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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Ziad Assouad hospitalisé pour de graves contusions à la tête - Le conseil de l’Ordre dénonce les violations et menace de poursuivre l’escalade

Le conseil de l’Ordre des avocats a qualifié de «décevantes», les décisions du Conseil des ministres de jeudi et a dénoncé les violations graves des libertés, les arrestations illégales et la répression violente des manifestants réunis ce jour-là devant le Palais de justice. Outre la décision de porter plainte devant les procureurs généraux de Beyrouth et du Mont-Liban contre toute atteinte à la loi durant les enquêtes préliminaires en cours, le Conseil, réuni hier en présence de plusieurs parlementaires, a menacé «de prendre des mesures plus dissuasives». En fin d’après-midi, le président de l’Institut des droits de l’homme au barreau de Beyrouth, Georges Assaf, et le commissaire du Palais de justice, Nabil Toubia, se sont entretenus avec Nasri Lahoud, commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, qui aurait tenté de «calmer» ses visiteurs. Me Assaf a affirmé que, selon Nasri Lahoud, les 61 personnes arrêtées ont été déférées devant le tribunal militaire. Dans le groupe figurent 9 avocats. Mes Assaf et Toubia ont toutefois réussi à entrer en contact à la prison de Roumieh avec Ziad Assouad, l’avocat qui avait été malmené jeudi à l’entrée du Palais de justice. «Ziad était dans un état critique. Il souffrait de graves contusions à la tête. Nous avons réclamé son transfert immédiat à l’hôpital, ce qui a été fait», a déclaré hier soir M. Assaf à L’Orient-Le Jour. Fadi Jreissati, un autre avocat battu, aurait eu une côte brisée. Les deux avocats ont également visité Fadi Barakat, porteur de la nationalité américaine. «C’est à ce titre que M. Barakat a reçu hier (jeudi) et aujourd’hui (vendredi) la visite du consul américain, Stephanie Kitchen», a noté Georges Assaf. Pour en revenir au conseil de l’Ordre, dont la réunion a duré près de deux heures, ses décisions ont été annoncées dans un communiqué final lu au cours d’une conférence de presse. Le conseil a d’abord exprimé sa «grande déception» des décisions du Conseil des ministres, «celles-ci n’ayant pas été à la hauteur de l’évènement». «Le conseil s’attendait à ce que l’Exécutif sanctionne les contrevenants et prenne les mesures adéquates», a déclaré le bâtonnier Michel Lyan. Les députés qui sont également avocats, présents à la réunion, se sont engagés à suivre l’affaire devant le Parlement et à informer le conseil des développements à venir. Le conseil a par ailleurs réitéré son appel aux juges, leur demandant de faire preuve d’indépendance et leur rappelant leurs responsabilités légales et nationales. «Ils sont les garants de l’État de droit et des droits fondamentaux des citoyens», a indiqué le texte du communiqué. Après avoir qualifié d’illégales les enquêtes préliminaires effectuées avec les personnes détenues, les estimant «entachées de nullité absolue», le conseil a décidé de porter plainte devant les procureurs généraux de Beyrouth et du Mont-Liban, «contre une éventuelle atteinte à la dignité et à la sécurité des avocats et des citoyens et contre la violation des lois en vigueur, dont nous avons eu une illustration dans les médias. Les membres du conseil ont d’ailleurs été témoins de ces abus», a précisé le texte du communiqué. Le bâtonnier Lyan, qui donnait lecture du communiqué, a ensuite annoncé l’une des mesures décidées par le conseil, à savoir la notification de l’Union des avocats arabes, l’Union internationale des avocats et l’Union mondiale des barreaux, «des violations graves qui ont eu lieu, dont l’atteinte à la loi régissant la profession». «Nous sommes prêts à l’escalade ; nous avons d’ailleurs envisagé d’autres mesures à prendre à l’avenir», a assuré le bâtonnier. On apprenait hier que parmi ces mesures, les participants ont considéré la possibilité de faire appel à une mission d’enquête internationale, au cas où les autorités compétentes décideraient d’entamer une procédure judiciaire à l’encontre des détenus. «Les meilleurs spécialistes seront sollicités dans le cadre de cette mission». Le conseil a enfin exhorté les autorités judiciaires à appliquer les procédures légales ainsi que les règlements régissant la profession d’avocat, et particulièrement l’article 79. Il a en outre rappelé aux autorités que le Liban est signataire de plusieurs conventions internationales, dont la convention contre la torture. Le bâtonnier a enfin annoncé qu’à partir d’aujourd’hui, le barreau de Beyrouth se met à la disposition de tous les avocats arrêtés et de toute personne qui aurait besoin d’une défense. Plusieurs avocats dont des députés, tels que Boutros Harb, Nehmetallah Abi Nasr, Antoine Ghanem, les bâtonniers Issam Karam et Jean Harb et bien d’autres se sont en outre engagés à assurer la défense des détenus. Le bâtonnier Lyan a affirmé par ailleurs : «Notre action a pour objectif de contrer les violations de la loi. Nous avons tellement reculé (sur le plan des droits de l’homme) que nous en sommes aujourd’hui à réclamer le droit à l’intégrité physique au lieu de parler de libertés. Le citoyen est menacé dans son intégrité physique. C’est ce qu’il y a de plus dangereux». Rappelant qu’il y a une inviolabilité du Palais de justice ainsi que de l’Ordre des avocats, le bâtonnier a souligné que ce principe a été bafoué. «À supposer qu’il y ait eu véritablement crime, ce n’est pas ainsi que l’on procède à l’arrestation du criminel», a-t-il fait remarquer.
Le conseil de l’Ordre des avocats a qualifié de «décevantes», les décisions du Conseil des ministres de jeudi et a dénoncé les violations graves des libertés, les arrestations illégales et la répression violente des manifestants réunis ce jour-là devant le Palais de justice. Outre la décision de porter plainte devant les procureurs généraux de Beyrouth et du...