuet, finale), le deuxième mouvement bénéficie déjà d’un développement plus marqué. Orchestration encore plus riche avec des «vents» non seulement soutenant le quatuor à cordes mais intervenant avec leurs timbres propres et de manière indépendante. Synthèse parfaite de la facilité italienne, de la rigueur allemande et de l’élégance française, voilà la voix admirable et fluide de l’auteur de La Symphonie Jupiter et qui taquine ici en éclats feutrés ces hauts lieux du paganisme où flotte encore l’esprit de Dyonisos… Dénuée d’intentions profondes, exempte d’épanchements lyriques, marquée par un jaillissement constant de mélodies et de couleurs harmoniques, cette narration est avant toute chose musique… Musique qui nous emmène vers les plus lointaines rives du rêve dans un pays où le rêve même semble confisqué... Applaudissements de tonnerre d’un public enthousiaste (qui n’hésite pas à se manifester bruyamment en première partie, entre deux mouvements, comme s’il s’agissait d’une «sahbee» d’Abou Zoulouf, ignorant probablement que cette musique n’a rien des effets de bravoure mais au contraire est tout en nuances, retenue et modération) et deux bis généreusement honorés par les musiciens. Dernière merveilleuse mélodie d’Astor Piazzolla où mélancolie et sensualité se terminent dans un délicieux soupir…
FESTIVAL DE BAALBECK - Les solistes de l’orchestre de chambre de Salzbourg et Danielle Laval au temple de Bacchus Haydn et Mozart : douceur et éclats feutrésClôture en beauté, élégance et raffinement du Festival 2001 de Baalbeck au temple de Bacchus avec les Salzburg Chamber soloists sous la férule de Lavard Skou-Larsen et au clavier, pour donner la réplique, en robe rouge,...