« Ma fille se demande - si son père est un voleur… »

Fadi Barakat est avocat et membre de la commission de la défense des droits de l’homme au barreau de Beyrouth. Me Barakat a été arrêté mardi par les SR de l’armée. Les lois en vigueur assurant une protection aux avocats et interdisant l’arrestation de l’un d’entre eux sans l’accord préalable du conseil de l’Ordre n’ont pas été respectées. Il est accusé d’être un collaborateur d’Israël. Son épouse, également avocate, Me Maha Korkmaz Barakat, a indiqué hier à L’Orient-Le Jour qu’elle avait présenté une demande au procureur de la République Adnane Addoum, pour visiter son mari en prison, mais que ce dernier lui avait demandé de s’adresser au tribunal militaire. «Je me suis présentée au tribunal militaire, qui n’avait pas encore été saisi du dossier de mon mari, a-t-elle précisé. «Mon mari a été arrêté alors qu’il participait à une réunion du CPL, à Antélias, en compagnie du général Nadim Lteif», a indiqué Me Barakat. Elle a tenu à préciser qu’il s’agissait «d’une réunion hebdomadaire». «Les SR ont, à plusieurs reprises, demandé à prendre connaissance de l’ordre du jour des réunions. Ils ont même exigé de recevoir une copie du compte-rendu de la réunion», a dit Me Barakat, qui s’est étonnée de la décision des SR d’investir le bureau officiel du CPL à Antélias et d’arrêter les personnes présentes. «Ils étaient pourtant informés de toutes leurs activités», a-t-elle ajouté. Les enfants de Me Barakat, une fille et un garçon, âgés de 6 et de 4 ans, sont «traumatisés». «Ma fille se demande si son père est en prison parce qu’il est un voleur», a-t-elle indiqué. La jeune femme, qui attendait impatiemment les résolutions du conseil de l’Ordre, pouvait difficilement contenir ses larmes. Elle nous a informés que l’état de santé de son mari était critique. «Mon mari souffre d’arythmie cardiaque. Son état de santé pourrait se dégrader en prison», a-t-elle poursuivi. Elle affirme que son mari est porteur de la nationalité américaine. De nombreux contacts ont été effectués par des responsables du barreau, mais sans résultat. Désespérée, Me Barakat contacte l’ambassade américaine et l’informe de l’arrestation de son mari. Les contacts s’intensifient et on l’autorise enfin à voir son époux, «l’homme de Lahd», dixit l’officier du tribunal militaire. De retour au Palais de justice, la jeune femme est outrée. On lui aurait indiqué que son mari allait être condamné par le tribunal militaire. «Ils ne l’ont même pas interrogé», s’étonne-t-elle. En soirée, Maha était plus sereine. On lui a promis la libération prochaine de son époux.