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Actualités - REPORTAGES

À Deir el-Qamar, la première école gratuite, démocratique et populaire

L’an de grâce 1752 vit s’ouvrir à Deir el-Qamar, capitale des émirs libanais, la première école gratuite, démocratique et populaire de tout l’Orient. Ce grand événement, lourd de conséquences dans l’histoire de la culture libanaise et, partant, de la culture arabe et orientale, se passe seize ans après le Concile libanais et trente-sept ans avant la Révolution française, grâce à la générosité d’une grande dame Chéhab, Sitt Ammün, fille de l’émir Najm, alors prince régnant (1730 – 1753), et mère de l’émir Youssef, autant qu’au zèle des moines maronites libanais. Mais voici des textes, extraits des documents conservés aux archives de la maison-mère des moines au couvent Notre-Dame de Louaizé, aux archives du presbytère de Notre-Dame de Tallé à Deir el-Qamar. Et d’abord la Fondation de Sitt Ammün (traduction littérale) : «La raison de ce texte et le mobile de cet écrit c’est que nous avons fait don, un don total, à nos chers moines alépins libanais, des quatre salles voûtées et de toutes les boutiques construites au-dessus, près de l’église Notre-Dame de Tallé et qui nous appartiennent. Et cela par l’intermédiaire de notre cher père Matta Hakim, moine alépin. Ces bâtiments deviennent la propriété réelle et légale, constituée en wakf (Fondation) des dits moines. Ils en useront comme ils l’entendront et personne, pas même nous, n’aura le droit de le contester de n’importe quelle façon». «Fait en l’an mille cent soixante-trois (de l’Hégire) {1750 n.è.}». «Écrit par et pour la mère de Youssef». Ce don-fondation a été accepté par le conseil des moines au cours de la séance de vendredi 26 juin 1750. La décision ajoute : «Et nous avons consenti à y affecter deux moines pour l’instruction des enfants». Le patriarche Simaan Aouad approuve la donation et bénit la fondation. Le chapitre des moines nomme, ensuite, le père Matta Hakim, supérieur de la Mission de Deir el-Qamar, pour la réalisation du projet, «acceptant qu’il demeure là-bas au service de la Mission, répondant au bon vouloir de la noble dame, Sitt Ammün». Le désir de Sitt Ammün se réalisera deux ans après. L’école ouvrira ses portes en 1752. «En l’an de grâce 1752, l’Ordre alépin libanais édifie un presbytère à Deir el-Qamar, ville de l’émir, capitale du gouvernement». «Il y fonde une école pour l’instruction des enfants. Cette école groupe, avec les enfants de la communauté maronite, les fils des princes et des dames, et des villageois. Et ce, grâce à la fondation mentionnée plus haut. Il est entendu que l’Ordre y donne l’enseignement sans prétendre à aucune rétribution». F.E.B. : «Le Livre et le Liban»
L’an de grâce 1752 vit s’ouvrir à Deir el-Qamar, capitale des émirs libanais, la première école gratuite, démocratique et populaire de tout l’Orient. Ce grand événement, lourd de conséquences dans l’histoire de la culture libanaise et, partant, de la culture arabe et orientale, se passe seize ans après le Concile libanais et trente-sept ans avant la Révolution...