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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVAL - La musique improvisée libre en première au Masrah.com - Une place au soleil

Sous les pavés de la techno, se déroule depuis les années 60 une immense langue de terre sans frontières, connue sous l’appellation «musique improvisée libre». Ses plus grands représentants s’appellent Coltrane, Coleman ou Art Ensemble of Chicago pour le jazz (devenu «free») et Schönberg ou Cage pour le domaine classique. Les autres, apparus entre-temps, sont pour la plupart restés dans l’ombre et ne sont appréciés que par une poignée d’amateurs. Et pour cause : la musique improvisée libre porte haut ses couleurs : pas de règles ou d’harmonie apparentes. Organisée par l’Admill (Association pour le développement de la musique improvisée libre au Liban), la première édition de ce festival hors normes a élu domicile pour un soir, jeudi dernier, au Masrah.com, rue de l’Université Saint-Joseph. Une collaboration franco-libanaise entre jeunes musiciens (moyenne d’âge : 25 ans) et amateurs de sons nouveaux. Étaient invités par les organisateurs Sharif et Christine Sehnaoui (respectivement guitariste électrique et saxophoniste), Laurent Grappe, collectionneur de sons et de textes, Frédéric Blondy, pianiste, David Chiesa, contrebassiste, et Alexandre Bellanger, improvisateur sur synthétiseur analogique. Les Libanais Yann Charaoui, explorateur des possibilités de l’échantillonneur («sampler»), et Mazen Kerbaj, saxophoniste, étaient également présents. Générosité Le Français Frédéric Blondy est certainement la révélation de cette soirée, sans doute grâce à son expérience, plus ancienne que celle des autres musiciens réunis ce soir-là, mais surtout grâce à son naturel, totalement débridé, lorsqu’il est devant son piano. Parce qu’après tout, c’est ce qui est attendu de la musique improvisée libre : un relâchement extrême des instruments et de leurs interprètes s’exprimant dans leur pleine mesure ou démesure. Frédéric Blondy a excellé dans les deux improvisations qu’il a données, «dans un plein élan de générosité», selon ses propres termes. À signaler aussi les recherches sur le mode humoristique de David Chiesa, qui a pris le risque, à la limite de l’iconoclaste, de maltraiter sa contrebasse avec des archets plus inattendus les uns que les autres, comme par exemple une canette de soda. Et celles, réellement intéressantes, du saxophoniste Mazen Kerbaj, qui a rajouté sur son instrument ténor un embout entre le bec et l’embouchure. Sharif Sehnaoui a lui aussi donné une dimension nouvelle à sa guitare électrique, jouant à plat et en frottant des tiges de bois et de métal contre les cordes. Quant aux arrangeurs de sons, électroniques ou autres, ils ont choisi la voie difficile : certains, comme Yann Charaoui, ne manquent pas d’idées mais restent timides et quelque peu dépassés par leurs machines. Ce premier festival a l’immense mérite de sortir des sentiers battus et de faire une place au soleil à la musique improvisée libre. C’est ce genre de manifestations atypiques qui est à même de révéler d’authentiques personnalités musicales, capables d’exprimer leur relation à un instrument de manière primitive, parfois géniale. À quand le prochain ?
Sous les pavés de la techno, se déroule depuis les années 60 une immense langue de terre sans frontières, connue sous l’appellation «musique improvisée libre». Ses plus grands représentants s’appellent Coltrane, Coleman ou Art Ensemble of Chicago pour le jazz (devenu «free») et Schönberg ou Cage pour le domaine classique. Les autres, apparus entre-temps, sont pour la...