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Actualités - CHRONOLOGIES

Réconciliation - Lahoud appelé à « faire preuve de largesse d’esprit » - Le liban-sud réserve un accueil délirant - à Joumblatt, consacré leader national

La réconciliation se poursuit, malgré tout ce qui tend à l’entraver : c’est en substance le message qu’a adressé hier le président du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt, à travers une tournée historique au Liban-Sud libéré. Un Walid Joumblatt qui a définitivement acquis une envergure nationale, comme en atteste l’accueil populaire extraordinaire qu’il a reçu dans quasiment tous les villages visités de la part de toutes les communautés représentées dans la région. Avec, à l’arrivée, une consécration à Bayyada avec plus de 50 000 druzes venus le plébisciter. Le début du périple de Joumblatt est plutôt discret, à Jezzine, où la rue ne s’est que peu mobilisée pour le recevoir, avec les ministres Marwan Hamadé, Ghazi Aridi et Fouad el-Saad et tous les députés du bloc joumblattiste. Dans toutes ses étapes, le chef du PSP met l’accent sur l’importance de la libération, sur la réconciliation et sur l’entente nationale. Le député Samir Azar, premier de ses hôtes, lui répond immédiatement : «Les Libanais forment tous une seule et même famille». Chez l’ancien ambassadeur des États-Unis au Liban, Simon Karam, M. Joumblatt évoque la position sage de De Gaulle après la libération de Paris. «Il ne s’est pas vengé», souligne-t-il, à qui veut bien l’entendre. Puis, c’est au tour des anciens députés Sleiman Kanaan et Edmond Rizk de recevoir M. Joumblatt. Après avoir quitté Jezzine, dans un convoi de partisans qui ne cessait de grandir, Joumblatt prend le chemin de l’évêché grec-orthodoxe de Marjeyoun. Il est stoppé devant l’église maronite Saint-Georges à Kleyaa par une foule de gens tout de noir vêtus qui participent à des funérailles. «C’est le Christ qui passe», crient tout haut certains, en se précipitant sur la voiture de M. Joumblatt pour l’inviter à descendre. Le chef du PSP prend son premier bain de foule. Les gens se précipitent pour l’embrasser et lui serrer la main. À l’évêché grec-orthodoxe de Marjeyoun, l’accueil est tout aussi chaleureux. L’évêque grec-orthodoxe de Tyr, de Sidon et de Marjeyoun, Mgr Élias Kfoury, adresse dans son mot de bienvenue un message à l’État qu’il appelle «à assumer ses responsabilités en ce qui concerne le développement au Liban-Sud». Il met en exergue l’importance de la visite du patriarche maronite Nasrallah Sfeir au Chouf et applaudit aux propos prononcés à Moukhtara par Walid Joumblatt selon lesquels il faut mettre fin aux «axes bipartites». Mgr Kfoury remercie également le président de la République Émile Lahoud pour l’aide qu’il a apportée au Sud. Joumblatt applaudit. Et répond, dans le cadre de son intervention : «Il semble que la semaine dernière le président Lahoud se soit emporté en raison d’une remarque quelconque quelque part. N’importe quel président dans le monde doit entendre des choses qui lui déplaisent. Il arrive qu’en Occident, ils lui jettent des œufs… Nous appelons le président Lahoud à faire preuve de patience, de largesse d’esprit et de démocratie, ce qu’il avait fait lorsqu’il avait reçu un des fils de la région, Habib Sadek. Nous souhaitons que le dialogue se poursuive avec toutes les forces politiques, avec le groupe de Kornet Chehwane et tous les autres pour un Liban démocrate, uni, souverain et indépendant». Sur le Sud, il dit sa préférence pour le recouvrement des hameaux de Chebaa par «des moyens pacifiques». Le message est adressé aussi au mouvement Amal. Le différend entre les deux partis, selon des sources proches du PSP, aurait porté sur Habib Sadek, porte-parole du Forum démocratique, que le leader druze doit rencontrer à Khiam, ce que Amal ne voit pas d’un si bon œil. À Khiam, Walid Joumblatt se rend d’abord à l’ancien pénitencier de l’ALS transformé en musée. C’est le responsable du Hezbollah au Liban-Sud, Nabil Kaouk, qui lui fait visiter les lieux. Joumblatt se rend ensuite chez Habib Sadek, sur la place du village de Khiam. Il est accueilli par la frange de la communauté chiite locale qui soutient Sadek. Les positions exprimées se complètent : Sadek critique ouvertement le mouvement Amal et met en évidence le rôle essentiel tenu par Joumblatt sur la scène politique. Pour sa part, le chef du PSP ne mâche pas ses mots. Selon lui, il y a «un combat aussi important que la libération qui se déroule à l’heure actuelle, pour la démocratie et les libertés». Joumblatt réclame également une loi électorale moderne qui permettrait à «tous» d’accéder au Parlement. Tous ne voulant pas dire les «bulldozers» électoraux de la région… à l’instar d’Amal. Le reste de la tournée relève de l’euphorie, du délire. Sur la voie qu’emprunte Joumblatt, des portraits de Kamal Joumblatt, des portraits de lui avec le slogan «Nous somme fidèles», des drapeaux du PSP et plein de photos de Che Guevara, aussi. À Ebl el-Saqi, village druzo-chrétien dans le caza de Marjeyoun, Joumblatt est reçu comme un leader national, un véritable Grand. Des cheikhs druzes pleurent en se demandant s’ils le verront une fois encore au cours de leur existence. Cette admiration pour Walid Joumblatt, «gardien des libertés et pionnier de la réconciliation», frise l’idolâtrie. L’accueil à Hasbaya est pluricommunautaire. Joumblatt est à nouveau reçu dans un climat de liesse populaire et visite notamment le domicile d’Iskandar Ghobril, ancien administrateur du Liban-Nord. La montée vers Khelwet el-Bayyada, lieu de culte des cheikhs druzes, constitue, quelques minutes plus tard, l’apothéose du périple joumblattien. Plus de 50 000 fils de la communauté se rassemblent pour entendre le message adressé par leur leader aux druzes de Palestine, en présence d’une délégation du Hezbollah. Joumblatt les appelle à refuser de participer au massacre perpétré par les sionistes en Palestine en «n’accomplissant pas leur service militaire dans l’armée israélienne», sans aller toutefois jusqu’à réclamer la désobéissance civile. Sur le chemin qui doit le mener à Chebaa, dernière étape de sa visite, Joumblatt est partout reçu comme un leader national. Tous les habitants des villages sont descendus lui lancer une poignée de riz et des pétales de rose. Mais il n’ira pas jusqu’à Chebaa, une «erreur de coordination» avec un responsable local l’incitant à mettre un terme à sa visite. Une visite qui le consacre pour de bon comme l’un des piliers de la réconciliation et de l’entente nationale.
La réconciliation se poursuit, malgré tout ce qui tend à l’entraver : c’est en substance le message qu’a adressé hier le président du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt, à travers une tournée historique au Liban-Sud libéré. Un Walid Joumblatt qui a définitivement acquis une envergure nationale, comme en atteste l’accueil populaire...